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Pour des réponses de gauche à l’insécurité

La droite veut privatiser la RATP, ouvrir les TER à la concurrence, elle n’en parle pas pour ces élections régionales. Le transport de proximité est pourtant une des compétences principales des Conseils régionaux. Tout comme l’extrême-droite, elle préfère parler de sécurité qui n’est pas du ressort de la Région. D’ailleurs une décision du tribunal administratif de Marseille en 2019 avait annulé pour incompétence la délibération de la Région prévoyant une subvention aux polices municipales (1). Pourtant on voit fleurir cette proposition d’aide à l’équipement des polices municipales dans les programmes régionaux de la droite.

Face aux carences de l’Etat qui a en charge la police nationale, de nombreuses communes se sont dotées de polices municipales en mettant en avant une volonté de proximité abandonnée notamment depuis Sarkozy. Puis certaines ont développé la vidéosurveillance, même rebaptisée vidée-protection, ses effets sont limités. Nice est une des villes les plus dotées de caméras, cela n’a nullement empêché l’horrible attentat du 14 juillet 2016. Peu importe pour la droite, tout est bon pour accentuer le climat anxiogène. Les faits divers tragiques sont l’occasion pour les droites (LREM, LR et RN) à de la surenchère électorale (et législative).

La sécurité n’est pas qu’une affaire de police

Oui la sécurité des personnes est un droit. Le législateur l’a affirmé à plusieurs reprises « l’Etat a le devoir d’assurer la sécurité ».  Quelles qu’en soit les racines, quelles qu’en soient les explications (expliquer ce n’est pas excuser), les violences aux personnes ne sont pas acceptables : tout un chacun a le droit, par exemple, de se promener librement dans n’importe quel endroit d’une ville à n’importe quelle heure sans être inquiété, que l’on soit femme ou homme. Une politique de prévention et d’éducation est nécessaire. Elle demande des moyens, elle en manque cruellement.

Pour une police de la tranquillité publique : des agents de la paix

Le vrai sujet n’est pas l’armement des policiers municipaux (2), mais en tout premier lieu celui d’une police nationale, dotée des moyens nécessaires, formée et diversifiée dans ses approches : une police de  proximité, comme  une police d’investigation. On en est loin et le modèle aujourd’hui mis en avant est essentiellement celui d’une police de répression. La délinquance due au trafic de cannabis pourrit aussi la vie de nombreux quartiers. La France est le pays le plus répressif et compte pourtant le plus grand nombre de consommateurs. Ouvrir le débat sur sa légalisation ne doit plus être tabou tout comme la lutte contre le tabagisme n’exclut pas la vente légale du tabac. Il y aussi la question de la psychiatrie, un domaine de la santé très mal doté et qui fait face à un nombre croissant de personnes en détresse. Or nombre de forcenés présentent des troubles psychiatriques.

L’insécurité est d’abord sociale

La gauche ne doit pas s’en tenir à l’aspect sécuritaire du mot sécurité. C’est dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 qu’apparaît le mot « sécurité » à deux reprises. Notamment à l’article 22 : « Toute personne, en tant que membre de la société a droit à la sécurité sociale… », le terme « sécurité sociale » étant entendu dans son sens général, c’est-à-dire « la satisfaction des droits économiques sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité…». Or nous vivons dans une société où le chômage de masse est une réalité depuis près de 40 ans du fait des politiques néo-libérales (3). « L’insécurité commence avec le chômage et la précarité, l’abandon des cités, la disparition des services publics. La réduire aux faits divers, c’est se condamner à entrer dans une surenchère répressive qui coûtera beaucoup de vies à des policiers et à des gamins égarés » (4).

Contre l’insécurité, la question sociale est la priorité

La question prioritaire reste donc la question sociale. Lutter pour l’augmentation des salaires (ce n’est pas Le Pen qui augmentera le Smic), pour l’égalité et contre les discriminations, c’est tout à la fois lutter contre les injustices sociales et contre les violences qu’elles engendrent. C’est aussi démontrer que les réponses de l’extrême-droite ne font qu’aggraver dangereusement les tensions. C’est tout cela que la gauche doit mettre en avant en manifestant dans l’unité le 12 juin « pour les libertés et contre les idées d'extrême-droite ».

(1) Antony Torzec Médiacités 27 mai 2021

(2) L’agresseur de la policière municipale à la Chapelle-sur-Erdre a d’ailleurs tiré sur des gendarmes avec l’arme dérobée à cette policière

(3) Benoît Collombat,  « Le choix du chômage » (sous-titre « De Pompidou à Macron, enquête sur les racines de la violence économique ») Edition Futuropolis

(4) Denis Sieffert Politis 26 mai 2021

Débat en ligne samedi 5 juin à 17h "Discriminations : quelles réalités aujourd'hui ?"

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