Une série de contre-réformes sans précédent
Vingt mois après l'élection de Sarkozy, le
bilan est consternant. Jamais un gouvernement n'aura
autant mis à mal le système d'éducation français. Les
contre-réformes
se succèdent, touchant l'ensemble de
la communauté éducative.
Que ce soit l'école primaire(suppression des Rased, diminution de deux heures
du temps hebdomadaire d'enseignement, évaluation
des élèves en CE1 et CM2, semaine de quatre jours,
déclarations insultantes sur les enseignants en
maternelle), le secondaire (disparition de la carte
scolaire, suppression des BEP, bac pro en trois ans,
modularisation de l'enseignement général, lobbying
des entreprises sur les contenus des programmes,
suppression de postes) ou l'enseignement supérieur
(autonomie des universités, réformes des IUFM,
opération campus, réforme des bourses sur critères
sociaux, remplacement des prêts d'honneur d'État par
des prêts bancaires), aucun secteur n'est épargné.
L'idéologie libérale appliquée à l'école
Le ministre Darcos applique toujours la
même méthode, stricte, qui consiste à optimiser les
moyens au détriment du système éducatif. Au
ministère de l'éducation, on se presse, on oublie le
dialogue social afin d'avoir une meilleure note que le
ministère d'à côté. Et pour cause, il faut respecter le
calendrier de Fillon qui a annoncé des suppressions
massives d'emplois publics d'ici quatre ans. Les
réformes structurelles de l'éducation nationale
répondent donc à cette logique budgétaire. Dans le
même temps, on fait rentrer les capitaux des
entreprises dans les universités... Au final, non
seulement le gouvernement coupe dans le budget en
ignorant l'ensemble de la communauté éducative mais
en plus il répond favorablement aux demandes du
MEDEF !
Qui paie, décide !
Dans ce cadre, le désengagement accru de
l'État conduit inexorablement les établissements
scolaires à la recherche de capitaux privés afin de
répondre à leurs besoins. L'éducation devratelle,
comme toute marchandise, se vendre aux plus
offrants? Dans quelles conditions une entreprise
souhaitera-t'elle
s'engager dans le financement ou
l'administration d'une formation ? Loin de la
philanthropie et du mécénat, le MEDEF, quand il paie,
il décide ! Le financement public est aujourd'hui la
seule garantie contre les intérêts privés, là où, hier, il
était la garantie contre les
obscurantismes.
Aggraver les inégalités sociales
Cette politique n'aura qu'un seul effet,
aggraver les inégalités sociales. L'école s'éloigne un
peu plus chaque jour de son rôle : émancipation,
ascension sociale, réussites collectives. De l'école
primaire où l'on stigmatise les «jeunes en difficulté»
dès leur plus jeune âge à l'enseignement supérieur
dont l'accès est réservé aux enfants issus des classes
sociales les plus aisées, l'éducation n'éduque plus. Là
aussi, il faut d'abord redistribuer les richesses :
métissages culturels, partage des connaissances,
aides financières, apprentissage des langues, etc.
Une jeunesse révoltée ?
Au delà d'une réponse aux contreréformes
gouvernementales qui s'accumulent depuis mai 2007,
V. Becquet, sociologue, voit chez la jeunesse « un
sentiment de dégradation des conditions d’études et
de perte de valeur des diplômes sur le marché du
travail », le sentiment d’appartenir à une génération
sacrifiée. Nul ne doit ignorer les profonds
changements qui s'opèrent dans l'éducation. La loi
LRU a signé le point de non retour, la privatisation
progressive des universités. C'est donc avant qu'elles
ne s'appliquent, qu'il faut combattre les velléités de
Fillon et de ses équipes.
Et les socialistes ?
Les écoles primaires, les lycées, les IUFM,
les IUT entrent tour à tour dans la danse de la
contestation sociale. C'est maintenant aux universités,
dont plusieurs ont annoncé qu'elles ne voteraient pas
leur budget qui est plus que jamais soumis à des
critères de « performance », de faire entendre leur
voix. Des milliers de profs, parents, élèves dans les
rues. Des lycéens qui s'organisent, bloquent leurs
établissements, des étudiants en grève... Nous ne
devons pas les laisser seuls ! À nous tous, socialistes,
d'entrer dans la danse de la contestation ! À nous de
leur apporter des réponses politiques, de proposer
une autre voie, d'imposer d'autres choix.
Les réformes de l'éducation sont indispensables. En
aucun cas, nous ne prônons l'immobilisme. C'est aux
socialistes, et, a fortiori, aux jeunes socialistes de
rappeler que l'éducation doit être la priorité de la
République, que l'école doit être l'outil permettant à
toutes et tous d'opérer des choix, de s'émanciper des
contraintes et d'accéder aux
savoirs et aux compétences. Affirmons le
nécessaire réengagement de l'État, innovons dans
l'organisation des temps scolaires, rétablissons une
carte scolaire qui participe de la mixité sociale,
pensons l'enseignement des S.E.S., de l'histoire mais
aussi des arts et du sport comme des fondamentaux
de l'apprentissage, abolissons les notions de
performance et de rentabilité de l'école, imposons
l'enseignement des langues.
Quand les socialistes disent que l'éducation
est un droit, pas un privilège,
quand ils affirment quela recherche est leur priorité, quand ils s'engagent à
revenir sur toutes ces contreréformes,
il créent du
sens, ils redonnent espoir !
Marlène Collineau, 44