Municipales 2026 : préparer des listes communes
Les élections municipales approchent. Elles seront sans aucun doute décisives, car elles exprimeront le rapport de force existant entre la gauche, les droites et le RN moins d’un an avant un scrutin présidentiel à haut risque. Raison supplémentaire pour s’y intéresser dès maintenant.
Quelles que soient les évolutions de la situation politique, crise institutionnelle, crise politique, crise sociale, les élections municipales prévues en 2026 vont devenir un enjeu local et national de plus en plus important.
Ce sera un véritable test pour résister aux politiques néolibérales et à la progression de l’extrême droite. La défense des collectivités locales, services publics de proximité, est une tradition de la gauche sociale et écologiste. Particulièrement dans le contexte actuel, elle ne peut donc partir divisée, dispersée, même en affichant un semblant de volonté à se rassembler au second tour.
Résister et agir avec le NFP
La question clé pour la gauche est d’être capable de réaliser l’unité bien avant le premier tour, pour rassembler son camp et gagner au premier tour, ou au second tour dans le cas de triangulaires entre la gauche, la droite et l’extrême droite.
Faire l’union au dernier moment, avec la trop controversée « tactique du râteau », c’est-à-dire, après une campagne divisée et dans la précipitation du dépôt d’une liste de second tour, rend moins crédibles les candidatures. Cette alternance entre division sur une longue période, unité sur une courte période, révolte l’électorat de gauche et en détourne une partie des élections locales qui apparaissent d’un moindre enjeu. La division est bien une machine à écœurer des partis et de l’action publique.
Droite et RN se préparent
La droite s’appuiera sur les ressorts de l’apolitisme, de la notabilité, du féodalisme. Les « macronistes » seront pour leur part invisibilisés. Même affaiblis nationalement, les Républicains (LR) ou le Modem peuvent s’appuyer sur des positions locales parfois difficiles à bousculer sans mobilisation massive de la gauche. L’extrême droite, pour sa part, veut préparer des listes du RN et de ses alliés dans la plupart des villes de plus de 10 000 habitants. Aidés par le milliardaire catholique intégriste Pierre-Édouard Stérin et son projet « Périclès », le RN pourrait compter sur une aide logistique de 150 millions d’euros, étalée il est vrai sur dix ans (voir article suivant). Il y a bien un danger à ce que les triangulaires qui seront fort nombreuses puissent être favorables au RN si la gauche est fragmentée, divisée en 2026. Cela serait un mauvais signal pour les élections départementales et régionales qui suivraient, et évidemment pour l’élection présidentielle.
Comment l’emporter ?
Évidemment, la droite et l’extrême droite peuvent être balayées si le salariat peut être représenté par des listes d’unité s’appuyant sur des collectifs citoyens, soutenues par tous les partis de la gauche sociale et écologiste. Que ce soit dans les grandes villes comme dans les villes moyennes ou les plus petites communes, les mêmes grandes orientations peuvent fédérer les équipes municipales et permettre des listes communes dès le premier tour.
La gauche ne peut se contenter de présenter des listes sans mobiliser réellement l’ensemble des citoyens actifs, militant.es politiques adhérent.es ou pas des partis soutenant le NFP, les syndicalistes, les cadres associatifs.
L’aile droite du PS, croyant dur comme fer à la profondeur de son implantation locale, affiche son refus de faire l’unité avec la FI ou d’autres forces de gauche. Des secteurs de la FI n’envisagent que des listes d’obédience insoumise, sans avoir mené la bataille pour l’unité, et en étant littéralement obnubilés par l’élection présidentielle.
Il est l’heure de créer des collectifs unitaires « Pour des listes unies de toute la gauche aux municipales ! ». Leur articulation avec les comités du Nouveau Front populaire est à régler localement en évitant la concurrence ou la dispersion. Fédérer ceux-ci permettrait de favoriser les échanges et les expériences pour nourrir les programmes municipaux.
S’appuyer sur nos acquis
Encore une fois, les communes qui sont gérées par la gauche invalident la théorie stupide des « deux gauches irréconciliables ». Avant 2017, le PS pouvait s’appuyer sur une certaine hégémonie, mais, aujourd’hui, les municipalités ne peuvent être conservées ou gagnées qu’à la condition de démontrer la volonté de se rassembler et de se respecter.
L’expérience acquise dans la plupart des grandes villes comme dans celles de plus de 10 000 habitants constitue un socle commun pour un programme qui serait discuté, co-construit avec tous les acteurs locaux. D’une certaine manière, les listes d’union seront la déclinaison locale du programme du NFP.
Quand on évalue les politiques municipales menées par les équipes de la gauche sociale et écologiste, les convergences sont évidentes, sauf à vouloir cliver par calcul politique.
L’éducation reste le budget principal avec un périscolaire de qualité, des cantines ou des restaurants scolaires dont les tarifs sont accessibles et/ou adossés à des critères sociaux, et avec une priorité affichée au manger bio et local. Les transports sont de fait pris en charge à 80 % du coût réel ou tendent vers la gratuité, le soutien à la vie associative et à l’éducation populaire sont des priorités affirmées. Les innovations sociales comme les budgets participatifs, la solidarité et l’aide aux migrants comme la coopération décentralisée sont des marqueurs importants.
Quoi de plus simple que de réaliser un programme et des projets communs ? Sauf à vouloir attiser les passifs locaux ou être prisonniers des calculs de carrières de petits chefs de partis.
Surmonter la division
Pour les villes gérées par la gauche. Les équipes municipales sortantes sont de fait légitimées et favorisées. Mais cela n’exonère pas les maires de s’appuyer sur des processus unitaires avec des collectifs citoyens. Construire les listes de 2026 comme des listes ouvertes, plurielles dans lesquelles toutes les composantes politiques locales sont présentes ne devrait pas constituer une difficulté.
Pour les villes à gagner ou regagner par la gauche. L’unité et la démocratie sont bien les seules orientations à promouvoir. En 2020, les listes qualifiées souvent de citoyennes, solidaires, écologiques et démocratiques, mais soutenues par les partis locaux, ont connu le succès. Le Printemps marseillais en reste un exemple emblématique malgré la résistance des appareils à l’unité.
Le rassemblement doit donc être sans exclusive vis-à-vis de quelque composante que ce soit. Les collectifs citoyens ne peuvent se réduire à une unité partielle. La recherche du soutien de tous les partis et mouvements politiques commence dès maintenant !
L’adoption d’un projet commun prendra un peu de temps. La désignation d’une liste commune et surtout d’une tête de liste peuvent susciter des désaccords. Ceux-ci ne peuvent être tranchés par des états-majors, aussi clairvoyants fussent-ils. Il devrait revenir aux collectifs de décider. Cela peut se faire par un vote militant, un vote citoyen à définir au consensus. Respecter et mettre en œuvre cette démarche peut et doit créer une dynamique, un engouement de nature à balayer les listes de droite et d’extrême-droite.
Cet article de notre camarade Jean-Yves Lalanne est à retrouver dans le n°319 (novembre 24) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).