Retour sur une période riche en débats
Un document de présentation de la GDS l’annonce clairement : « Les forces de gauche sociale et écologique, représentant le salariat dans sa diversité, sont aujourd’hui dispersées, et nous œuvrons pour qu’elles se reconstruisent un avenir commun. Nous militons pour une maison commune, permettant l’expression des diverses sensibilités ET l’unité d’action ».
C’est peu dire que l’unité fait partie de l’ADN de la GDS, « le réseau qui se bat pour l’unité de la gauche […] sur un véritable programme de transformation sociale ».
Le quinquennat de François Hollande, le Président qui a trahi la gauche, a entraîné l’implosion de notre camp. Certaines forces ont alors théorisé que l’unité de toute la gauche n’était plus possible. Conséquence : l’absence de la gauche au deuxième tour des présidentielles de 2017, puis un groupe de députés de la France insoumise (FI) de « seulement » 17 députés après les sept millions de voix qui s’étaient portées sur Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles.
Unitaires pour deux, pour trois et plus encore !
Une inflexion dans la stratégie de la FI s’est produite à partir des régionales de 2021, pour lesquelles elle a proposé des listes communes à EELV, au PC, à Génération.s et y compris à la GDS. Le PS était exclu de cette proposition d’accord. Cela a permis notamment à nos camarades d’Occitanie de faire liste commune avec la FI, l’accord avec Carole Delga étant jugé impossible.
Comme toutes les forces de la gauche, nous avons également reçu un courrier de Jean-Luc Mélenchon nous invitant à débattre de l’Avenir en commun (AEC), le programme de la France insoumise. Mais il n’y était pas question d’échange sur nos programmes réciproques. Encore moins de travailler à un programme commun.
Depuis plusieurs années, la GDS proposait à toutes les organisations de la gauche sociale et écologique de mettre sur pied un comité de liaison, pour pouvoir mener des campagnes communes (sur les points d’accord) et de débattre de nos points éventuels de divergences. Il faut constater que nos efforts n’ont pas été couronnés de succès (hormis quelques communiqués communs) : les responsables, que ce soit ceux d’EELV ou de la FI, étaient persuadés que leur parti allait pouvoir seul s’imposer comme la force principale de la gauche. Quant aux « petites » formations, la plupart d’entre elles regardaient soit vers la FI, soit vers les Verts, mais ne croyaient pas au rassemblement possible de toute la gauche (même si certains disaient le souhaiter, comme Génération.s par exemple).
Cela nous a pourtant permis de publier avec trois groupes, Nouvelle Donne, Ensemble sur nos territoires et Allons Enfants, un programme de rassemblement social et écologiste, alors que la division faisait encore rage au sein de la gauche.
Légitimes débats internes
C’est unanimement que la GDS s’est investie dans les appels à l’unité que ce soit Unité et alternative (UNALT) ou 2022 Vraiment en commun (2022 VEC). Ce travail avec des militants unitaires venant de différentes sensibilités de la gauche se poursuit, et c’est tant mieux. Notre participation à la Primaire populaire (et surtout à sa dernière phase avec la désignation de Taubira) a été plus discutée dans nos rangs. Était-ce contradictoire avec une participation à la dynamique qui commençait autour de la candidature de Mélenchon ? Fallait-il poursuivre le plus longtemps possible la bataille pour l’unité, ou fallait-il d’ores et déjà appeler à voter Mélenchon et s’inscrire dans sa campagne ?
Après une consultation des adhérentes et adhérents de GDS, tout en recherchant au maximum le consensus au sein de l’Équipe d’animation nationale (EAN) de la GDS, nous avons appelé à voter pour celui qui était le « candidat le mieux placé, Jean-Luc Mélenchon ». Une rencontre nationale FI-GDS officialisa alors la participation de notre réseau au Parlement de l’Union populaire.
Après les présidentielles, Mélenchon opéra un tournant pour ne pas revivre 2017. Finies les exclusives vis-à-vis du PS pour peu (et c’est bien normal) qu’il y ait un accord sur un programme, et donc abandon de l’injonction « le programme de l’AEC comme seule base possible d’un accord ». La coalition FI-EELV-PC-PS a pu alors voir le jour et donner naissance à la NUPES. La division est morte ! Vive la NUPES !
La campagne des législatives dans le cadre de la NUPES a permis plusieurs semaines d’activisme intense, permettant à des militantes et militants aux histoires et aux sensibilités différentes d’agir ensemble. Les débats à gauche, et donc au sein de la GDS, ne seront plus exactement les mêmes, puisqu’il s’agit maintenant de faire vivre la NUPES, et la consolider comme « maison commune » de la gauche, pluraliste et démocratique.
Cet article de notre camarade Eric Thouzeau a été publié dans le numéro 296 (été 2022) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).