GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Elections municipales

À Avignon et Marseille, la gauche désunie

À Marseille comme à Avignon, trois listes se réclamant de la gauche se présenteront aux suffrages des électeurs, le 15 mars prochain. Vu le mode de scrutin qui prévaut aux élections municipales, on ne peut guère se tirer dans le pied d’une manière aussi efficace... Comment a-t-on pu en arriver là alors que notre famille politique est également sinistrée dans ces deux villes après les défaites enregistrées lors des derniers scrutins tant locaux que nationaux ?

À Avignon, alors que la droite dite républicaine est très affaiblie, que la République en marche est quasi absente et que le RN enregistre des scores importants (26 % aux européennes), les électeurs de gauche auront le choix au premier tour entre la liste de la maire sortante Cécile Helle – soutenue entre autres par le PS et le PCF, plus quelques anciens du Front de gauche non-communiste –, une liste EELV renforcée par des élus sortants dissidents du PS et du PCF et une liste France insoumise, NPA et « citoyenne ». N’en jetez plus, la cour est pleine !

On y divise tous en rond

Comment expliquer une telle profusion dans le chef-lieu d’un département ou le RN caracole en tête à chaque élection depuis 25 ans maintenant ? Certes, la gestion de la sortante ne fut guère participative, et elle a commis des erreurs dans sa gestion des manifestations des Gilets jaunes et dans l’accueil des migrants. Mais elle n’en a pas moins un bilan « convenable » avec la re-municipalisation des cantines, un centre-ville indéniablement embelli et des quartiers qui ont fait l’objet de nombreuses réalisations. La GDS a tenté, avec des insoumis, des communistes et Génération.s, de former une liste d’union, sans succès.

L’explication de la division est à chercher plutôt dans les scores réalisés par Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle pour la France insoumise et par Yannick Jadot aux européennes. Émoustillées par ces deux succès, ces organisations veulent capitaliser ces résultats favorables avec les municipales. Petits calculs qui risquent de produire de grands effets. Nul ne peut aujourd’hui prédire comment tout cela finira. Tout dépendra du premier tour. La FI a d’ores et déjà annoncé qu’elle se maintiendrait si elle en avait les moyens. Pour les listes Helle (PS-PCF) et EELV, tout dépendra du score réalisé par chacune et l’ordre d’arrivée au sein de la gauche. Le pire n’est pas avéré, la division l’a juste rendu possible...

Et à Marseille ?

Nous épargnerons au lecteur les bouillabaisses, sardines et autres histoires marseillaises... La situation se porterait pourtant à de telles métaphores. Alors que la gestion de Jean-Claude Gaudin est calamiteuse, alors que, le 5 novembre 2018, un immeuble s’est écroulé rue d’Aubagne provoquant la mort de huit personnes* et alors que des milliers de gens ont été délogés pour cause d’insalubrité ou de péril, les dirigeants de la gauche marseillaise n’ont pas été capables de s’unir pour offrir une alternative crédible à Martine Vassal. Trois listes sont en lices : celle de l’écologiste Sébastien Barles, dont une partie de son mouvement a fait sécession ; celle de l’inénarrable Samia Ghali soutenue par Ségolène Royal, toujours à l’affût d’un bon coup politique ; et celle du « Printemps marseillais » conduite par Michèle Rubirola, dissidente d’EELV car favorable à l’union des forces de gauche.

Le « Printemps marseillais » représente une tentative d’union malheureusement incomplète mais essentielle pour la victoire. Il regroupe des socialistes, des communistes, des Verts – dissidents donc –, des insoumis et des membres des différents collectifs dont celui du 5 novembre, formé au lendemain de la tragédie de novembre 2018. La République en marche est marginalisée, le Rassemblement national au plus haut, avec un candidat maire de secteur, et la droite connaît elle aussi la division avec la liste de Bruno Gilles, sénateur et premier adjoint de Jean-Claude Gaudin de son état. Unis, tout nous serait donc possible ; divisés, c’est forcément plus difficile, même si l’unité partielle réalisée par le « Printemps marseillais » a enclenché une dynamique favorable qui le place, à ce jour, en tête des listes de gauche dans les intentions de vote.

Tout reste possible

Dans ces deux villes emblématiques pour le Sud-Est, il n’a pas été possible, malgré l’aspiration des électeurs de gauche, de former des listes plurielles. Rien n’est perdu, car l’unité partielle réalisée dans les deux cas a créé, semble-t-il, un élan populaire non négligeable. C’est particulièrement net à Marseille.

L’attitude des uns et des autres entre les deux tours sera évidemment un facteur déterminant pour la victoire qui aujourd’hui est encore possible. La gauche provençale joue là une partie décisive pour sa survie, car ses électeurs ne lui pardonneraient pas une nouvelle défaite. Tout est encore possible, mais quelle occasion gâchée, de se retrouver pour cette élection autour de l’intérêt supérieur des couches populaires que nous représentons.

* Voir notre article « Un drame évitable à plus d’un titre », Démocratie & Socialisme 260 décembre 2018, p. 6 (http://www.gds-ds.org/marseille-un-drame-evitable-a-plus-dun-titre).

Cet article de notre camarade Philippe Batoux a été publié dans le numéro de février de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

 

 

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