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Priorités de la NUPES : demandez le programme !

La NUPES vient de rendre public son « programme partagé » présenté comme un contrat de gouvernement engageant tous les membres de la coalition. Et, ô surprise, le programme de la gauche unie sur une orientation de gauche est un programme… de gauche !

Le texte commence bien. Dans son introduction, Jean-Luc Mélenchon évoque un « jour nouveau » où sera enfin « donnée la priorité aux ruptures écologiques et sociales que notre époque impose quand s’installe le changement climatique et se répandent des inégalités de fortunes telles que vingt personnes possèdent autant que trois milliards de leurs semblables ». « Un autre monde est possible » n’est plus une formule altermondialiste incantatoire ou un simple slogan électoral, c’est désormais le cœur du nouveau programme commun de la gauche.

Des mesures-clés

Les fondamentaux du « social au cœur » défendus par la GDS depuis tant d’années se retrouvent presque tels quels dans le texte de la NUPES. Dans la première section du premier chapitre, on lit avec satisfaction que sera convoquée une conférence nationale qui abordera « le rétablissement de la durée effective hebdomadaire du travail à 35 heures […], le passage aux 32 heures dans les métiers pénibles ou de nuit immédiatement, et leur généralisation par la négociation collective [ainsi que] la réduction du temps de travail annuel (sixième semaine de congés payés, etc.) ». Le CDI est ensuite défini comme « la forme normale et générale de travail ». Suivent les clauses instaurant « un quota maximal de contrats précaires dans les entreprises » (10 % pour les PME et 5 % pour les grandes), puis annonçant l’abrogation des ordonnances Pénicaud et de la loi El Khomri.

Le programme prône également la hausse du Smic à 1 500 euros nets mensuels, la limitation de l’écart salarial de 1 à 20 entre le plus bas et le plus haut salaire d’une entreprise, l’égalité salariale femmes-hommes. Face aux partisans décomplexés du report de l’âge de la retraite à 65 ans, la NUPES affirme vouloir « restaurer le droit à la retraite à 60 ans à taux plein pour toutes et tous après quarante annuités de cotisation » en jouant essentiellement sur l’augmentation du taux de cotisation vieillesse. Défendre la cotisation sociale face au fossoyeur annoncé de la Sécu : tout un symbole !

Le programme annonce également l’instauration de la « règle verte », la mise en place d’une « planification écologique démocratique », le lancement d’un plan d’investissement de 200 milliards d’euros sur cinq ans, l’interdiction des licenciements boursiers, le vote d’une véritable loi de séparation bancaire, la mise en œuvre d’une « révolution fiscale », l’abrogation des contre-réformes Blanquer dans l’Éducation… Rien que du (très) bon !

De bonne méthode

À la lecture, le programme de la NUPES détonne également sur la forme, car chacun de ses huit chapitres se clôt par un pointage des questions qui font débat entre les différents partenaires. Dans l’introduction du texte, on peut lire cette explication éclairante : « Nous avons refusé les facilités des synthèses sans contenu pour masquer les désaccords lorsque nous ne sommes pas parvenus à les surmonter dans le bref délai dont nous disposions. En effet, sur quelques points du programme partagé de gouvernement – 33 sur 650 –, des organisations politiques qui soutiennent ce programme porteront dans le débat parlementaire des propositions pour les préciser ou les nuancer ».

Non content d’acter les divergences publiquement devant les électeurs, cette saine méthode fera de l’Assemblée un lieu d’échange, de débat et d’élaboration. Une rupture de plus avec le macronisme !

Cet article de notre camarade Jean-François Claudon a été publié dans le numéro de mai de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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