GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Écologie

Qualité de l’air : un problème de santé publique majeur

Au milieu des nouvelles écologiques catastrophiques de l’été, il est un phénomène passé largement sous les radars médiatiques : la dégradation de la qualité de l’air que nous respirons, quasiment sur l’ensemble du territoire hexagonal à certains moments, mais également à l’échelle de la planète.

Si depuis plusieurs années la qualité de l’air avait plutôt tendance à s’améliorer, sous l’effet de diverses actions, notamment sur les émissions de particules fines, celle-ci est désormais menacée par le « contrecoup climatique ».

Air et réchauffement

Dans son bulletin annuel, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) alerte sur la dégradation de la qualité de l’air impliquée par le réchauffement climatique, et ses conséquences sur la santé humaine et les écosystèmes. Selon les projections pour ce siècle, une hausse de la fréquence des canicules et des feux de forêt se traduira par une dégradation de la qualité de l’air, avec un impact important sur la santé des êtres humains.

Une « dynamique de renforcement mutuel entre la pollution et le réchauffement de la planète » va entraîner un « contrecoup climatique », accentuant la production d’ozone au niveau du sol, dont pâtiront des centaines de millions de personnes, selon l’agence de l’ONU. L’accumulation de méga-feux de forêts, particulièrement dans l’ouest de l’Amérique du Nord, en Sibérie, en Amazonie et en Australie, provoque une augmentation considérable des taux de particules fines (PM2,5).

Le fléau de la pollution de l’air

Aujourd’hui déjà, la menace insidieuse, parce qu’invisible, de la pollution de l’air, provoque de nombreuses maladies (pathologies chroniques cardiovasculaires, respiratoires, AVC et cancers) et beaucoup de morts prématurées.

Pour la seule Île-de-France, région parmi les plus polluées principalement à cause du trafic routier, 6 220 personnes sont mortes en 2019 en raison d’une exposition prolongée aux seules PM2,5. Ces particules fines, issues essentiellement de la combustion de combustibles fossiles, sont particulièrement préjudiciables à la santé car elles se logent profondément dans les alvéoles pulmonaires. Et ce, sans compter deux autres principaux polluants de l’air dangereux pour la santé, l’ozone et le dioxyde d’azote, qui sont, eux, à l’origine de près de 5 400 décès.

À l’échelle du pays, le nombre de victimes la même année – où l’on remarquait pourtant une baisse notable – s’élevait encore à 30 000. L’Agence européenne de l’environnement (AEE) en comptait alors 307 000 dans toute l’Union européenne. Dans le monde, sept millions de morts sont attribuables à la pollution de l’air tous les ans. Presque autant que les victimes du tabagisme ou de la mauvaise alimentation.

Il est bien sûr à craindre que ces chiffres augmentent, compte tenu de l’évolution du contexte climatique. D’autant que les dernières données épidémiologiques montrent que la pollution de l’air a des effets néfastes sur la santé à des concentrations plus faibles qu’on ne le croyait auparavant.

Impact socialement différenciée

La pollution de l’air reste la menace environnementale la plus importante pour la santé des Européenne et des Européens, et l’une des plus sérieuses au plan mondial. Mais elle est aussi profondément ségrégative et touche bien davantage les populations les plus pauvres et les plus fragiles socialement. Par exemple, 60 000 habitants d’Île-de-France sont toujours exposés à des concentrations dépassant la valeur limite réglementaire française et européenne pour le dioxyde d’azote (NO2), le long des grands axes de circulation comme le périphérique et l’autoroute A1. La situation est la même dans la plupart des grandes zones urbaines. Et elle est bien plus grave dans d’autres régions du monde.

Agir plus fort et plus juste

Si la lutte contre la pollution de l’air mise en place par les collectivités, l’État, les associations de protection de l’environnement et les acteurs économiques a eu quelques effets positifs les années précédentes, l’inaction climatique actuelle d’Emmanuel Macron et de ses gouvernements est catastrophique : tout retard pris se paiera cash. La dimension systémique des phénomènes auxquels nous sommes confrontés est indéniable. Pour lutter contre la pollution, il faut aussi agir réellement et d’urgence contre le réchauffement climatique !

Il faut mettre en place des plans ambitieux intégrant des investissements massifs pour impulser les transformations dans les principaux domaines ayant un impact : chauffage et isolation des bâtiments, mobilités, agriculture, industrie. Mais il faut aussi prendre en compte les enjeux sociaux dans l’élaboration de ces politiques, appliquer les exigences de justice sociale aux mesures de réduction du trafic routier, accompagner socialement les changements de mobilités, mieux protéger la santé des enfants… Et comme la pollution n’a pas de frontières, il est indispensable également de coordonner les actions avec les autres pays, en Europe et plus largement, comme le réclamait récemment le Secrétaire général des Nations Unies.

Cet article de  notre camarade Christian Bélinguier a été publié dans le numéro 298 (octobre 2022) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS

La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…