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Macron veut augmenter les pourboires pas les salaires !

Si en France, dans les cafés et les restaurants, le service est compris, ce n’est pas le cas partout. Par exemple aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, le pourboire (« tip » en anglais) représente le revenu principal des serveurs (aux salaires très bas). Le pourboire doit alors représenter entre 10 et 20% de l’addition finale. Les serveurs n’hésitent pas à faire une réflexion en cas d’oubli. Ce sont ces exemples auxquels Macron se réfère pour inciter les consommateurs français à payer des pourboires pour que les patrons n’aient pas à augmenter les salaires. Des pourboires sans cotisations sociales, et que les patrons veulent rendre obligatoires !

Macron attaque la loi Godart, au lieu de hausser les salaires, veut faire payer les pourboires plus cher et à la tête du client. La « loi Godart » et son décret d’application du 4 juin 1936 régissent  encore aujourd’hui la répartition équitable, automatique, contrôlée, des pourboires entre les personnels dans  les hôtels, cafés, restaurants, brasseries, et débits de boissons…en France le service est compris, il est collecte dans l’addition, récolté par le patron et partagé entre les salariés.

En Angleterre l’addition ne comprend pas le service, donc chaque serveur vient voir chaque client au moment du paiement par carte et lui demande de rajouter le pourboire (ou service) réclament de 10 % à 20% de la note. Les patrons ont même voulu faire que chaque serveur se transforme en auto entrepreneur pour réclamer son salaire…

En France, depuis vingt ans le patronat UMIH réclame d’instaurer  le même système qu’en Angleterre;

C’est ce que Macron vient de proposer.

Déjà, lorsque la TVA, avait été baissé à 5,5 % dans la restauration au 1er juillet 2009, par Sarkozy, le député UMP Thierry Mariani avait essayé de remettre en cause la loi Godart sous prétexte des « fortes disparités salariales que la réduction du taux de la TVA entraine dans la restauration entre le personnel de salle rémunéré au pourcentage service et les autres salariés, notamment aux employés en cuisine ». Comme si Mariani était ému par les « employés de cuisine » !

Évidemment il s’agissait de baisser la part des salaires résultant des pourboires (compris dans la note payée par le client et correspondant environ à 15 %)..

Depuis longtemps le patronat des « HCR » (hôtellerie, cafés, restaurants) tâte le terrain pour reprendre la même idée, mais à l’envers, notamment lorsque la TVA a été ré augmentée à 10 % en 2014. Ces patrons qui n’ont pas baissé les prix, qui n’ont pas embauché, ni modernisé lorsqu’elle était à 5,5 %, se proposent de faire payer la nouvelle TVA à 10 % par… leurs salariés et leurs clients.

Alors il propose de mettre en place le système anglo-saxon : le pourboire ne serait plus inclus automatiquement dans l’addition, sa perte devrait être compensée par le client.

Ainsi une part variable de 10 à 15 % du salaire des serveuses et serveurs redeviendrait une sorte de « récompense » aléatoire des clients pour la qualité du service.

Roland Héguy, de l’Union patronale des métiers de l’industrie hôtelière (UMIH) prétend que ça « revaloriserait » le métier et « motiverait » les serveurs à être « plus souriants » et diligents.Il paraît que si les employés étaient ainsi obligés de quémander leurs pourboires, le service ne serait plus « perçu comme un petit job mais comme un vrai métier » et « l’image du porteur d’assiettes serait remplacée par celle d’expert du goût » (sic).

N’importe quoi ! Ils n’ont pas subi la double humiliation du serveur et du client dans n’importe quelle pizza de Londres, le premier étant forcé d’expliquer au client avant paiement par carte bleue que le pourboire n’est pas inclus et le second devant rajouter 10 % au prix exorbitant de l’addition. Personne ne sourit en pareil moment et plutôt que « d’expertise du goût » c’est une expertise en extorsion de fonds qui conclut le repas.C’est ce que Macron le 27 septembre 2021 veut remettre au gout du jour : plutôt que d’augmenter les salaires, il propose que ce soit le client qui paie plus cher à des serveurs souriants  jusqu’à la crispation, pour obtenir de lui la hausse de salaire que le patron s’épargnera.

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