GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Elections municipales

À Paris comme ailleurs, imposer l’enjeu national

Depuis le rétablissement de l’élection du maire de Paris dans les années 1970, à chaque scrutin, le destin municipal de la capitale permet au parti aux affaires au niveau national de confirmer son triomphe hexagonal, de sauver les meubles ou sanctionne son échec, sinon sa déroute. C’est une vérité atemporelle de la Ve République post-gaulliste, mais ça l’est encore davantage quand le pouvoir en place est soupçonné depuis le début d’un déficit structurel d’implantation locale.

C’est en effet une des composantes de l’arrivée de Macron au pouvoir « par effraction », selon ses propres mots : le pseudo-Jupiter ne dispose pas d’un parti présent partout dans les villes et sur le territoire, pas plus qu’il ne peut s’appuyer localement sur de gros bataillons d’élus municipaux et/ou communautaires. C’est là la face cachée de la disruption en politique : chercher constamment à « faire du neuf » rend difficile tout enracinement sur la durée. L’enjeu est donc de taille pour l’Élysée. Il convient en effet pour Macron de conquérir le maximum de mairies, dans l’espoir de prouver – contre les faits – qu’il est encore et toujours majoritaire dans le pays (cet adulateur de Maurras se plairait sans doute à adjoindre à ce terme l’épithète « réel »...). Le floutage des clivages politiques dans les villes petites et moyennes étant ce qu’il est, les scrutins dans les grandes métropoles seront examinés de près, mais ils seront largement éclipsés, le 22 mars au soir, par les résultats du vote parisien.

Contrer la droite-LREM

Très tôt, il est apparu clair pour la majorité des militants de gauche qu’Anne Hidalgo, malgré certains échecs qui ont pu émailler son mandat, était la seule à même d’assurer le maintien de la gauche aux commandes de l’Hôtel-de-Ville. Pas étonnant qu’elle ait su rassembler autour d’elle la plupart des partis et réseaux de gauche parisiens. Le PCF de la capitale a annoncé rapidement qu’il continuait le compagnonnage avec l’une des grands édiles qui a su le mieux garder ses distances avec le pouvoir macronien. Génération.s, qui a constitué un groupe à part à la mairie centrale après le départ de Benoît Hamon des rangs socialistes, a également rejoint le mouvement unitaire. Il va de soi que la GDS soutient de toutes ses forces cette claire démarche de rassemblement de notre camp qui a su résister au chant des sirènes centriste et opportuniste.

Du début à la fin de son fulgurant parcours de candidat LREM, Benjamin Griveaux a défrayé la chronique. Son retrait calamiteux aurait pu, à défaut de ressouder les rangs des Marcheurs parisiens, susciter au moins une sympathie pour sa liste, ne serait-ce qu’en réaction aux viles méthodes utilisées par ceux qui ont voulu lui nuire (et peu importe s’ils viennent probablement des rangs macroniens !). Mais rien n’y fait. Dans un récent sondage postérieur à ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Griveaux », Agnès Buzyn, sommée par Macron de sauver les meubles à Paris, recueille 17 % des intentions de vote, soit seulement un point de plus que son prédécesseur en janvier.

Attention dangers !

Pour Anne Hidalgo et sa liste, le véritable danger est donc à chercher ailleurs. Il vient tout d’abord de la remontée, dans les sondages, de la liste LR menée par Rachida Dati. Par une logique de vases communicants, les « ratés » – pour rester charitable – de LREM à Paris, combinés à la crise au sommet de la Macronie, suscitent un retour au bercail d’une fraction significative de conservateurs qui avaient basculé dans les rangs « marcheurs » lors des élections européennes de mai dernier. Un sondage Odoxa du 19 février place même Rachida Dati en tête au soir du premier tour, avec 25 % d’intentions de vote (+ 5 points), contre 23 % pour la maire sortante.

Selon la même enquête, Anne Hidalgo l’emporterait tout de même largement au second tour (38 % contre 32) dans l’hypothèse où les listes de « marcheurs » (l’officielle et l’officieuse) se maintiendraient et où la liste de gauche fusionnerait avec celle d’EELV, menée par David Belliard. C’est précisément là où le bât blesse. La tentation de faire chuter « le PS » existe, chez certains écologistes décidés à faire cavalier seul comme au sein de la mouvance « insoumise ». C’est sur cette dimension que compte jouer Cédric Villani qui prône depuis plusieurs semaines un axe « écologiste anti-PS » à EELV comme à la liste de la FI menée par Danielle Simonet.

Dans cette configuration instable où la droite remonte et où la tentation de faire perdre les rivaux plus que les véritables adversaires est patente dans notre camp, toute dynamique menant à la division constituerait une faute politique majeure.

Tout faire pour gagner

À Paris comme ailleurs, l’unité à gauche est donc une nécessité impérieuse. Si elle n’est pas totale pour le premier tour de scrutin, elle doit être débattue en amont afin d’opposer à la droite un front uni le 22 mars. Dans les pages qui suivent, nous revenons, au-delà du seul cas parisien, sur les municipalités où la GDS intervient en pointe pour défendre l’orientation unitaire la plus conséquente. Nul doute que c’est celle qui nous mènera à la victoire contre l’union des droites.

Cet article de notre camarade Jean-François Claudon est paru dans le dossier "municipales" du numéro de février de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS

La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…