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Langues régionales : contre la censure du Conseil constitutionnel

Nous reproduisons ici la prise de parole de notre camarade Jean-Yves Lalanne, membre de la Gauche démocratique et sociale (GDS) et maire de Billère (64) lors du rassemblement qui a eu lieu à Pau samedi 29 mai.

Adishatz a tots.

Le droit à l’enseignement des langues régionales devrait être un droit reconnu, notamment par la constitution, mais son article 2 a été utilisé comme une bombe à retardement. Mal écrit, il a déjà été utilisé pour empêcher la ratification de la charte européenne des langues régionales.

Cette censure est clairement un retour en arrière de plusieurs décennies.

Elle a été possible par une saisine de 61 députés de la majorité et aussi par l’intervention du ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer.

Cela doit être rappelé pour empêcher de nouvelles manœuvres contre des solutions que nous devons porter ensemble.

Dès aujourd’hui la décision du conseil constitutionnel est une épée de Damoclès sur toutes les écoles associatives et sur l’enseignement public bilingue. Si des recours étaient engagés, les classes bilingues seraient elles fermées ? les calendretas ne seraient plus aidées ? cela pourrait être un prétexte pour des collectivités de ne plus financer directement ou indirectement ?

Depuis 1979, avec la création de la première Calendreta dans notre Béarn l’intérêt pédagogique de l’enseignement en immersion est prouvé. Ces associations se sont développées pour faire face aux carences de l’Education Nationale refusant l'enseignement des langues régionales qui devrait être une mission de service public avec des classes bilingues dans les écoles publiques. Savez-vous que seulement 10 enseignants pour les écoles bilingues sont actuellement en formation au niveau de l’Aquitaine ? Il faudra évidemment plus de moyens pour l’enseignement des langues régionales comme il faut plus de moyens pour l’Education Nationale.

Il est de la responsabilité du gouvernement de donner les moyens aux collectivités territoriales de transmettre et faire vivre leur patrimoine linguiste qui font la richesse de notre pays et de son histoire.

A Billère nous avons voté par anticipation un financement des écoles calendretas persuadés que la loi Molac serait appliquée. Cette loi permet de dissocier ce financement de celui des écoles privées confessionnelles et constituait de ce point de vue une avancée juridique essentielle à la survie et au développement des calandretas dans les années à venir.

Concrètement le forfait scolaire est de 913 euros par an et le nombre d’enfants est de 14. Ces 13 800 euros seront versées aux calendretas de Pau, Lescar et Artix. C’est supportable financièrement et nécessaire sur les plans démocratique et politique.

J’appelle mes collègues élus à faire de même pour résister à la décision du conseil constitutionnel, à ne pas nous soumettre à ce putsch administratif qui nie le vote du parlement. Au-delà de nos paroles, il faut des actes, des actions.

Des parlementaires pourraient voter un nouveau texte de loi court qui réintroduirait les articles censurés. C’est possible, s’il y a une volonté politique et que l’on ne s’embarrasse pas de questions de règlement et de procédure puisque le débat et le vote ont déjà eu lieu avec la loi Molac. Certes la modification de l’article 2 ou même le changement de constitution pour une nouvelle république sociale, fédérale, démocratique est nécessaire mais … ce sera un peu plus long à obtenir.

Notre rassemblement ne doit pas être sans lendemain, c’est pourquoi nous proposons de créer des collectifs unitaires en défense des langues régionales, soutenus par les associations, les mouvements politiques, les élu.e.s, pour agir et faire pression sur le gouvernement et sur le ministère de l’Education.

Ci-dessous discours de Jean-Yves Lalanne, Maire de Billère, lors de la manifestation en faveur des langues régionales, organisée le samedi 29 mai 2021 à Pau.

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