GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

À Gauche

Mais quoi ? Hollande ?

Qu’est revenu dire, François Hollande sur France inter ce matin du 28 novembre ? qu’il faut en finir avec le nouveau front populaire et revenir à un « front républicain » avec tous ceux qui se sont opposés au rassemblement national de le Pen-Bardella !

Mais quel est le sens de cette proposition ?

On sait que le « front républicain » a abouti au sursaut qui a consisté à marginaliser le RN mais au prix du fait que la gauche a davantage voté pour la droite (Darmanin, Borne…) alors que la droite n’a guère voté pour la gauche. C’était un front de sauvegarde, de sursaut, de barrage, ce n’était pas un front de programme, encore moins de gouvernement. Le « front républicain » était, de la part de la gauche, un cri de désespoir pour éviter Bardella premier ministre voulu par Macron. Mais de la part de la droite, il était brinquebalant. Certains y voyant un enjeu politique de principe les autres, en majorité, une pure affaire de circonstance car ils étaient prêts, la veille ou le lendemain, à s’allier eux-mêmes avec Bardella.

C’est que qui nous été démontré depuis quatre mois : Macron a nommé Barnier qui n’était même pas « front républicain » et qui n’a cessé de chercher ses indulgences côté RN. Darmanin, Attal ou Borne ont continué à combattre en priorité le NFP plutôt que le RN. Les prétendus alliés du front républicain penchent côté RN pas côté NFP, et ce, en dépit qu’ils doivent leur élection au NFP. En très peu de temps on aura constaté, expérimenté, vérifié, les votes des budgets étant révélateurs, qu’ils préfèrent protéger leurs amis riches et du CAC 40 de tout impôt progressif, plutôt que de rester fidèles au « front républicain ».

Ancrer, renforcer le nouveau Front populaire

C’est précisément le moment où, sur France inter, Hollande, invité une fois de plus, s’enhardit et refait du Hollande, c'est à dire appelle à la trahison : à rompre le nouveau front populaire pour faire du front républicain.

C’est là qu’il faut raisonner en classes sociales et non pas en « peuple ». Car il s’agit d’un appel à rompre un front de classe, pour le remplacer par un front de collaboration de classes. A rompre l’union de la gauche, pour la remplacer par une union avec la droite. En dépit du bon sens élémentaire puisqu’on a vu combien la droite était peu fiable.

Hollande appelle d’abord à sauver Macron et les institutions, il dit en substance « je ne veux pas de présidentielle anticipée, le contexte est trop dangereux, ce serait un chaos, et je me distingue en cela de Mélenchon qui veut le chaos, une présidentielle anticipée pour se présenter, et il perdra ». On peut opposer à Hollande que le chaos, c’est Macron et sa dissolution qui en sont responsables. Pour réussir à le chasser de l’Élysée, il faut dès à présent s’engager à gauche en faveur d’un candidat unique de la gauche sociale et écologiste.

Travailler à une candidature unique pour la présidentielle

Si la gauche est unitaire, et choisit un candidat unitaire, unique, commun, on gagnera contre tout successeur improbable de Macron, car ils sont tous discrédités dans la politique dite « de l’offre » pro-riches.

Car il y a puissamment et profondément la rage d’une alternative dans le pays, ça s’est manifesté les 30 juin et 7 juillet, en résultat différé des 14 grandes manifestations du premier trimestre 2023 contre la retraite à 64 ans, 95 % des actifs étant contre.

Alors Hollande ressort la théorie des « deux gauches » : ajoutant « même si elles ne sont pas irréconciliables ». Son choix étant encore de défendre la gauche qui collabore contre la gauche qui s’oppose. Et il soutient celle qui ferait demain de la collaboration de classe, "front républicain" contre celle qui fait aujourd'hui l'union, NFP, front de gauche.

Hypocrite, il dit : « oui, j’ai soutenu Lucie Castets » mais elle aurait démontré qu’elle n’avait pas de majorité. Dans une situation post-Barnier, il faut un gouvernement qui aurait une majorité. Selon Hollande, Macron doit rester en place jusqu’en 2027, et accepter une coalition avec la gauche, et la gauche doit rechercher une coalition avec les macronistes, Modem, etc.  Barnier c’était une coalition de fait avec le RN. Il faut le remplacer par une variante de Barnier mais « front républicain », telle est l’offre d’Hollande.

