Cachez cette crise sociale que je ne saurais voir !
Tous les beaux esprits, économistes bien
pensants et autres adorateurs du dieu Marché n'ont
que le mot crise financière à la bouche
depuis quelques semaines. Il est vrai
que le système qu'ils défendent pour
l'intérêt d'une poignée d'actionnaires, de
banquiers et de rentiers oisifs s'est
effondré comme un château de carte.
Pour eux, la crise c'est d'abord la crise
de cette petite caste parasitaire qui
s'engraisse sur le dos des salariés
depuis des décennies. Cependant, peu
d'entre eux parlent de la crise vécue
frontalement par le monde du travail, les
chômeurs, les précaires et les jeunes :
la crise sociale ! Encore une fois les
salariés paient les pots cassés du
système capitaliste et tout cela afin de
maintenir les profits des grandes
multinationales. En effet, ce n'est pas la crise pour tout
le monde : Total vient d'annoncer des milliards d'euros
de bénéfices, Arcelor Mittal également... tout en
annonçant des suppressions de postes massives en
Europe... En réalité la crise est d'abord et avant tout
une crise sociale.
Le chômage est reparti à la hausse (et frappe
bien entendu les jeunes de plein fouet), les périodes de
chômage technique, notamment à l'occasion des fêtes
de Noël, se multiplient dans l'industrie automobile,
chez Renault ou Peugeot, mais aussi chez Michelin
(par exemple à Roanne dans la
Loire). Dans de nombreuses
entreprises les intérimaires ont été
renvoyés depuis dejà plusieurs
mois... les salariés précaires ont été
les premiers à trinquer...
Dans le même temps, les
licenciements se multiplient partout
en France.
La liste des boîtes quilicencient voire sont en liquidation
pure et simple est en effet très longue : Arcelor, La
Camif, Intel, MBO, Mollex, Goodyears...
Cette crise sociale? nous n'en avons encore
perçu que l'écume de la vague, la montée de la marée
risque d'être encore plus terrible. Face à cette
situation, la gauche doit réagir de toute urgence ! Notre
place est plus que jamais aux côtés des travailleurs
menacés de perdre leur emploi, aux côtés de ceux qui
luttent et résistent car ils ont
compris que l'on faisait payer au peuple
les factures de la crise. Les salariés et la jeunesse
populaire ont aussi reçu sur 5 sur 5 le message
envoyé par Sarkozy et le gouvernement : nous
trouvons des milliards pour sauver les banques mais
rien pour sauver vos emplois, vos salaires, vos
pensions ! Les socialistes et particulièrement le MJS
doivent être en première ligne et on
a le sentiment que cela n'a pas
toujours été le cas ces derniers
mois. Résister cela veut dire se
déplacer dans les entreprises
menacées, être dans les
mobilisations sociales, organiser la
riposte à la droite qui voudrait nous
faire croire que tout cela est
inéluctable! Le devoir de la gauche
est immense ! Résister, riposter
mais aussi faire des propositions
concrètes et indiquer la voie pour
une sortie socialiste et progressiste
de la crise.
La gauche a des solutions
différentes que celle de Sarkozy
etdes autres dirigeants européens ! Oui c'est possible de
rétablir une forme de contrôle sur les licenciements
boursiers, oui les salariés en chômage partiel doivent
garder 100% de leur salaire, oui on peut baisser à
5,5% la TVA sur les produits de 1ère nécessité, oui
c'est possible de mener une politique de relance
européenne si on s'en donne vraiment les moyens ! Il
est temps de se saisir de certaines questions posées
par la crise : l'Europe doit être radicalement réorientée
et s'engager dans la voie de la protection contre le
libre échange sauvage, les critères de Maastricht sont
plus que jamais inopérants et
obsolètes ! De ce point de vue, le
récent Manifeste des socialistes
européens n'est pas à la hauteur de la
situation sociale grave dans laquelle
nous nous trouvons. Il ressasse des
vieilles formules éculées et ne prend
pas la mesure de la crise profonde
dans laquelle est rentrée le
capitalisme.
Avec d'autres nous souhaitons œuvrer dans
la jeunesse et avec tous les socialistes pour montrer
que la crise doit être l'occasion de réarmer notre
discours et nos propositions pour que ne soient pas
abandonnés à leur sort notre camp social naturel : la
jeunesse et les salariés ! Au travail camarades !
Julien Guérin, membre de la CNA, 43