Sieva-Esteban Volkov : un témoin du 20ème siècle
Esteban Volkov est mort, le 17 juin, à Mexico, à l’âge de 97 ans. Si son nom n’est guère connu, on est beaucoup plus familier des drames qui ont entouré son existence, car ils font écho à ceux qui ont le plus défiguré le siècle dernier.
Né Vsevolod et appelé affectueusement Siéva par ses proches, le jeune garçon perd sa mère, tuberculeuse, début 1933, alors qu’il n’a pas sept ans. Apatride, sans nouvelles de son père – dont il apprendra plus tard qu’il a disparu en Sibérie en 1937, comme du reste sa grand-mère maternelle –, il est élevé par son oncle et la compagne de ce dernier à Paris, après l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Cet oncle, qui l’éleva entourées des pires difficultés matérielles, mourut brutalement et on ne sut qu’après la chute de l’URSS qu’il avait été empoisonné par des Russes blancs à la solde de Staline.
Emmené par des amis de la famille à Mexico, le jeune homme y retrouva ses grand-parents. Il sentit les balles siffler lors de la fusillade menée par un commando chargé d’assassiner son grand-père, et il fut même blessé au pied à cette occasion. Il vit, quelques semaines plus tard, le 20 août 1940, le crâne ensanglanté de son grand-père, agressé mortellement pas un certain Jackson.
Siéva était le petit-fils de Trotski et de sa première femme Alexandra Lvovna, le fils de Platon Volkov et de Zinaida Volkova (née Bronstein), le neveu de Lev et de Sergueï Sedov, toutes et tous victimes de Staline. Devenu ingénieur chimiste, il resta au Mexique et devint le gardien de la maison de Coyoacán et de la mémoire de ses grands-parents Quoique non-encarté, il fut toute sa vie un militant de l’émancipation humaine.