GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Jeunes

François Bayrou, le braqueur du centre

Au début, ça faisait rire. Ensuite, ça nous a laissé sceptique. Désormais que l'hypothèse de son élection à la présidence de la République est crédible, on se demande si on est bien en France, ou si le plus gros navet de l'histoire politique de ce pays n'est pas en train de s'écrire.

Son programme, à Bayrou, est un abysse insondable: faire travailler «les meilleurs ensemble». Par «meilleurs», naturellement, il entend tous ceux qui étaient proches du centre dans les précédents gouvernements de droite et de gauche. Pourquoi n'y avions nous pas pensé! Si ces gouvernements ont largement échoués, c'est tout simplement que les centristes qui s'y trouvaient étaient mal accompagnés!

A trop travailler avec des tocquards, on obtient des résultas de tocquards! D'où l'idée de prendre les «meilleurs». La nouvelle méritocartie politique aurait pour socle le centre. Mais c'est quoi le centre?

C'est une région, un point géométrique, il peut être commercial ou bien bancaire... mais en politique? La meilleure manière de le savoir reste d'aller voir quelle gueule il a, ce centre, où il cartonne en ce moment. Figurez-vous que la méthode Bayrou, elle est appliquée diversement tout près d'ici.

Allemagne: pour faire face à une chambre introuvable lors des dernières élections au Bundestag, une coalition nationale a vu le jour, où tous les «meilleurs de droite et de gauche», comme dirait le béarnais, ont été mis dans le même gouvernement. Résultat: une bonne vieille politique de droite, bien antisociale, qui applique à la lettre le programme des libéraux en matière de disparition des services publics, d'assèchement des salaires, de réduction du code du travail à une peau de chagrin etc.

Italie: Pour battre «Il Cavaliere» Berlusconi, la gauche s'est mise sagement sous la banière de «Mortadelle» Prodi, le Bayrou local. Résultat: une polique de droite.

Les partis de gauche, comme Rifondazione (PC), se taisant piteusement de peur d'être accusés d'être à l'origine du retour de Berlusconi aux Affaires.

En politique, le centre mène toujours à droite, c'est un principe qui se vérifie à chaque expérience. Ceci étant étant dit, Bayrou n'en fait pas un moins un tabac! La raison de cette réussite est malheureusement trés simple: Ségolène ne fait pas recette auprès de l'électorat de gauche, qui s'amuse à se faire peur en se disant que, pourquoi pas, le centriste, après tout, quitte à élire quelqu'un qui s'en tape des électeurs... Le problème est bien l'orientation pas franchement Révolutionnaire de la camarade Royal qui ne cherche pas à se mettre au diapason de l'électorat de gauche, celui-là même qui a asséné des raclées électorales à la droite aux élections régionales et européennes.

Il suffirait pourtant de peu: abrogation des lois sur les retraites, la sécu, la sécurité et la justice, l'école; bref, balayer les cinq années catastrophiques que nous venons de vivre et s'engager dans la transformation sociale, celle désirée par les travailleurs de ce pays qui l'ont largement exigée dans toutes les mobilisations et luttes de ces dernières années.

Bayrou s'en fout des aspirations majoritaires du peuple, Bayrou se cherche un destin, il est comme les autres touché par le «syndrôme bonaparte» bien connu chez les leaders politiques sous laVe République. Tient, j'entend dire qu'on parle de VIe chez Royal... c'est pas encore la Sociale, énième entourloupe que cette propsition, mais le combat pour la Sociale est un combat deux fois centenaire dans ce pays, et elle ne viendra ni du centre ni de la droite, ce sera à nous de l'imposer... Aujourd'hui, cela commence commence par virer la droite, Bayrou compris.

Unité

Bayrou en bref


Pour savoir qui est vraiment un homme, il faut regarder son oeuvre.

Politiquement,

Bayrou n'aura pas laissé grand chose dans sa vie pour l'instant. La fondation de l'UDF avec l'ami des travailleurs qu'est Alain Madelin et la tentative de réforme de la loi Falloux.

Nommé en 1993 Ministre de l'Education d'Edouard Balladur, il veut alors intégrer au budget de l'État les investissements et la construction des établissements d'enseignement confessionnel, et intégrer à l'Éducation nationale les enseignants du privé. Bref, faire rentrer le loup dans la bergerie en entamer la destruction de l'école laïque. Bayrou est un cul-béni doublé d'un clérical. Le 24

janvier 1994, un million de Français manifestent pour défendre l'école laïque et Bayrou doit retirer son projet.

Les enseignants devraient se rappeler que Bayrou les a poussé à défendre laloi Falloux, loi anti-laïque, pour éviter qu'elle ne soit aggravée!

Certes, les hommes changent, peuvent changer, et il faut laisser ce crédit à tout individu. Bayrou, l'ancien ministre de Balladur, qui a soutenu celui-ci à la présidentielle de 95 aux côtés de Sarko, puis ministre de Juppé jusqu'en 97, semble moins excité que Sarkozy dans le registre droitier. Mais il ne fera croire à personne avec son passé politique et ses hauts-faits qu'il est prêt à mener une politique de gauche.

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