Rompre avec la politique pro business

Comment peut-on laisser croire à des millions de gens qu'on peut s'arranger avec les macronistes, bayroutistes, edouardistes etc. ? Ça fait sept ans qu'ils nous matraquent, ce n’est même pas tant Barnier qui n’a fait aucun compromis sur le budget, c’est eux ! Ce sont les Attal, les Darmanin, les Borne, les Philippe, les Retailleau. Tous leurs actes le prouvent. Ils ne veulent tout simplement pas d’impôt sur les riches ni sur les grandes sociétés ! Inutile de leur proposer des « majorités de non censure » (sic) ! Ils ne cèdent sur rien, même pas quand le RN fait mine de chercher auprès d’eux une onction en prétendant défendre le « pouvoir d‘achat ». Les budgets alternatifs NFP et les recettes défendues par Eric Coquerel à l’Assemblée nationale aboutissaient pourtant spectaculairement, à la fois à plus de social et à un déficit autour de 3% alors que le budget Barnier proposait un déficit de 5% :  on voit que ce n’est pas l’Union européenne, ni la dette ni les taux d’intérêt qui conditionnent la politique des composantes du « Front républicain », pour eux c’est un prétexte bidon, la seule chose qui les motive, c’est la défense des intérêts de leurs amis riches et de leur yachts.

Le gouvernement gauche-droite que prône Hollande serait soumis aux mêmes pressions que Barnier.

S'ił y a 2 gauches comme prétend @fhollande, la gauche qui se compromet à gouverner dans ce genre d’alliance, perdra et fera perdre le reste de la gauche, dans l’écœurement, le découragement, la confusion. Rien de pire que de refaire du Hollande, du CICE, on a déjà vu ça avec des coalitions en Italie, avec Prodi, (tant aimé par Hollande au congrès du Mans, 2005, où il faisait en même temps synthèse avec Mélenchon) ou avec Draghi, la gauche y est morte et ça a donné Meloni.

La gauche dont parle Hollande n’est pas une « gauche de gouvernement », on l’a vu, ils sont incapables de gouverner, Hollande a dû renoncer à se représenter et Valls a été balayé. Parce qu’il n’y a pas d’issue dans la collaboration de classes et la « politique de l’offre », ce qui consiste à aider les gros contre les petits, à payer les riches pour qu’ils soient un jour généreux avec les pauvres, à aider les patrons pour qu’ils fassent tellement de profits qu’ils finiront, un jour, par hausser un peu les salaires, ça ne marche jamais.

Imposer le partage des richesses

La gauche doit contraindre les riches à partager et non pas cirer leurs chaussures.

Hollande rêve d’une gauche à la "Delors". Mais il n’y a jamais eu de majorité pour ça comme l’avait constaté Delors. Même Hollande, pour être élu, pour avoir 52 %, a dû promettre de s’en prendre à « son ennemi la finance » et de faire « une tranche d’impôt à 75 % ».  Et dès qu’il a trahi ça, en moins de 20 mois, il a perdu 14 millions d’électeurs (la scandaleuse réforme Touraine incluse) et entre 2012 et 2017 il a rapetissé le PS de 180 000 membres au congrès de Toulouse à 18 000 membres au congrès d’Aubervilliers. Il n’a même pas réussi à faire voter la scélérate loi El Khomri par un seul des députés PS passant en force contre sa propre majorité en 49-3 ! Il a piétiné et divisé la gauche… pour Macron !

Et Hollande recommence donc, il propose d’éclater la gauche à nouveau pour Macron !

Il se trompe aussi sur le fait que « sa » gauche collaborationniste serait la seule à présenter un candidat en 2027 capable de gagner ! Dans le climat de rage actuelle, ce serait l'autre candidat plus à gauche qui l'emporterait au 1er tour quitte à ce qu’il perde au 2° tour !

D’où la nécessité d’un seul candidat de toute la gauche et le programme du NFP le permet.

C’est pourquoi il faut « tenir bon », ne pas capituler comme nous le propose Hollande, il n’y a qu’une issue, renforcer le nouveau front populaire, pas lui substituer le front républicain.

Et il y a une raison théorique, sociologique, profonde à cela : 90 % des actifs, nous sommes 30 millions auxquels il faut ajouter des millions « d’indépendants » qui sont souvent encore plus appauvris. Il n’y a pas besoin de « front de classes » comme dans le passé, il y a besoin d’UN front de notre classe. Clair et déterminé. Une seule classe, majoritaire est en mesure de gouverner. Un gouvernement qui veut allier des contraires ne gouverne pas. Gouverner c’est sortir de la politique de l’offre. Le gouvernement attendu c’est celui qui redistribuera enfin les immenses richesses de notre pays.

Vive l’union de toute la gauche, un seul salariat, une seule gauche !

Gérard Filoche, le 28 novembre 2024

 

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