GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Culture

Sortie de Au boulot ! Au cinéma avec Perret et Ruffin !

Le duo Perret- Ruffin, c’est une affaire qui roule depuis J’veux du soleil (2019). On le retrouve dans un documentaire intitulé Au boulot !. Entre satire sociale et réalités bien documentées, il nous livre un nouvel outil de lutte contre les riches et les pourfendeurs de la France dite des « assistés ».

Ce film est le produit d’une rencontre entre un homme, François Ruffin, revendiquant une tendresse pour et un combat permanent en faveur des petites gens, d’une part, et d’une femme, Sarah Saldmann, avocate chroniqueuse au verbe haut, qui fustige sur les chaînes d’info en continu « les glandus et les feignasses », d’autre part. Ambiance garantie…

Qu’allait-elle faire… ?

Le combat de François Ruffin est connu : la guerre contre les riches. Mieux, la guerre contre les riches, en s’appuyant sur les pauvres pour qu’elles et ils arrêtent de se tirer dans les pattes entre eux. Une réhabilitation efficace de la lutte des classes au moyen d’un outil populaire : le cinéma. Avec son acolyte Gilles Perret, il nous amène cette fois au cœur des chaînes de production agroalimentaire et des associations de distribution alimentaire, accompagné d’un personnage censé incarné la grande bourgeoisie. Disons-le d’emblée : elle n’incarne pas que ça. Elle fleure bon la méconnaissance de la vie des autres, l’éloignement des métiers manuels, le mépris de tout ce qui ne vaut pas trois Smic. Au moins.

François Ruffin va cheminer avec Sarah Saldmann, sous l’œil sceptique d’un Gilles Perret qui se serait bien passé de cette encombrante – et ô combien incongrue – compagnie, la conduisant tour à tour dans le camion d’un livreur de colis, au domicile d’un homme accompagné quotidiennement par une auxiliaire de vie, dans la rue avec des jeunes qui tirent des câbles pour alimenter les foyers en fibres… Et puis, entre autres lieux, il lui fera découvrir la fête du Secours populaire dans la Somme et un territoire zéro chômeur en Indre-et-Loire. On la suivra juchée sur un tracteur auprès d’un agriculture, un brin provoc, et éteinte, à l’arrière d’une voiture, après avoir passé une journée à mettre des maquereaux en boîte.

Premier.es de corvée

Loin de valoriser Sarah Saldmann, qui s’éclipse jusqu’à disparaître du film – et c’est tant mieux ! – le documentaire met en lumière des femmes et des hommes, épuisé.es au travail, rincé.es par un quotidien qui commence très tôt le matin pour s’achever tard le soir. Il braque le projecteur sur des métiers peu valorisés, sous-rémunérés, pourtant indispensables à la vie de toutes et tous, notamment à ces riches qui s’évertuent pourtant à les assigner à un rôle d’« assisté.es ». Ou à vanter complaisamment leur travail en « première ligne » le temps d’une pandémie pour les abandonner à leur sort une fois l’épreuve surmontée… Le film renverse cet état de fait, démontrant adroitement que les assistés, c’est cette poignée d’ultra-riches, dépendant de nos jobs, de notre force de travail, incapables de réaliser bien souvent ce qui relève du quotidien le plus prosaïque pour des millions de leurs congénères – se faire cuire un œuf compris !

Les plans sont touchants : cette femme qui cache pudiquement un sourire à la dentition abîmée ; cet homme qui raconte, sans tous les mots pour le dire, une déchéance ordinaire ; ces travailleurs qui se serrent les coudes quand l’une ou l’un d’eux craque. Partout, la solidarité, notamment dans une salle de pause à l’usine où on fume des cigarettes pour oublier la dureté des tâches et les corps malades dès quarante ans. Avec Au boulot !, on plonge dans la vie ordinaire, entre beauté des moments partagés et rudesse des parcours. On peut être tout à la fois attaché à son emploi, fier de l’exercer et conscient de ce qu’il produit de destructeur sur les corps et les esprits.

Gagner ensemble

François Ruffin porte un regard naïf qui fait du bien, sur ces vies simples Nos vies. Ce documentaire nous fait sourire et pleurer. Et puis découvrir aussi : les vies qui reprennent dans les entreprises à but d’emploi, les bénévoles qui s’épanouissent en participant à la chaîne de solidarité, les aides à domicile qui ne changeraient de profession pour rien au monde.

Bref, un film lumineux qui donne de l’espoir, et qui confère de grandes responsabilités à la gauche, et tout particulièrement à François Ruffin. Il nous invite à construire une union de la gauche solide et victorieuse, au service des travailleuses et travailleurs de ce pays, qu’ils soient en apprentissage, en activité ou privés d’emploi. Bref, un film qui invite au combat et à l’action collective. Alors, au boulot !

Cet article de notre camarade Marlène Collineau a été publié dans le n°319 (novembre 24) de Démocratie&Socialisme, la revue de la gauche démocratique et sociale (GDS).

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