« Tauliers » contre inspection du travail
Depuis l’assassinat des deux inspecteurs du travail à Saussignac, en Dordogne, le 2 septembre 2004 et malgré la condamnation à 30 ans de prison de l’exploitant agricole meurtrier, les violences verbales et physiques sur les agents de l’inspection du travail, loin d’être en recul, sont en constante progression. Selon Sud-Travail, souvent ce sont les contrôleuses du travail qui en sont les victimes. Sur les 1431 agents de contrôle affectés dans les sections d’inspection du travail, 58% sont des femmes. Les agressions prennent souvent la forme de violences sexistes, mais, si les tribunaux condamnent régulièrement leurs auteurs, le caractère machiste des outrages n’est pas reconnu et, hélas, très peu de condamnations font l’objet de publicité.
Sud a étudié 50 dossiers récents pour lesquels 35 jugements ont été rendus. Dans la plupart des cas, les insultes commencent dés l’entrée du contrôle inopiné. Genre, dans un chantier : « Qu’est-ce que c’est que ces bonnes femmes qui nous font chier, et en plus avec un casque ? » - « Vous ne devez pas faire un contrôle sans m’avertir » (Grenoble). - « Vous ne venez pas me faire chier, on prend la porte et basta vous dégagez » (Le Mans). - « Venir un vendredi après-midi pour nous faire chier et nous empêcher de travailler » (Lot et Garonne).
Parfois, c’est en cours de contrôle : « Vous pouvez toujours revenir tout à l’heure, cela ne sera pas fait », après constat d’un risque de chute de hauteur. - « Assez ! Foutez le camp ! » (Blois) après que la visite ait permis de constater l’état déplorable de l’hébergement des apprentis. - « La prochaine fois, j’aurai une arme» (Lorient). - « Comme l’a dit un cadre, voilà la solution pour Madame X» (la déléguée syndicale), en posant deux cartouches de chasse sur le bureau. - « Je vais l’éclater, j’ai envie, j’ai envie... » en parlant du contrôleur. - « Ça va péter dans les campagnes ! » - « Ça se prend pour un Rambo pour faire respecter la loi…Si tu continues, je te casse la gueule » (Quimper).
En faisant allusion au meurtre de Saussignac : « - C’est du bon boulot qui est arrivé ». - « Y en a un qui va repartir entre quatre planches ». « Des gens pires que la Gestapo » (injure récurrente : Dijon, Créteil, Dieppe, Bobigny) - « Taliban de l’Etat ». - « Salopards, vous êtes pour les organisations syndicales ». - « Je suce pas l’Etat, moi, je suis dans le privé ». - « Qu’est ce que vous voulez ? Connaître la couleur de mon slip ? (Il le montre) Une photo de moi en train de baiser ma femme ? ». «Foutez-moi le camp, ou je vous dégage, espèce de morue ! ». - « Ferme ta gueule salope, va faire la vaisselle ». « L’inspection du travail, j’en ai rien à foutre ». Hé oui, c’est le langage du taulier ordinaire !
C’est le Medef, le Parisot, le Béké de base.
Au fait, c’est bien au gréviste Elie Domota que le Figaro, le ministre Yves Jego, le député UMP Lefebvre et Manuel Valls reprochent d’avoir mal parlé des patrons qui ne respecteraient pas l’accord signé en Guadeloupe ?
Gérard Filoche