GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Féminisme

L’extrême droite n’aime pas les femmes

On ne le dit pas suffisamment : l’extrême droite méprise les femmes. Toutes. L’apparition du « phénomène » Zemmour n’invalide pas cette maxime, mais invite à la compléter. Toute l’extrême droite méprise et déteste toutes les femmes.

Certes, elle méprise certaines femmes davantage que d’autres : les femmes qui ne sont pas françaises, les femmes qui sont françaises sans être blanches, les femmes qui vivent avec une femme, les femme blanches qui ont un enfant qui n’est pas tout à fait blanc, les femmes qui ne peuvent ou ne souhaitent pas avoir d’enfant, les femmes qui veulent décider de leur vie, etc. La liste serait trop longue… Toutes ces femmes, et beaucoup d’autres, sont entièrement méprisées par l’extrême droite.

Deux méthodes, un objectif

Certes Éric Zemmour et Marine Le Pen n’ont pas le même style pour parler de celles-ci. Le propos de Zemmour transpire la haine et le mépris des femmes ; Marine Le Pen, elle, a choisi d’adopter la posture d’une femme moderne et de peaufiner ainsi sa stratégie de dédiabolisation pour séduire cette partie de l’électorat qui encore lui manque.

Mais, si leur expression est plus ou moins brutale, les programmes de l’un comme de l’autre constituent une attaque frontale contre les droits des femmes.

Le sexisme est structurel de l’idéologie et des fondements d’extrême droite : idéal d’une société « naturellement hiérarchisée », aux fonctions sociales prédéfinies dont la famille est le pilier. Xénophobie et racisme, homophobie, sexisme, sont étroitement imbriqués pour définir cet ordre où l’homme domine, par droit naturel et intangible, voire par droit divin.

La femme au foyer, encore et toujours !

Le rôle des femmes est toujours et d’abord celui d’être les gardiennes du foyer.

Ainsi, Marine Le Pen a relooké le concept de « salaire maternel » en « revenu parental » : 80 % du Smic pendant trois ans pour (dès) le deuxième enfant. Elle se défend de vouloir faire revenir les femmes à la maison, mais concède qu’« il y a probablement plus de femmes que d’hommes qui voudront en profiter. Après, c’est une affaire de choix dans le couple », puis ne peut masquer que c’est bien aux femmes que s’adresse sa volonté de donner « un véritable statut, un revenu et un droit à la retraite à la femme qui choisit de s’occuper de ses enfants » (interview dans Elle).

Pour elle comme pour l’extrême droite la plus dure, le concept de « Droits des femmes » sert en tout premier lieu à mener leur croisade xénophobe et islamophobe. Les trois lignes de son programme intitulées « Défendre les droits des femmes » commencent par ces mots : « Lutter contre l’islamisme qui fait reculer leurs libertés fondamentales »…

Mais Marine Le Pen sait que si seules les femmes avaient voté en 2017, elle n’aurait pas été présente au deuxième tour de l’élection présidentielle, sans doute une des raisons pour lesquelles elle n’aborde plus les sujets sur lesquels elle sait qu’elle perdrait des points notamment l’IVG .

Zemmour ou la culture du viol

Éric Zemmour lui ne pourra effacer 25 années de propos sexistes, misogynes, haineux, baveux, insupportables. Ses équipes de campagne essaient de travailler les effets de mise en scène de ses meetings en faisant monter des femmes sur la tribune, mais lui s’avère absolument incapable ne serait-ce que de s’adresser à elles, de les considérer comme des personnes douées de raison… et de vote.

Tout ce qu’il a développé sur sa vision des femmes montre l’incroyable danger qu’il représenterait.

Aucune femme ne peut désirer vivre dans la nostalgie « d’une société traditionnelle, dominée par les valeurs masculines, [où] la femme souffre sans comprendre, mais accepte son sort, son destin ».

Lutte contre les violences faites aux femmes, droit au travail et accès à tous les métiers, égalité salariale, droit à disposer de son corps, droit à l’IVG, parité, mariage pour tous, partage des responsabilités parentales, partage des tâches domestiques, mixité à l’école ... quels que soient les sujets ce n’est que mépris et volonté de régression inimaginable.

Son essai Le premier sexe, publié en 2006, constitue une belle démonstration de promotion de ce qu’on appelle la culture du viol. Dans ce « traité de savoir-vivre viril à l’usage de jeunes générations féminisées », il affirme (parmi tant d’autres inepties) que « la virilité va de pair avec la violence » et que, « l’homme est un prédateur sexuel, un conquérant », ou encore qu’« un garçon, ça va, ça vient ; un garçon, ça entreprend, ça assaille et ça conquiert, ça couche sans aimer, pour le plaisir et pas pour la vie ».

Rappelons ici que Zemmour est accusé par plusieurs femmes d’agression sexuelle.

Marine Le Pen ou Éric Zemmour… Nous devons combattre les idées et le venin haineux de l’un et l’autre, notamment lorsqu’ils portent atteinte aux droits et à la dignité des femmes.

Cet article de notre camarade Claude Touchefeu est à retrouver dans le numéro 291 (janvier 2022) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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