Le propre du sarkozysme, c’est d’oser tout ce qu’il y a de pire. Il ne va pas toujours jusqu'au bout, il est vrai. Mais il tâte, il teste, avance et recule. Et quand il peut, comme une riche vipère, il jette son venin les pauvres. Il met du temps, mais il s’obstine.

Ainsi en a t il été pour la retraite à 70 ans. Le député Denis Jacqua se réserve chaque année la « LFSS » (« loi de financement de la sécurité sociale ») car seulement une dizaine de députés s’y intéressent. « Même les socialistes me laissent faire » se vante t il. Il triture ainsi sournoisement à son gré notre protection sociale. « Je me fixe UN objectif par an ». Cet an de grâce 2008, c’était le tour des retraites. Il a testé la retraite à 70 ans, il a osé, c’est passé. Sournoisement, contre 80 % de l’opinion publique, mais il l’a fait. Homme de l’année 2008.

Alors pourquoi ne pas essayer avec la peine de prison à partir de 12 ans, ce qui, selon la parvenue et cynique Rachida Dati « relèverait du bon sens » ? Quand même c’est apparu un peu trop barbare dans une France déjà internationalement dénoncée pour ses prisons inhumaines, alors Sarkozy a désavoué in extremis sa protégée.

Pourquoi le député Marini se refuserait-il de proposer que les spéculateurs en Bourse, déduisent cette année leurs pertes de leurs impôts ? En voilà une belle une ode sans pudeur aux tenants de l’économie casino. On est presque soulagés d’apprendre que cela ne sera pas mis en œuvre : un sondage ayant montré, après annonce, que l’ « opinion » était franchement trop hostile.

Mais en fait, c’est une méthode de gouvernement : on annonce des dizaines d’horreurs antisociales, on n’en garde que quelques-unes. Ainsi avaient-ils annoncé qu’ils supprimeraient les « cartes familles nombreuses » à la SNCF. Qu’ils supprimeraient la déduction d’impôt pour les femmes seules ayant élevé des enfants.

Contre le code du travail, Laurence Parisot mène la lutte de classes, toute l’année, heure par heure. Ils annoncent le pire puis reculent puis reviennent. Comme sur les 35 h et le travail le dimanche. Mais ils ne lâchent jamais. Mieux que Jacqua, Dati, Marini, Mariton : Gérard Larcher. Il déclarait à la mi mars 2005, à une convention sociale de l’Ump : « Nous avons dans ce pays une lecture salafiste du code du travail, laissant aux seuls oulémas de la Cour de cassation le soin d’en dire les moments les plus forts ». Personne ne dit rien sur le coup, devant pareille provocation ?

Hé bien, la commission de « recodification » mise en place le 16 février 2005, par le même Larcher met 3 ans pour passer à l’acide des exigences du Medef, 160 ans d’histoire du code du travail. Les vipères ont réussi : le 1er mai 2008, ils ont promulgué un nouveau Code, redécoupé spécialement pour permettre tous leurs sales coups contre le salariat. En récompense, Larcher est même devenu Président du Sénat. C’était notre rubrique : Parisot la femme de l’année 2008.

Gérard Filoche