GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Hugo Chavez réélu à 61%

Début décembre, le président “bolivarien” du Venezuela, Hugo Chavez, a été réélu à la tête de son pays avec plus de 61% des suffrages. Ce succès électoral incontestable - le 11e ! - a confirmé la vitalité et la popularité persistante de la politique conduite par Chavez en faveur des couches populaires et des laissés pour compte du système capitaliste.

A la tête du Venezuela depuis 1998, vainqueur de toutes les échéances électorales, résistant à un coup d'Etat soutenu et financé par les Etats-Unis en avril 2002 puis à une grève patronale qui a plongé le pays dans la crise début 2003, puis à une entreprise de pétitions et à un referendum " d'empeachment ", ce processus bolivarien est une victoire de la gauche, de toute la gauche !

En effet, ce projet de refondation démocratique et de redistribution des richesses constitue un véritable laboratoire pour les internationalistes convaincus que nous sommes. Depuis 7 ans Hugo Chavez a su utiliser avec brio la manne pétrolière de son pays pour la mettre au service du peuple vénézuélien trop longtemps spolié de cette ressource naturelle qui lui appartient pleinement.

Devant l'abandon et le désinvestissement dans les services publics de base, le gouvernement Chavez a mis en place avec succès des missions pour lutter contre l'analphabétisme - aujourd'hui éradiqué au Venezuela selon les derniers chiffres de l'Unesco - ou pour apporter des soins dans les quartiers populaires avec l'aide précieuse des médecins cubains. Des dispositions ont également été prises pour partager la terre plus justement ainsi que pour protéger les petits pécheurs. Cette politique ambitieuse démontre chaque jour qu'il n'y a pas de fatalité, que la volonté politique appuyée sur une société mobilisée peut ouvrir un autre chemin que ceux tracés par le Fmi, l'Omc et la Banque Mondiale. Aujourd'hui grâce à ces missions, la pauvreté recule passant de 62 % de la population à 40 % - selon les chiffres officiels de l'Ine (institut de statistiques vénézuélien).

Le petit peuple des barrios (quartiers populaires) l'a d'ailleurs bien compris en se mobilisant massivement, dans la rue comme dans les urnes, contre les tentatives de déstabilisation de l'opposition, bras armé de l'impérialisme nord américain. Les classes populaires ne veulent pas d'un retour à l'ancien régime honni et corrompu qui a prévalu de 1958 à 1999.

Désemparée par ce nouveau succès de Chavez, l'opposition peine à offrir un visage uni et louvoie sans cesse entre une stratégie putschiste (comme en 2002-2003) et une image plus légaliste comme ces derniers mois....Ces deux tentatives s'étant toutes deux soldées par un cuisant échec, elle en est maintenant réduit à dénoncer le " castro-communisme " du Président Chavez. Cependant la presse et les télés restent entièrement privées, et en grande partie entre les mains de l'opposition, il n'y a aucun prisonnier politique au Venezuela et les auteurs du coup d'Etat de 2002 (notamment le président du patronat, putchiste en chef, Pedro Carmona) n'ont même pas été condamnés.

Désormais réélu pour 6 ans, majoritaire au Parlement, Chavez a l'initiative pour approfondir ses réformes économiques et sociales et mettre en œuvre ce qu'il nomme " le socialisme du XXI° siècle et construire sur les ruines du stalinisme et les insuffisances sociales-libérales un nouveau projet internationaliste, progressiste et démocratique.

Pour Hugo Chavez et son gouvernement des difficultés demeurent cependant : approfondir sa politique sociale, lutter contre la corruption, ne pas se couper de ses alliés progressistes continentaux, éviter une bureaucratisation, contrecarrer une trop grande personnalisation du pouvoir et structurer un parti politique digne de ce nom capable de promouvoir et de relayer ses réformes. Chavez devra être à la hauteur des attentes placées dans son " processus bolivarien " et ne pas décevoir les pauvres et les classes populaires qui l'ont réélue massivement !

Au-delà du Venezuela, c'est toute l'Amérique latine, " continent rebelle ", hier laboratoire des politiques libérales du Fmi dans les années 80 et 90, qui montre aujourd'hui la voie du succès à la gauche internationale. Avec Chavez, Lula au Brésil, Morales en Bolivie, Kirchner en Argentine, Bachelet au Chili, Daniel Ortega au Nicaragua et des progressistes en Equateur vont dans le même sens et s'appuient sur une même dynamique politique et sociale : lien avec les mobilisations populaires, ré appropriation sociale des ressources naturelles, justice sociale et primat de l'humain sur les marchés financiers.

Cette gauche latino-américaine, porte l'ambition d'un continent enfin maître de son destin et débarrassé de l'ombre persistante de " l'aigle des yankees " (Pablo Neruda). C'est bien cela qui est en jeu en définitive : sur ce continent que Bolivar avait rêvé d'unir au début du XIX° siècle, les forces progressistes sont en train de faire échouer le projet de ZLEA voulu par Bush. Les Etats-Unis rêvent en effet d'une vaste zone de libre-échange allant de l'Alaska à la Terre de Feu afin d'étendre leur domination impérialiste sur tout le continent. C'est bien pour cette raison que l'administration américaine surveille comme le lait sur le feu les progrès d'une gauche qui prend appui sur le rejet populaire de masse des politiques antisociales conduites depuis 30 ans.

La réélection d'Hugo Chavez est donc décisive pour tous ceux qui pensent qu'un monde débarrassé de l'exploitation capitaliste est possible, pour tous ceux qui pensent qu'une " lueur d'espoir s'est levée " en Amérique latine et qui souhaitent se battre pour l'unité de TOUTE la gauche, camp des pauvres et des travailleurs, pour changer la vie dans le monde, en Europe et en France...

Julien Guérin


Pour en savoir en plus: lire Maurice Lemoine, "Le Venezuela de Chavez" et "Chavez Présidente!"

Et le dossier du Monde Diplomatique : "Amérique Latine rebelle" (collection Manières de voir)

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