Depuis six ans, la droite a géré les Pays de la Loire au fil de l’eau, distribuant des subventions aux entreprises sans réelles contreparties et aux collectivités locales sans exigences. Six ans de « faux pragmatisme », mais de « réelle idéologie » de droite.

La dimension idéologique de la majorité régionale sortante, qui se retrouve notamment dans sa volonté d’ouvrir à la concurrence le transport ferroviaire, a déconnecté l’institution régionale des citoyens, mais a répondu aux attentes du Medef et de la FNSEA. Il est temps de mettre fin à cette parenthèse réactionnaire.

La gauche doit gagner

Elle doit gagner pour rapprocher la région des habitants, pour devenir une collectivité de la proximité, de la réponse aux attentes, bref un réel service public au bénéfice de tous et en tout point du territoire. La gauche ne peut gagner émiettée. C’est pourquoi nous avons souhaité que des convergences puissent être dessinées entre l’ensemble de celles et ceux qui veulent battre la droite, qu’elle soit incarnée par Les Républicains ou LREM¹. La Gauche démocratique et sociale (GDS) a ouvert des discussions avec tous les partis politiques se réclamant de la gauche et de l’écologie dès le mois de septembre, en premier lieu EELV, LFI, le PS et le PCF.

Un obstacle s’est immédiatement présenté : la décision prise par EELV dès l’été 2020 de confier à Mathieu Orphelin la tête de sa liste. Nous avons tout de suite affirmé l’impossibilité de voir Matthieu Orphelin prendre la tête du rassemblement, au regard de son parcours politique récent. Vice-président (EELV) de la région (alors présidée par la gauche) de 2009 à 2015, il a été un des tout premiers (en 2016) à rejoindre Macron, et, en tant que député macroniste, il a voté la fin de l’ISF, l’ouverture à la concurrence des TER…

Les militants de Génération.s de Loire-Atlantique ont pris la même position que la GDS (à l’inverse de Génération.s du Maine-et-Loire). La direction nationale de Génération.s a « suspendu » ses militants de Loire-Atlantique. Après plusieurs mois d’hésitation (liste autonome ou alliance), la France insoumise a rallié la liste Orphelin, sans vote de ses militants, par réalisme électoral (crainte de ne pas atteindre les 5 %, et volonté d’avoir des élus régionaux). Ce choix crée des remous au sein même de la FI.

Le Printemps des Pays de la Loire

Nous avons signé l’appel « Pour un printemps des Pays de la Loire », initié par le député socialiste Guillaume Garot (de la Mayenne), car sa dynamique nous a semblé la plus rassembleuse. Des militants issus de onze formations politiques y participent : GDS, Génération.s 44, GRS, PCF, Place publique, Nouvelle donne, PRG, PS, LEF, UDB², Cap Écologie. Nous avons porté auprès de Guillaume Garot, trois exigences :

- protéger les emplois avec une conditionnalité des aides aux entreprises : sociale (avec notamment la préservation et la création d’emplois, la reconnaissance de la place des salariés et de leurs représentants), environnementale (impact sanitaire et environnemental des activités), sans oublier l’exemplarité fiscale ;

- défendre le service public en renforçant sa place dans le quotidien des habitants : refus de l’ouverture des TER à la concurrence ; marche vers la gratuité des transports en commun du quotidien ; soutien renforcé aux lycées publics ;

- aménager le territoire en incluant les besoins d’accès à la prévention et aux soins : ouverture de centres avec des médecins salariés là où il en manque ; valorisation des métiers du soin auprès des jeunes en formation ; schéma régional de santé environnementale.

Les premières mesures annoncées par la liste « Printemps des Pays de la Loire » vont dans le bon sens. Nous pensons notamment au refus de l’ouverture à la concurrence des TER (et donc pour une convention de dix ans avec l’opérateur public SNCF), à la gratuité des TER pour les 18-25 ans, ou encore au plan d’embauche de 150 médecins généralistes et d’infirmiers salariés par la région. La question des « déserts médicaux » est en effet cruciale dans de nombreux secteurs ruraux, mais aussi dans certaines grandes villes (Nantes, Le Mans…).

Cet article de notre camarade Éric Thouzeau a été publié dans le numéro 285 de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

1. François de Rugy, ex-EELV mais toujours macroniste, se présente pour LREM.
2. A contrario, l’Union démocratique bretonne est dans la région Bretagne en alliance avec EELV.