Le MJS pour l'unité de la Gauche, seule voie pour gagner contre Sarkozy
Le 9e congrès du Mouvement des
Jeunes Socialistes a eu lieu du 20
au 22 novembre 2009 à Grenoble.
Y étaient conviés près de 600 camarades,
345 d’entre eux étant délégués par leur
fédération. Ce petit monde avait fort à
faire puisque le mandat de 2 ans qui s’annonce
va être à tout point de vue déterminant
pour l’organisation et, au-delà,
pour toute la gauche. De 2009 à 2011, les
rendez-vous politiques sont en effet
innombrables, des élections régionales à
la désignation du candidat socialiste pour
les présidentielles, en passant par l’organisation
des fameuses primaires…
Laurianne Deniaud, proche du courant
« Un Monde d’Avance » a été porté à la
tête du Mouvement en récoltant plus de
72 % des suffrages, tandis que Guillaume
Frasca, soutenu par la Motion 2, en obtenait
près de 38 %. Retour sur ce temps
fort de la vie de la première organisation
de jeunesse politique de France.
Le congrès d’une organisation de gauche
est fait pour que des lignes politiques différentes
s’y confrontent et que les militants
puissent in fine trancher entre elles.
Le MJS ne fait pas exception à la règle,
puisque trois motions se présentaient aux
suffrages des militants. La Motion 1
regroupait les camarades de la gauche du
parti, proches de Benoît Hamon, d’Henri
Emmanuelli, de Gérard Filoche et de
Marie-Noëlle Lienemann. Le groupe
majoritaire, « Transformer à Gauche »
(TàG), a dû laisser une place à la jeune
sensibilité « Offensive Socialiste » (OS),
courant jeune solidaire de « Démocratie
et Socialisme ». Face à une Motion 1 largement
dominante dans les instances sortantes
s’était créé un regroupement large,
la Motion 2, allant d’anciens de « Désir
d’Avenir » à des éléments de la Motion C
du parti, mais dont le centre de gravité
reste les « Jeunes Socialistes pour la
Rénovation » (JSR, proches d’Arnaud
Montebourg), associés aux jeunes fabiusiens,
aux cambadélistes et à la fédération
du Nord. Enfin, à droite de ce
rassemblement passablement hétéroclite,
se situait une motion beaucoup plus
cohérente idéologiquement : la Motion 3
associant les jeunes proches de Royal,
Hollande, Moscovici et Strauss-Kahn.
On pouvait s’attendre à ce que ce congrès
se résume à une joute entre la majorité de
gauche du MJS et la droite sociale-démocrate,
mais c’était sans compter sur la
Motion 2 dont le manque de cohérence
idéologique est compensé par l’hostilité
que ses membres vouent à la majorité de
l’organisation. L’ambiance était donc
relativement tendue, chacun dénonçant
son voisin de fraude et montant sur ses
grands chevaux à la moindre occasion.
Toutefois, nous étions loin de l’ambiance
surchauffée du congrès de Lamoura, en
2003, lors duquel la droite du MJS, incarnée
alors par les jeunes cambadélistes,
s’était littéralement révoltée contre la
nouvelle majorité de gauche qui venait
de prendre position contre le projet de
constitution européenne. En 2009, le
congrès était tendu certes, mais relativement
correct, même si l’on ne peut que
regretter l’annulation de la soirée festive
du samedi soir qui permet traditionnellement
de ressouder les rangs de l’organisation
après les âpres discussions du
jour…
Question post-congrès traditionnelle :
l’organisation est-elle plus forte avant
qu’après sa tenue ? La réponse est sans
conteste oui. Est sortie du congrès une
véritable majorité de travail que l’on
avait tenté en vain de mettre en place lors
du dernier mandat. Cette majorité associe
les camarades proches de Benoît Hamon,
ceux qui se revendiquent d’Henri
Emmanuelli et ceux de l’OS, qui faisaient à Grenoble leur entrée dans les instances
centrales du MJS. Ce bloc majoritaire
cohérent, se réclamant du marxisme
et des luttes du salariat, doit maintenant
se mettre au travail pour répondre aux
aspirations de la jeunesse, rendre coup
pour coup à la droite et mettre en avant
des propositions fortes telles que l’allocation-
autonomie.
Autre point fort, le MJS est à la pointe de
la lutte contre l’alliance avec le Modem.
