GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Elections municipales

Nantes : participer au rassemblement

Avec Rennes, Grenoble, Lille et Paris, Nantes fait partie des villes de plus de 100 000 habitants gouvernées par la gauche. La Gauche démocratique et sociale compte actuellement des élus dans la majorité sortante de Johanna Rolland, maire PS. Il nous a semblé indispensable de tout faire pour que Nantes reste à gauche d’abord, et pour que nous ayons à nouveau des élus municipaux ensuite. La GDS a fait ses propres propositions pour une action sociale et écologique de proximité.

Afin de préparer les élections municipales, pendant plusieurs mois, nous avons discuté avec les organisations de gauche dont EELV, le PCF,  Génération.s, Ensemble!, la France insoumise... ainsi qu’avec la maire sortante PS. Les relations sont plutôt bonnes : un collectif « Justice sociale et climatique » a été créé sur Nantes il y a environ deux ans. Il regroupe des syndicats (CGT, Solidaires), des associations (Attac, Alternatiba), les partis de gauche (à l’exception du PS). Cela aide à maintenir des liens entre nous, facilite le dialogue autour de combats communs. L’objectif d’un rassemblement, sans aucune exclusive ni hégémonie, anime notre intervention dans ces discussions. Nous avons rencontré en bilatérale chaque parti à gauche et avons réussi à organiser une réunion nantaise avec toutes les composantes de la gauche sur le thème des municipales dans l’espoir d’aboutir à une liste unitaire.

Œuvrer pour le rassemblement

Malheureusement assez rapidement, un scénario à trois listes à gauche s’est dégagé : EELV, une liste « Nantes en commun∙e∙s » dans laquelle on retrouve des militants de la France insoumise, et une liste autour de la maire sortante, Johanna Rolland. Ni EELV, ni « Nantes en commun∙e∙s » ne souhaitaient vraiment une liste de rassemblement, même partiel.

Pour nous, l’existence de plusieurs listes à gauche ne se justifie pas. Les divergences politiques ne nous paraissent pas être de nature à fonder une rupture. Ainsi, jusqu’au bout, nous nous sommes battus pour que, toutes et tous, nous nous retrouvions autour d’une même table pour discuter d’un programme commun. Ce combat se poursuivra pour le second tour. Des différences de points de vue existent certainement entre les trois projets se revendiquant de la gauche. Mais nous sommes convaincues que l’éclatement de notre famille politique reste d'autant plus difficile à comprendre, pour les Nantaises et les Nantais, que les Verts, puis EELV, sont dans la majorité municipale depuis trente ans.

L’union est nécessaire au niveau local comme au niveau national. Il est d’autant plus important de maintenir la ville à gauche que les attaques du gouvernement contre les salariés sont fortes. Pour nous, l’action municipale doit permettre d’en limiter la portée dans la vie quotidienne des gens. Les dossiers clivants sont plutôt locaux : celui du YelloPark (un projet avorté de nouveau stade de foot), ainsi que celui de l’Arbre aux hérons (un projet artistico-touristique visant à réhabiliter la carrière Miséry située en face du Hangar à bananes). Mais il y a aussi un désaccord politique sur l’ampleur de l’aide à l’accueil des migrants. Pour l’équipe locale de la GDS, ils ne rendaient pas impossible le rassemblement de la gauche et de l’écologie. Mieux, le rassemblement permettait d’ouvrir plus grand la discussion, y compris autour des sujets clivants.

Dans le contexte actuel, pour éviter tout risque d’une bascule à droite lors des prochaines municipales (les scores de LREM sont loin d’être négligeables), le rassemblement à gauche, concerté, est nécessaire dès le premier tour du scrutin. La fusion des listes réalisée à la va-vite le soir des résultats du premier tour n’était pas pour nous la meilleure solution. Nous avons écrit à toutes et à tous pour attirer l’attention de nos partenaire sur la nécessité, mais aussi sur l’urgence de l’unité. En parallèle, nous avons mis au débat nos réflexions et propositions pour les élections municipales.

Une ville accueillante

Ces dernières années, le développement nantais a reposé sur le modèle de l’attractivité de la ville et de la métropole. Nous préférons parler de ville accueillante, une ville qui réponde aux besoins de tous ses habitants plutôt qu’une ville qui serait réservée aux « meilleurs ». Nous ne nous retrouvons pas dans l’idée de la compétition entre les villes, entre les territoires, entre le très urbain et le très rural. Compétitivité, attractivité, métropolisation, excellence (quatre termes formant significativement l’acronyme CAME)* : l’histoire des grandes villes et de la métropolisation porte en elle l’idée d’avoir en son sein le meilleur et de ne laisser aux autres territoires que ce qui serait moins bon. Au contraire, la solidarité entre territoires doit permettre d’accueillir tous les habitants, et d’améliorer leur quotidien. Se déplacer, se loger quel que soit son budget, se soigner, trouver une place en crèche, laisser son enfant dans une cantine qui tend vers 100 % de produits bio et locaux, voilà les sujets très concrets qui doivent guider la gauche municipale.

