GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Féminisme

Droits des femmes : le combat continue

PMA pour toutes

Le 2 août a été promulguée la nouvelle loi bioéthique ouvrant la possibilité de recourir à la PMA aux couples de femmes et aux femmes vivant seules. Jusqu’à présent, la PMA était réservée en France aux couples hétérosexuels rencontrant des problèmes de fertilité. De nombreux pays européens avaient déjà légalisé cette pratique : Grèce, Estonie, Belgique, Bulgarie, Danemark, Irlande, Luxembourg, Finlande, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Royaume-Uni, Suède. C’est dire si la France n’était pas en avance ! Il aura toutefois fallu deux ans de navette parlementaire pour que la loi soit votée le 29 juin 2021. À la suite de quoi, 80 député.e.s LR et centristes ont déposé un recours devant le Conseil constitutionnel qui l’a finalement rejeté, validant ainsi définitivement le texte.

Une enquête publiée début 2020 estime qu’au moins 2 400 femmes célibataires ou en couple lesbien vont – jusqu’à présent – chaque année en Belgique ou en Espagne pour recourir à une PMA.

77e féminicide en 2021

Mardi 17 août, à Morlaix (Finistère), Clara de Rivas, 18 ans, a été tuée par son compagnon de 32 ans à son domicile. Son bébé était présent dans l’appartement au moment des faits. L’homme a confié à son frère avoir tué sa compagne, c’est ce dernier qui a prévenu les secours. En fuite dans un premier temps, le tueur s’est présenté de lui-même au commissariat et a reconnu les faits.

Il avait déjà été condamné à une peine de prison avec sursis pour des violences sur sa compagne. Ce fait met à nouveau dramatiquement en lumière le manque de mesures de protection des femmes alors que des violences ont déjà été signalées, voire condamnées.

Joséphine Baker pour l’éternité, Gisèle Halimi pour un seul jour

Dans un communiqué du 23 août, l’Élysée confirme l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker lors d’une cérémonie qui aura lieu le 30 novembre. Nous nous réjouissons de cette décision. Elle permettra certainement pour des millions de Français d’éclairer d’un jour nouveau les « mille et une vies » de Joséphine Baker, de s’éloigner des clichés les plus réducteurs dans lesquels elle est souvent enfermée et de faire connaître ses engagements antiracistes et pour les droits civiques, son engagement dans la résistance en France et son parcours de femme libre et indépendante.

Le même jour, l’Élysée annonçait qu’un hommage national serait rendu à Gisèle Halimi aux Invalides, annonçant par là même son refus de voir cette figure du féminisme et de l’anti-colonialisme faire elle aussi son entrée au Panthéon.

Loin de moi l’idée d’opposer l’une à l’autre, mais, à l’évidence, l’engagement de Gisèle Halimi pour l’indépendance de l’Algérie a paru certainement trop marqué à un Emmanuel Macron bien frileux. Une chose est sûre : ce n’est pas parce qu’il y aurait eu, d’un seul coup, trop de femmes à être panthéonisées : Joséphine Baker sera la 6e femme… pour 75 hommes ! (À lire : Joséphine Baker, José-Louis Bocquet et Catel, Casterman, 2016, un roman graphique à dévorer ; des trottoirs de Saint Louis aux marches du Panthéon, Marie-Florence Ehret, La Différence, 2016

Rentrée des classes : le masculin continuera à l’emporter

Alors qu’élèves et personnels font leur rentrée sans moyens nouveaux, et toujours dans la difficulté des protocoles sanitaires, le ministre a publié au printemps une circulaire précisant qu’il « convient de proscrire le recours à l’écriture dite inclusive qui utilise notamment le point médian pour faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un mot employé au masculin lorsque celui-ci est utilisé dans un sens générique ».

Blanquer, toujours aussi caricatural, mène à travers cette décision qui est aussi un affichage, plusieurs guerres toutes aussi réactionnaires les unes que les autres. Il dénigre l’écriture inclusive et tend, comme tant d’autres, à la réduire à l’utilisation du point médian en stérilisant toute sa portée émancipatrice. Il fait affront aux enseignant.e.s et à leur capacité d’adaptation. Il porte un coup à leur liberté pédagogique.

De nombreuses recherches pédagogiques montrent pourtant ces dernières années qu’il est possible d’améliorer la compréhension en lecture si l’élève développe des représentations mentales. Cela devrait éclairer l’importance de l’écriture inclusive dans la construction des représentations symboliques des élèves.

Faites le test. Quelle est votre représentation mentale si vous lisez : « Les ouvriers occupèrent l’usine » (prenez votre temps, visualisez) et, maintenant, si vous lisez : « Les ouvriers et les ouvrières occupèrent l’usine ». Une différence ? L’écriture inclusive, c’est d’abord cela : ne plus rendre le féminin invisible derrière le masculin. Tout un chantier !

Cet article de notre camarade Claude Touchefeu a été publié dans le numéro de septembre 2021 (n°287) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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