GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Syndicats

Oui au rassemblement du syndicalisme dans le monde et... en France !

Cette tribune libre est parue dans le journal " l'Humanité " du 24 novembre 2006. Nous la reproduisons avec l'accord de son auteur, Patrick Brody. Patrick est militant à la CGT. Il y explique pourquoi il est indispensable que le panorama syndical évolue.

Lors du mouvement contre le Cpe du printemps dernier, les syndicats ont su - une fois n'est pas coutume s'unir et lutter ensemble. Tout le monde reconnaît aujourd'hui que c'est sans doute grâce à cette unité sans faille que la victoire et le retrait du Cpe a pu être obtenu. Pourtant, il ne semble pas que ce nécessaire rassemblement du syndicalisme soit encore à l'ordre du jour...

Alors que, l'éclatement, la dispersion, la division s'étalent devant le salariat de notre pays pour le plus grand bonheur du Medef. Certains s'y résolvent voyant dans l'histoire les justifications ad vitam æternam de cet éparpillement. Pourtant, chacun s'accorde à dire qu'il faut mesurer réellement la représentativité de chaque syndicat et que par conséquent la notion d'irréfragabilité est dépassée ainsi que l'arrêté du 31 mars 1966.

Malheureusement, cela ne semble pas, vraiment aboutir à une prise de conscience de la nécessité de militer pour ce rassemblement souhaité par les salariés, nécessaire et indispensable afin de crédibiliser le syndicalisme et sa place dans la société. Car si l'histoire a effectivement produit cette dispersion et rendu bien souvent l'unité syndicale difficile, voire impossible, reconnaissons que depuis la chute du mur de Berlin, bien des choses ont changé !

L'heure du rassemblement et de la syndicalisation

D'ailleurs, paradoxe des paradoxes, alors que les syndicats français sont ensemble dans la Confédération européenne des syndicats, qu'ils militent pour la réunification au niveau mondial, ils ont les pires difficultés à agir ensemble en France. Disons-le tout net, il n'est plus supportable, alors que tous les syndicats ont coupé les cordons ombilicaux qui les liaient aux partis de la gauche française se partagent les à peine 9 % de syndiqués (moins de 5 % dans le privé), mais qu'au contraire le nombre d'appareils augmentent si bien que les salariés ont bien du mal à saisir l'offre différente que présentent les uns et les autres. Vraiment, l'heure ne devrait pas être celle de l'éparpillement, mais bien celui du rassemblement, de la syndicalisation, car c'est évident, le problème numéro un du mouvement syndical français, c'est celui de son manque de syndiqués, de son nombre d'adhérents beaucoup trop faible notamment dans le privé, permettant ainsi au patronat de régner sans partage.

La belle idée de sécurité sociale professionnelles portée par la CGT aura du mal à se développer et à irriguer les salariés du privé si le syndicalisme ne s'y implante pas. De la même façon, comment lutter efficacement contre la précarité, la souffrance au travail et donc la faire reculer, si on n'assiste pas dans les années qui viennent à un renforcement significatif du syndicalisme dans des secteurs entiers du salariat qui restent malheureusement sans représentation syndicale, donc sans contre-pouvoir.

Aujourd'hui, devant les enjeux, il est indispensable que le panorama syndical bouge, évolue. Dès lors, ne peut-on ou pas envisager enfin de dépasser nos querelles historiques datées ? Pour exemples : La scission de 1947 entre la Cgt et Fo est-elle encore efficiente ? La Fsu ne pourrait-elle pas envisager de rejoindre en tant que fédération nationale une confédération interprofessionnelle ? Dans ce cadre, la Fsu et la Cgt n'ont-elles pas des responsabilités particulières ? L'Unsa et le groupe des 10 n'ont-elles pour ambition que de grignoter du terrain sur les autres organisations en attendant leur confédéralisation ?.

Le syndicalisme du 21e siècle :

On peut rétorquer que ce qui est envisagé ici est irréaliste, mais en même temps est-ce bien raisonnable de ne rien faire, de laisser l'éparpillement de nos forces sans réagir, sans ne rien proposer ? N'est-il pas souhaitable qu'il y ait enfin un sursaut qui nous amène à faire bouger les choses en reposant l'immobilisme actuel qui nous affaiblit collectivement. Oui, oeuvrons toutes et tous pour mettre en place des processus concrets de rassemblement. Ne doutons pas que cela serait apprécié par les salariés et crédibiliserait l'ensemble du mouvement syndical.

Construire le syndicalisme du 21ème siècle : un syndicalisme qui lutte, revendique, propose, négocie, un syndicalisme qui s'appuie certes sur ses valeurs et ses racines, riches et plurielles, mais un syndicalisme qui sait aussi dépasser ses querelles, ses logiques partisanes pour répondre avec efficacité aux préoccupations du salariat d'aujourd'hui, tel qu'il est. Sachons relever ce défi. Tous ensemble, c'est possible !

Patrick Brody

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