Si nous appelons à voter franchement Ségolène Royal dès le premier tour, nous ne sommes pas pour autant les Ségolobéats de la ségosphère...
Sarkozy, entre poudre aux yeux et boulets rouges sur la «génération CPE»
d'accéder à coup réduit sur tout le territoire européen
au réseau ferroviaire, aux musées, aux sites et monuments du
patrimoine européen”...merci, il s'agit bien de la carte d'identité,
qui aujourd'hui déjà permet de tels accès à la culture, en France
et en Europe, et souvent gratuitement...
financer leurs études : les bourses, et le prêt à taux zéro. S'appuyant
sur le rapport Wauquiez, Sarkozy présente quelques
modifications du système des bourses; il s'agit là de redistribuer
autrement l'argent, sous couvert d'une aide à un plus grand
nombre. S'alarmant des « vertigineux » 4.5 Mds d'euros dépensés
pour les aides (budgétaires, fiscales et sociales) aux étudiants
en 2004, Wauquiez propose non d'augmenter le montant
total de ces aides mais une « allocation d'études remboursable
pour tous » qui correspond au « contrat d'autonomie avec
l'Etat » de Sarkozy : un prêt à taux zéro pour que les étudiants
puissent financer leurs études. Jolie autonomie que
de faire un emprunt...qu'il faudra rembourser. Jolie morale
capitaliste qui en quelques années est passée du “travaille et
tu seras riche” au “travaille et tu pourras nous rembourser”.
également un “contrat d'autonomie avec l'Etat” : une
rémunération pour rechercher un emploi...à rembourser. La
crise du CPE ne lui a donc pas fait comprendre que ce que
cherchent jeunes et chômeurs, c'est un emploi stable, tout
de suite, et non une dette à contracter ?
» seront accordés aux « universités qui s'engagent
sur la voie de l'autonomie », « le financement de
l'enseignement supérieur par l'Etat prendra en compte les
résultats des établissements et des filières dans l'insertion
professionnelle des étudiants ». Au « retrait du système
LMD» inscrit sur la plateforme de Toulouse lors du
mouvement du CPE, Sarkozy répond par une volonté
d'autonomie toujours plus grande des universités qui
aura entre autre pour conséquence : la disparition des
petites universités, moins compétitives, l'exacerbation
de la compétition entre les universités, leur soumission
aux besoins des entreprises en exerçant une pression
financière, ce qui ne peut qu'aboutir à favoriser les
études courtes et à étouffer encore plus la recherche
fondamentale.
Ségolène Royal a entendu la jeunesse mais lui
répond qu'a demi mot
Royal propose “la gratuité totale des soins pour les
moins de seize ans et la carte santé pour les jeunes
de 16 à 25 ans” ainsi que le “droit à la contraception
gratuite pour toutes les jeunes filles de moins
de 25ans”. Si l'on peut saluer
cette volonté d'effort
en matière de santé, une première
question est de savoir qui paye ? La sécurité sociale?
Entendu, mais il faudra alors ne pas oublier de supprimer
les exonérations de charge. Une carte santé? à la place de
la couverture de la sécurité sociale (et de ses avantages)
ou en plus ?
abusent des stages et des emplois précaires”, vague et
insuffisant terme que la notion d'abus...n'est-il pas plus
simple d'exiger que les stagiaires aient les mêmes droits
que tous les travailleurs, et de supprimer toutes les formes
précaires d'emploi (le CDI pour tous?). On reconnaîtra à
Royal d'avoir la sagesse de ne pas proposer comme l'UMP
la multiplication des stages tout au long de la scolarité.
condition de ressource” : il s'agirait donc d'un système de
bourse étendu aux non étudiants...mais ce que veulent les jeunes
travailleurs, c'est un emploi stable et justement rémunéré,
ce que veulent les étudiants c'est pouvoir étudier sans avoir
à travailler pour joindre les deux bouts, donc une allocation
d'autonomie mais la même pour tous et indépendamment du
revenu familial et d'un montant qui permet de vivre et d'étudier
correctement.
Le Service Civique Obligatoire : une nouvelle machine
pour apprendre aux jeunes à bien se tenir
Le 17 novembre 2005, en pleine crise des banlieues, le journal
“la Vie”, lançait une pétition à signer proposant d'instaurer un
service civique obligatoire. Signé aussitôt par de nombreux députés
de tous les partis politiques, dont Royal, Bayrou et Sarkozy,
le SCO, “fondé sur la mise en oeuvre de l'idée de fraternité
et de solidarité”, prit forme : tout jeune entre 18 et 25 ans devra
fournir un travail gratuit (indemnisé, par exemple de 300 euros
par mois dans le programme du PS) dans les secteurs de l'éducation
(soutiens scolaire), dans les hôpitaux, en animation, et même
dans les entreprises (orientées recherche et développement).
Mais quelle leçon de solidarité, de fraternité aurait donc à recevoir
une jeunesse qui en 2006 réussissait à réunir autour d'elle et faire
sortir dans la rue 2 millions de personnes ? Comment la jeunesse
pourrait-elle accepter de travailler gratuitement, comblant ainsi les
postes vacants et manquants dans de nombreux secteurs (hôpitaux),
substituant à des emplois qui devraient être créés son travail gratuit,
empêchant l'embauche de jeunes au chômage? Tous les partis ont à
leur programme le SCO; la colère qui monte chez les jeunes fait que
la mise en place du SCO prendrait des formes diverses dont nous ne
devons pas être dupes (service civique volontaire puis obligatoire
pour Sarkozy et Royal). La colère manifeste du MJS a eu pour conséquence
la disparition, dans le discours à la jeunesse faits par Royal à
Grenoble, dans les 100 propositions de Villepinte, du terme « service
civique». Mais ce projet est toujours d'actualité, notamment dans le
rapport Kouchner. C'est en nous exprimant dès aujourd'hui contre le
SCO et contre toute autre forme de service civique que nous seront à
même de faire avorter sa mise en place.
S'il veut que les étudiants votent pour sa candidate, le PS doit
mettre en avant des revendications clairement distinctes de
celles de Sarkozy (et de Bayrou), et éliminer ainsi de son programme
le prêt à taux zéro (qu'il faudra rembourser), proposer
l'abrogation de la réforme LMD, rejeter toute autonomie des
universités (Royal parle d'«autonomie dans un cadre national»).
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