GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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Retraites : les raisons d’une plateforme commune

Un comité de liaison de la gauche sur les retraites s’est réuni, des actions communes de solidarité avec les grévistes ont été organisées avec différentes forces de gauche. Les militant.e.s de la Gauche démocratique et sociale (GDS) y ont pris toute leur place. Cela nous a amené à signer, avec douze autres formations de gauche (*), des propositions alternatives à la réforme de Macron. Ce texte rompt avec l’éparpillement de la gauche. La  signature d’une « plateforme commune des forces de gauche et écologistes » est donc une bonne nouvelle, même si le texte présente plusieurs faiblesses.

Ce texte commun est une bonne nouvelle d’abord parce qu’il s’agit d’une réponse aux aspirations de la mobilisation massive et de très longue durée contre la réforme des retraites que veut imposer Macron et que cette réponse s’inscrit en faux contre la concertation en trompe-l’œil du gouvernement et de la CFDT.

Ensuite parce que cette plateforme propose d’instaurer des «garanties collectives » pour nos retraites :

-Le maintien d’un système par répartition et à prestations définies.

-Le rejet de la capitalisation même partielle

-Le calcul de la carrière sur les 25 meilleures années ou sur les six derniers mois.

-Le refus de l’âge pivot, aujourd’hui ou demain.

-La parité de niveau de vie entre les retraités et ceux qui travaillent.

-Une retraite minimum au niveau du SMIC.

-Des mesures de bonification envisagées pour les femmes, dès le premier enfant.

-La réaffirmation du financement de la retraite par la cotisation sociale.

C’est pourquoi la Gauche démocratique et sociale a signé cette plateforme.

Cette plateforme présente néanmoins plusieurs faiblesses. S’il constitue un point d’appui pour la suite, ce texte est le fruit de compromis. Il aurait gagné à être davantage à la hauteur des revendications exprimées dans le mouvement social.

-La plateforme n’affirme pas explicitement qu’en cas de victoire de la gauche et des écologistes en 2022, la réforme d’Emmanuel Macron serait abrogée, si elle avait été votée.

-La plateforme commune ne répond pas aux aspirations des salariés des régimes spéciaux (SNCF, RATP, industries électriques et gazières, Opéra de Paris ; égoutiers…) qui sont, pourtant, le fer de lance de la mobilisation. Dans le système actuel, la réponse à la pénibilité du travail est triple : la possibilité de partir plus tôt en retraite dans les régimes spéciaux, la possibilité d’une retraite avant l’âge légal pour les catégories actives de la fonction publique (les égoutiers, les aides-soignants, les infirmières catégorie B…), le compte individuel de pénibilité dans le secteur privé. Ce compte, individualisé,  est un "emplâtre sur une jambe de bois" : un parcours du combattant pour le salarié, une « usine à gaz » pour l’employeur. La réforme de Macron essaie d’imposer un alignement vers le bas de la prise en compte de la pénibilité en imposant aux trois secteurs le compte pénibilité, réduit à six facteur au lieu des 10 fixée par la loi Touraine en 2014. La plateforme commune propose de revenir à ces 10 facteurs pour les trois secteurs. Ce serait malheureusement, là encore, un autre « cataplasme sur une jambe de bois » et un nivellement vers le bas pour les régimes spéciaux et les catégories actives de la Fonction publique. Ces régimes et ces catégories ne doivent, pourtant, en aucun cas, passer à la trappe.

-La plateforme affirme, à juste titre, que doit être garanti un droit à la retraite en bonne santé. Or, l’espérance de vie sans incapacité est aujourd’hui de 64,5 ans chez les femmes et de 63,4 ans chez les hommes. Cette réalité devrait donc être incompatible avec une autre affirmation de la plateforme : la priorité donné à l’emploi des seniors de 55 à 64 ans. Non seulement ce serait revenir sur l’âge légal actuel de la retraite (62 ans) mais ce ne serait pas tenir compte du chômage des jeunes, en mettant ces derniers en concurrence avec les seniors, entre 60 et 64 ans, pour trouver un emploi.

-La plateforme commune ne prend pas en compte la nécessité de revenir sur les réformes des retraites imposées aux salariés en 1993, 2003, 2010 2014, et notamment de revenir à la retraite à 60 ans et à 40 années de cotisation.

-La plateforme commune considère la retraite comme un « revenu socialisé du travail » mais n’en tire pas toutes les conséquences. Si ces dernières étaient tirées, la gestion de la sécurité sociale devrait revenir aux représentants des ayants-droits, élus selon le principe « un être humain, une voix ». Si ce n’est pas le cas, soit l’État mettra  la main sur ce revenu socialisé (c’est l’un des objectifs de la réforme Macron), soit le « paritarisme » donnera la majorité à une coalition MEDEF-CFDT.

(*) Ensemble, Europe écologie les verts, Gauche démocratique et sociale, Gauche républicaine et socialiste, Génération.s, Les Radicaux de gauche, Nouvelle Donne, Parti communiste français, Parti socialiste, Place publique, Pour une écologie populaire et sociale, République et socialisme, Union des démocrates et écologistes.

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