GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Féminisme

Féministes, tant qu’il le faudra !

Nous publions ici une contribution déposée par nos camarades Nadège Boisramé, Marlène Collineau, Sybille Fasso et Claude Touchefeu à l'occasion de la convention nationale de GDS qui s'est tenue le 18 mars 23 à Nantes.

Le féminisme est une dimension essentielle de notre combat. Il n’en est pas une dimension « ajoutée », collatérale, un supplément d’âme ; il en est constitutif et représente un outil puissant de transformation sociale.

Avec le mouvement féministe, nous avons cheminé et avons pris conscience, à travers l’histoire de ses combats, que le combat féministe ne se résume pas à « vouloir être des hommes comme les autres » : la portée d’un mouvement féministe conséquent est révolutionnaire, car mêlant étroitement la lutte contre le patriarcat et la lutte anti-capitaliste.

En un long cheminement

L’oppression des femmes n’est pas apparue avec le capitalisme, ni même avec la propriété privée et la lutte des classes (contrairement à ce qu’une approche inspirée d’Engels a longtemps porté dans le mouvement ouvrier). Les rapports de production capitalistes se sont appuyés sur la famille, les rôles sociaux différenciés et la domination masculine pour justifier une sur-exploitation des femmes au travail toujours à l’œuvre (salaires et pensions inférieurs, précarité plus grande…) ; mais, dans le même temps, la généralisation du salariat a fragilisé l’institution familiale dans sa forme la plus patriarcale et donné aux femmes la possibilité d’une autonomie individuelle plus grande.

Unifier le salariat, c’est intégrer le fait qu’il est constitué d’hommes et de femmes. Ce n’est pas le diviser que de prendre en compte des revendications que nous avons longtemps qualifiées de « spécifiques » ; c’est au contraire permettre son unification en comprenant comment les conditions « spécifiques » faites aux femmes constituent un outil de l’exploitation des femmes… et des hommes ! Rappelons ici, pour éclairer notre propos, que les premières grèves des femmes (par exemple celle des ovalistes, à Lyon, en 1869) ont porté contre les conditions de travail, pour de meilleurs salaires et contre le « droit de cuissage » toléré des contremaîtres.

Nous Tou.TE.s

Dans la mobilisation actuelle pour le retrait de la contre-réforme des retraites, il est à noter comment le gouvernement a cherché à convoquer le très fort sentiment d’injustice face aux inégalités entre les femmes et les hommes concernant le travail, les carrières, les retraites, pour « faire passer la pilule ». Et nous avons vu à quel point lire la réforme à l’aune des conséquences pour les femmes a été un puissant révélateur des présentations mensongères du gouvernement sur l’ensemble de ses propositions ; ainsi qu’un puissant facteur de mobilisation de toutes et tous.

Le mouvement féministe a déjà écrit de nombreux chapitres dans l’histoire et à travers le monde. Il se nourrit des différents combats qu’il mène. Il tire sa force de sa permanence. Le mouvement féministe a toujours eu une dimension internationale importante par l’attention réciproque portée aux luttes des femmes du monde entier, mais sans pourtant qu’existe véritablement un mouvement international.

De ce point de vue également, le mouvement #MeToo a bousculé de nombreuses certitudes. En arrivant enfin à mettre en lumière l’ampleur de ce que les agressions sexuelles et sexistes représentent, ce mouvement a transformé des agressions individuelles (me) en phénomène systémique (too). Et ce à l’échelle planétaire. Ce mouvement de libération de la parole a forcé l’écoute. Comme le dit l’historienne et féministe Michelle Perrot, « s’il s’inscrit dans la revendication des femmes pour la maîtrise de leur corps, […] il va plus loin dans l’exigence d’intégrité du corps, vers la reconnaissance de l’individu femme. Il marque une “rupture d’évidence”, comme le disait Michel Foucault, pour caractériser les moments essentiels de l’histoire de la pensée ».

Ce mouvement a bousculé au sein même de la gauche ; en effet, les comportements sexistes touchent tous les milieux sociaux, et on peut même dire que tous les lieux de pouvoirs masculins créent un climat favorable à l’exercice du harcèlement.

Ce que nous voulons

Pour toutes ces raisons, au cœur des mobilisations pour les droits des femmes, nous portons le combat :

- pour l’accès des femmes au travail, contre toutes les formes de précarisation (temps partiel imposé, CDD à répétition…) ;

- pour l’égalité salariale et pour la revalorisation des métiers fortement féminisés – actuellement sous-considérés ;

- bien sûr, contre la « réforme » des retraites qui touche particulièrement les femmes ;

- pour le droit et la réelle accessibilité à la contraception et l’avortement, ainsi que pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution ;

- contre les violences faites aux femmes et pour une loi intégrale, à l’instar de celle qui a été adoptée en 2004 en Espagne, intégrant la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans un ensemble de mesures allant de la mise en place de juridictions spécialisées, de lieux d’accueil, d’écoute et d’hébergement en nombre suffisant, à la formation des policiers en passant par d’ambitieuses politiques éducatives ;

- pour une véritable éducation à l’égalité tout au long de la scolarité ;

- pour une éducation à l’orientation non-genrée dans les choix d’études ;

- pour le soutien aux luttes des femmes du monde entier et particulièrement en soutien aux femmes et au mouvement iranien Femmes, Vie, Liberté, ainsi qu’aux femmes ukrainiennes confrontées à la guerre et ce qu’elle apporte d’exposition supplémentaire aux violences de genre.

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