L'internationalisme ouvrier d'hier à aujourd'hui
Le 1er Mai 2009 est une grande journée de
mobilisation, les organisations syndicales et
politiques appelant à des manifestations dans
toutes les villes de France. Cette date est depuis
plus de 120 ans un symbole pour les travailleurs
du monde entier, un jour de solidarité et de
revendications. Le 1er Mai trouve son origine dans
un vaste mouvement de grève initié en 1886 par
les syndicats américains. La grande revendication
de l’époque est la mise en place de la journée de 8
heures. Pour obtenir cette avancée décisive, le
congrès de l’American Federation of Labour
décide de lancer une grève à partir du
1er mai 1886, date à laquelle beaucoup d’entreprises
américaines commencent leur bilan comptable
annuel. À Chicago, on compte 340 000 grévistes.
Cependant, le patronat refuse de céder. Le 3 mai,
alors que les salariés manifestent, la police tire,
bilan : 3 ouvriers sont tués. Le lendemain est
organisée une marche de protestation. Dans des
conditions assez troubles (provocation patronale),
une bombe éclate en fin de cortège, des policiers
sont tués. Les anarchistes sont accusés et cinq
d’entre eux sont condammnés à mort et exécutés
en novembre 1886.
Trois ans plus tard, en 1889, le deuxième congrès
de l’Internationale ouvrière dite IIe Internationale,
qui rassemble les partis socialistes du monde
entier, décide qu’il sera « organisé une grande
manifestation à date fixe de manière que dans
tous les pays, le même jour convenu, les
travailleurs mettent les pouvoirs publics en
demeure de réduire légalement à huit heures la
journée de travail ». Le 1er Mai sera choisi en
mémoire des combats des travailleurs américains.
Cette journée va prendre de nouveau une
tournure dramatique en 1891, en France, dans la
ville de Fourmies. Dans cette cité ouvrière du
Nord, la troupe, armée des nouveaux fusils Lebel,
tire sur une foule pacifique et cause la mort de 10
salariés… Ce drame aura beaucoup d’échos et,
partout en Europe, le 1er Mai s’enracine dans la
tradition de lutte du mouvement ouvrier.
La journée de 8 heures est arrachée en France en
1919, le 1er Mai devient alors peu à peu l’occasion
d’exprimer des revendications plus larges :
salaires, conditions de travail, retraite… En 1920,
le 1er Mai devient, à l’initiative de Lénine, un jour
chômé en Russie. En France, Pétain et ses sbires,
décident, en 1941, de rebaptiser le 1er Mai « Fête
du travail et de la Concorde sociale ». Pétain tente
de s’assurer le soutien de la classe ouvrière en
détournant le sens de cette journée de
revendication qui, pour lui, doit devenir un
moment d’entente entre patrons et employés. La
lutte des classes est alors niée mais, telle le
phoenix, elle renait toujours de ses cendres !
C’est en 1947 que le 1er Mai est définitivement
décrété férié en France. À noter que certains 1er
Mai ont eu, dans notre pays, une portée
particulière. En 1936, il précède de quelques
jours la victoire électorale du Front populaire et a
une tonalité revendicatrice forte après la
réunification syndicale en une grande CGT. Plus
récemment, en 2002, la jeunesse et les travailleurs
ont fait du 1er Mai une démonstration de force
antifasciste contre la présence de Le Pen au
second tour de la présidentielle.
Cette histoire faite de larmes, de sang, d’espoir et
de luttes nous appartient. Elle ne doit cependant
pas être la photo jaunie d’un passé mythifié, mais
un point d’appui pour faire de ce cru 2009 une
journée vivante et utile dans la construction d’un
rapport de force contre la droite et le MEDEF qui
veulent nous faire payer LEUR crise !
Pour aller plus loin, lire DOMMANGET (Maurice),
Histoire du 1er Mai, Éditions le Mot et le Reste, Paris, 2006.