GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Jeunes

Le G 20 donne quitus au système capitaliste !

On nous l’avait annoncé comme une rencontre « historique » et qui aller permettre l’avènement d’un « nouvel ordre mondial » de la finance. Un second « Brettons Wood » du nom de la conférence internationale qui, en 1944, avait mis sur pied un nouveau système monétaire international. Les 20 chefs d’Etats les plus industrialisés, les gothas de la finance, ainsi que les directeurs généraux des institutions internationales (FMI, ONU, Banque mondiale…), réunis à Londres le 1er et 2 avril, y sont tous allés de leurs couplets plus osés les uns que les autres : du « jamais vu » et plus que ce qu’il n’en espérait pour Bling Bling, une rencontre « exceptionnelle » pour Merkel, un sommet « historique » pour Brown…

Si dans la forme, ce fut une rencontre nécessaire ; cependant, dans le fond, qu’est-ce que cela changera à un système capitaliste qui ne cesse de provoquer chaque jour des licenciements boursier et abusif, des aberrations de patrons délinquants qui bafouent et piétinent l’ordre public social ? Qu’est-ce que le G 20 va changer pour les millions de salariés et leurs familles qui voient du jour au lendemain leur situation devenir intenable, pris qu’ils sont à la gorge par des prêts variables et/ou revolving dont ils n’arrivent plus à rembourser ? Car c’est bien la réalité du quotidien pour des millions de familles !

Or, si les mots de « régulation », « relance » ou « moralisation » de l’économie et de la finance ont été dans la bouche de tous les chefs d’Etats, il faut dire qu’ils se sont bien gardés de parler des racines fondamentales de leur système qui mène le monde au bord du gouffre. Et loin s’en faut ! Les mots de « régulation » et de « moralisation » sont soigneusement choisis, non pas pour redonner confiance aux salariés, mais plutôt pour ne pas choquer leurs amis faucons, rapaces et voraces, qui jouent à l’économie casino avec la vie de millions de travailleurs et de leurs familles.

Il ne faudrait pas se bercer d’illusion sur l’issue du G 20. Ce n’est ni les effets d’annonces sur la relance de l’économie, ni les beaux discours sur la régulation ou moralisation de la finance, qui ne changeront et ne règleront quoi que ce soit à la cupidité et à l’inhumanité du système capitaliste.

Leur relance et leur régulation, c’est l’arbre qui cache la forêt. Ce n’est pas ceux qui ont alimenté, encouragé et provoqué la plus grande crise socio-économique et financière qui trouveront les remèdes. Parce qu’ils ne s’attaqueront jamais aux racines véritables de la crise. Nous, les travailleurs, nous pouvons le faire, car nous n’avons aucun intérêt à la pérennisation de ce système et que nous disposons de solutions alternatives, à savoir : une redistribution plus importante des richesses créées aux salariés par la forte diminution des taux de profits et des taux élevés des dividendes versés aux actionnaires, ainsi que la réglementation et la stricte restriction des spéculations des banques et des marchés financiers en abolissant les Hedge funds (fonds spéculatifs), quels qu’ils soient. Il faut en finir avec les produits dérivés, les effets de levier, la titrisation des crédits qui permet à une banque d’accorder un crédit et de s’en débarrasser aussitôt, après avoir touché sa commission, en cédant le titre de cette créance à un autre établissement. Pour changer les règles du jeu, les demi-mesures ne sont plus de mise. Il faut limiter fortement la libre-circulation des capitaux, réformer en profondeur le fonctionnement et les missions des institutions internationales, pour quelles soient plus démocratiques, plus multilatérales, qu’elles encouragent la coopération au lieu de la compétition acharnée, pour que le droit du travail soit « constitutif » -et non substitutif- du droit à la concurrence…

Ainsi, le montant de 5000 milliards de dollars annoncé en fanfare par G. Brown comprend « les plans de relances » nationaux déjà mis en œuvre, auxquels sont venus s’ajouter les 1100 milliards de dollars dégagés par le G20. Et que faut-il dire de l’augmentation de 750 milliards de dollars du budget du FMI dont les plans d’ajustements structurels avaient conduit à la banqueroute ses « meilleurs élèves » comme l’Argentine, la Turquie, et tout récemment l’Islande ? Le FMI, machine de guerre du capitalisme, conditionne ses prêts à la réduction des déficits publics, autrement dit, pour lui, à la baisse des salaires et des prestations sociales, à la réduction des services publics par la dérégulation et privatisation. Devant ce constat, on ne peut qu’être pris d’effroi de voir le FMI sortir renforcé du G20.

Par ailleurs, l’OMC continuera à fonctionner avec la même mission ; celle de mener à bien le cycle de Doha, le G20 lui ayant accordé 250 milliards de dollars pour y parvenir. La finalité du cycle de Doha est de livrer aux multinationales du Nord (et un peu à celles du Sud) les forêts, les ressources naturelles et agricoles, les services publics qui, jusqu’à présent, avaient échappé à leur voracité. D’une part, les Etats-Unis et l’Union Européenne renoncent à supprimer les subventions publiques distribuées à leurs agriculteurs, ce qui ne laisse pratiquement aucune chance aux produits des pays du Sud d’être vendus sur les marchés mondiaux. D’autre part, ils n’hésitent pas à priver ces mêmes pays de leur souveraineté alimentaire. Les 6 milliards de dollars « accordés » aux pays les plus pauvres sont dérisoires face à l’ampleur que la crise aura sur les habitants de ces pays.

Face à la gravité de la crise, le G 20 n’a pris d’autres décisions que celles de donner un quitus au système prédateur qu’est le capitalisme. Pour éviter de parler des racines véritables de la crise, ils ont tout fait pour cristalliser le regard de l’opinion publique sur les paradis fiscaux, d’une part, et les rémunérations des dirigeants de grandes Entreprises, d’autre part.

Devant ce constat alarmant et sans appel, le moment est venu de proposer un autre projet de développement. L’opportunité est à la portée de la gauche française, mais aussi européenne et mondiale ; c’est maintenant qu’il faut la saisir ! Car la situation sociale est plus que favorable pour que la gauche soit un débouché politique aux attentes et préoccupations urgentes, légitimes et au combien majoritaires de millions de salariés qui se mobilisent massivement, notamment en France durant les journées du 29 janvier et du 19 mars.

Après l’unité syndicale, après l’unité des salariés, il ne manque plus que l’unité de la gauche. En effet, qui d’autre que la gauche peut changer le fonctionnement d’un monde devenu délétère ? Qui d’autre que la gauche peut apporter et impulser, pour ce changement, un programme concret et offensif de transformation sociale profonde pour un autre mode de développement ? Et qui d’autre que la gauche peut apporter pour des millions de travailleurs et leurs familles le progrès social, écologique, humain, d’égalité des droits, de justice sociale, de solidarité, de citoyenneté et de bien-être ?

Seule la gauche « unifiée » est capable de mettre fin aux excès, à la rapacité et à la voracité qui couvent dans le capitalisme et dans le néolibéralisme. Alors assez de divisions, assez de petites phrases assassines, assez de nombrilisme ! Il faut agir et agir vite pour un programme commun de toute la gauche. Il urge, il urge, camarades.

Par Tunjaï CILGI (AF du MJS 64)

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