Lorsqu’un jeune camarade ségoliste a
tenté de la défendre du haut de la tribune,
il n’a pas pu finir son intervention, chahuté
qu’il était par une salle ultra-majoritairement
hostile à cette position. Cette
évidente provocation et la réaction épidermique
qu’elle a fort justement suscitée
ont d’ailleurs constitué le moment le
plus chaud du congrès.
La séance du dimanche matin a finalement
été l’occasion de voter à l’unanimité
une déclaration solennelle, initiée par
l’OS, affirmant que l’unité de la gauche
était la seule issue pour qui voulait battre
Sarkozy en 2012. Muni de cette boussole
stratégique, le MJS peut aller de l’avant,
d’autant plus que la direction fourmille
d’idées pour les mois à venir.
L’organisation, qui vient de signer l’appel
des « Jeunes en Résistance », est par
exemple décidée à promouvoir par tous
les moyens le film Walter, retour en
résistance. Ce très bon documentaire
éducatif, se focalisant sur le parcours
d’un ancien résistant communiste,
constitue en effet un brûlot contre
Sarkozy et sa politique visant consciemment
à liquider les acquis démocratiques
et sociaux obtenus à la Libération, dans
l’esprit du programme du Conseil
National de la Résistance. La droite le
sait tellement qu’elle a cherché à interdire
le film à sa sortie...
Le MJS doit également être à la pointe du
mouvement pour l’élaboration du programme
de la gauche pour 2012.
Plusieurs grandes conventions thématiques
sont prévues dès 2010 afin de
nourrir la réflexion des socialistes et de
tout notre camp. Nul doute que des propositions
fortes, mises en avant par un
MJS qui se situe de plus en plus au centre
de gravité de la gauche, aura une influence
décisive sur le programme commun de
toute la gauche que nous appelons de nos
vœux !
Les camarades de l’OS, dont le groupe
politique n’a que deux ans et demi
d’existence, se félicitent de se situer au
coeur de l’organisation. Leur intégration
accrue est le fruit d’un travail de deux
ans pendant lesquels ils ont animé des
fédérations, sortie une trentaine de numéros
du bulletin Unité, publié un livre sur
l’histoire des JS, une tribune dans
L’Humanité et pris leur part à la victoire
de la Motion 1… « L’Offensive
Socialiste » fait partie de la majorité,
mais la jeune sensibilité ne s’est pas mise
d’œillères pour autant. Le MJS a en effet
de nombreux défis à relever dans les
deux ans à venir et pointer honnêtement
ses faiblesses est la première étape pour
qui veut construire sérieusement l’organisation.
La première préoccupation est de taille,
c’est la place de choix conférée, dans les
débats du congrès, aux thèmes sociétaux
par rapport aux questions strictement
sociales, malgré le vote d’une résolution
intitulée «D’abord, redistribuer les
richesses ».
Pour l’OS qui, à l’instar des camarades
de la motion 1, veut mettre le social au
coeur, les thématiques telles que la justice
ou les institutions sont importantes, mais
elles n’ont de sens qu’à être subordonnées
à une lecture de classe et à un projet
politique visant à répartir de façon radicalement
différente les richesses. Pour
parler sérieusement des juges d’instruction,
des médias ou des minorités, encore
faut-il commencer par
parler salaires, protection
sociale, temps de
travail…
A ce titre, il est révélateur
de constater
que le débat le plus
passionné du weekend
grenoblois a été
celui qui tournait
autour de « l’assistance
sexuelle aux personnes
handicapés »,
thème à propos
duquel les camarades
de l’OS avouent qu’ils n’ont aucune
« position » tranchée… La seconde faiblesse
qu’a montrée le MJS lors de son 9e
congrès est sa difficulté à définir une
ligne politique concrète. Les grands principes
ont été réaffirmés de la plus belle
des façons, mais quid des revendications
concrètes ? Le MJS s’est prononcé pour
les 32 heures, mais ne dit pas comment il
voudrait que soient réalisées et réaffirmées
les 35 heures dans un premier
temps.
Le MJS se prononce à juste titre contre la
réforme Fillon sur les retraites, mais ne
dit pas clairement comment il entend
défendre le système par répartition et la
solidarité intergénérationnelle.
Le Mouvement, fort de son analyse de la
crise, se déclare favorable à des hausses
massives de salaires, mais se tait sur la
forme de la mobilisation sociale qui permettra
de les imposer au patronat.
De nombreuses questions se posent
encore, mais nous avons deux ans devant
nous pour y répondre. Au travail, donc,
pour que le MJS soit en ordre de marche
pour peser sur le programme de la
gauche et contribuer à battre cette droite
toujours plus cynique et destructrice !