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Les vacances : un droit pour toutes et tous !

Les camarades de Picardie debout, la formation politique lancée par notre ami François Ruffin, ont voulu revenir  sur les inégalités d’accès aux vacances, mais aussi sur les moyens qu’ils préconisent pour les combattre. C’est bien volontiers que nous leur donnons la parole.

Les vacances : ce moment que l’on attend avec impatience, et qui arrive à point nommé pour toutes celles et ceux qui ont beaucoup donné toute l’année. Les évoquer, c’est aussi l’occasion de penser à toutes celles et tous ceux, privés d’emploi, pour qui il n’y a pas de congés payés, et aux plus précaires d’entre nous qui se voient contraints de poursuivre leur besogne. Celles et ceux qui œuvrent aussi, pendant l’été, à ce que les touristes passent de bons moments en France, à ce que les jeunes s’épanouissent dans les centres de loisirs, à ce que nos anciens ne souffrent pas trop des fortes chaleurs… On leur souhaite de pouvoir trouver eux aussi un temps de repos, même s’il sera en décalage avec le calendrier scolaire.

Vacanciers = privilégiés ?

Les vacances ! Le réconfort après l’effort. Quand on sort fatigué de la crise Covid, que la guerre en Ukraine inquiète, quand l’inflation nous contraint, il nous semble que le rôle du politique est d’amener de l’apaisement, de la sérénité, de se demander comment on fait pour apporter un peu de bonheur aux gens, pour que tous les habitants de notre pays soient plus heureux. La société, fracturée politiquement en trois blocs – un de gauche, un libéral et un d’extrême droite –, a besoin d’être raccommodée, réparée, réconciliée.

Mais face à ça, qu’ont-ils fait, en haut ? Repousser l’âge de départ à la retraite de deux ans pour celles et ceux qui donnent déjà tout pour que ce pays se tienne debout, pour que, par exemple, les hôpitaux continuent de soigner et les écoles d’éduquer. Pour quoi faire alors ? Pour qu’une économie budgétaire minable (0,1 % du PIB) repose sur les plus fragiles, pendant qu’en haut ils se gavent. Pour nous enfermer un peu plus encore dans leur mantra « croissance, concurrence, compétitivité ». Les salariés attendaient reconnaissance et revalorisation ; ils reçoivent mépris et déclassement.

Les vacances ! « Avant je partais, maintenant je ne peux plus. » « Quand j’étais gamin, avec le salaire d’ouvrier de mon père, on partait à la mer ; aujourd’hui, avec deux salaires, on ne peut plus offrir de vacances à nos enfants. » Un impensé nous saute aux yeux : 40 % des Français.es ne partiront pas cet été en vacances, 69 % des bas salaires, trois millions d’enfants ! Maintenant qu’on a ces chiffres, que fait-on ? On continue de laisser faire le marché, ou on organise une politique publique des vacances ? Pas une nationalisation des vacances, mais une impulsion. L’État facilitateur. On incite les Français en contraignant par la loi.

Partir sans entraves

Le transport est le premier poste de dépenses des vacances… Organisons la gratuité d’un péage aller-retour pour chaque foyer par les sociétés autoroutières qui se gavent de dividendes. Garantissons un billet de TGV aller-retour à 29 euros, une carte TER illimité à 29 euros, on limite par la même occasion les émissions de CO2, on encourage les gens à privilégier le train, à l’aimer, tout en les invitant à voyager régulièrement.

Pour les enfants, proposons un « pass colo » pour avoir la certitude que, durant leur scolarité, les enfants partent au moins trois fois quinze jours à la mer ou à la montagne, à la campagne ou à la ville. Qu’ils décrochent des écrans, qu’ils s’épanouissent avec les autres en vivant des expériences nouvelles dans la joie et le bonheur des vacances.

Que le temps de l’été ne rime plus avec le temps des inégalités, avec des familles qui partent systématiquement et d’autres assignées à résidence. Comment aimer notre pays lorsqu’on ne l’a pas visité, qu’on ne le connaît pas ? Nous avons un des plus beaux pays du monde, une telle variété de paysages incroyables sur un si petit territoire, c’est un luxe que l’on doit rendre accessible. Sortir des tours des banlieues périphériques ou des bourgs de nos campagnes, voilà le rôle de la puissance publique. Avec un impact positif certain sur le tourisme, on peut parier que cela aura aussi, et c’est peut-être là le plus important, un impact sur le bien-être, la santé mentale et le bonheur. Vive les vacances pour toutes et tous !

Cette tribune de Guillaume Ancelet, président de Picardie Debout !, a été publiée dans le numéro 306 (été  2023) de démocratie&Socialisme, la revue de la gauche démocratique et sociale (GDS).

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