Nous proposons aussi d’aller vers la gratuité des transports, mesure sociale, écologique et sanitaire. Il faut limiter la place de la voiture en ville. Partout où la gratuité des transports a été instaurée, la fréquentation a augmenté. Bien manger, se loger décemment ne doivent pas être réservés à quelques-uns ; respirer un air sain, éviter les embouteillages non plus. Nous souhaitons que ce sujet soit le thème d’un grand débat avec les habitantes et les habitants. Nous souhaitons que la démocratie participative ne se limite pas à la consultation sur des aménagements de quartier. Il est nécessaire d’impliquer davantage les habitantes et les habitants en discutant des grands projets et en leur donnant voix au chapitre, notamment via des référendums.

Construire et densifier

Certains Nantais sont propriétaires. D’autres sont locataires, au prix du marché libre ou dans des logements sociaux. D’autres encore ne réussissent pas à trouver de logement adapté à leurs besoins ni à leur budget, les prix de l’immobilier – en forte hausse ces dernières années – étant trop élevés. Chacun doit pouvoir habiter à Nantes s’il le souhaite. Les revenus ne peuvent empêcher d’y loger, alors même que la ville concentre les emplois. Le logement est un élément-clé de l’action municipale, un levier social et écologique. Il faut construire des logements adaptés à tous les besoins. Étudiants, personnes seules, familles, personnes précaires, salariés : il faut que la construction s’adapte à la demande, pas aux nouveaux dispositifs de défiscalisation.

Nous n’avons pas peur de dire qu’il faut densifier. Il faut continuer à construire des logements en ville pour lutter contre la hausse des loyers générée par la pénurie. Construire ne signifie pas uniformiser la ville. Densifier dans les centres est la meilleure manière de lutter contre l’étalement urbain des logements ou des centres commerciaux en périphérie. Il faut préserver des îlots de nature et de fraîcheur, planter des arbres. La nature doit avoir sa place en ville, surtout à l’heure du dérèglement climatique.

Tout cela doit se faire de façon planifiée et régulée par l’action municipale, menée dans l’intérêt général et en concertation avec la population, en maintenant à distance les intérêts privés des promoteurs.

Une action municipale forte

Les mairies sont les premiers lieux de proximité. Il doit y avoir une mairie annexe dans chaque quartier, premier lieu d’accueil et d’écoute des habitants.

Seule une action municipale forte peut atténuer les attaques du gouvernement. Nous devons renforcer les services publics présents dans la vie quotidienne des habitants : crèches, écoles, alimentation saine, transports, logement, sûreté et propreté. Ces deux derniers thèmes sont importants à Nantes. S’agissant des missions municipales, les faits de petite délinquance ont augmenté. La ville doit recruter des médiateurs de rue, des éducateurs et des éducatrices, des policiers de proximité. Elle doit être ferme dans ses relations avec l’État pour lui rappeler autant que nécessaire ses obligations.

L’alimentation saine est nécessaire. Manger bio et local ne doit pas être réservé à une « élite » économico-culturelle.

Voici la base des échanges que nous avons eus avec les différents interlocuteurs de la gauche nantaise et avec la maire sortante, Johanna Rolland. Les discussions ont porté sur le contenu.

Après plusieurs mois de discussion, nous faisons le choix de rejoindre la démarche de rassemblement engagée par la maire sortante. En cohérence avec le contenu des échanges et avec l’objectif d’union dès le premier tour, nous nous engageons dans la bataille électorale auprès d’elle. La liste est constituée pour un tiers de membres du PS, un tiers de sans-étiquette, un tiers divers gauche (Place publique, Territoires 44, UDB, Génération.s, PCF, GDS, GRS). Elle est soutenue par Nouvelle donne.

Le programme intègre certaines de nos propositions sur le thème de l’alimentation locale, la bataille contre la désertification médicale en ville, la proximité avec les habitants, la construction de logements. Sur la gratuité des transports en commun que la GDS semble seule à défendre (ni EELV, ni « Nantes en commun∙e∙s » ne la défend), la maire y a répondu par sa proposition de gratuité les week-ends. C’est un premier pas. À l’issue des assises de la mobilité durable proposées par la candidate Johanna Rolland, nous souhaitons que les citoyennes et les citoyens soient consultés.

Nous avons deux candidates en position éligible. Et nous nous exprimons dès maintenant pour l’unité de la gauche au deuxième tour.

* Voir à ce titre Olivier Bouba-Olga et Michel Grossetti, « La mythologie CAME  : comment s’en désintoxiquer ? », 2018 (https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01724699v2).

Cet article de nos camarades Nadège Boisramé et Marlène Collineau a été publié dans le numéro de février de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

 

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