GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Écologie

Plus que jamais, agir pour la bifurcation écologique

L’élection législative qui a suivi la réélection d’Emmanuel Macron n’a pas permis l’émergence d’une majorité qui pourrait porter pleinement une politique globale clairement orientée vers l’indispensable bifurcation écologique et la réponse aux urgences sociales qui y sont liées.

Certes, la présence d’un fort contingent de députés de la NUPES sera un point d’appui considérable pour lutter contre des reculs majeurs et batailler pied à pied pour des mesures essentielles. Il y aura en tout état de cause besoin des mouvements sociaux et leur inventivité pour appuyer ce travail.

Dans ce contexte nouveau, tandis que les effets de la crise climatique s’accroissent de manière inédite, il va falloir trouver les moyens d’agir vite et sur différents niveaux pour impulser les actions et transformations nécessaires. Agir en articulant les interventions au niveau central, au niveau des collectivités locales et des mouvements ou structures impulsées par les citoyens.

L’inaction climatique continue

La volonté politique de nos gouvernants est largement soumise au poids des rouages du néolibéralisme et des lobbies qui y sont liés. Le dernier exemple en date au niveau européen est l’adoption de l’interdiction des véhicules à moteurs thermiques en 2035… avec une dérogation pour les véhicules de luxe ! Ahurissant et révoltant !

Autres exemples en date du 30 juin : le Secrétariat général à la planification écologique que Macron s’était engagé à mettre en place, ne sera pas à pied d’œuvre avant la rentrée de septembre, alors que le projet de loi de Finances sera déjà dans les tuyaux. Le Haut conseil pour le Climat, organisme indépendant voulu par Macron lui-même en 2019, a beau appeler, dans son quatrième rapport annuel, à « un sursaut de l’action climatique en France », le Président va signer un nouvel accord de libre-échange pour importer des milliers de tonnes de bœuf néo-zélandais...

Dans le camp de la NUPES

Pour autant, les élus de la gauche unie à l’Assemblée disposent de moyens non négligeables pour agir à leur niveau. Tout d’abord en s’opposant le mieux possible aux mesures néfastes que vont mettre en avant Macron et son gouvernement, particulièrement sur la question du nucléaire et du développement des EPR. Les députés de la NUPES peuvent également être force de proposition et d’action en soumettant des projets de loi et des amendements porteurs de la nécessité d’agir vite et fort. Par exemple une bataille pour la rénovation énergétique des bâtiments (en lien avec la recherche de sobriété énergétique), concrétisée par un programme ambitieux, planifié, chiffré, peut marquer les premiers temps du mandat. De même pour la réorientation de notre politique énergétique, de notre politique des transports, ou la réorientation vers l’agriculture écologique et paysanne des crédits de la PAC par la révision du Plan stratégique national, ou encore une stratégie pour la localisation sur l’ensemble des territoires de petites unités de production en lien avec la transition écologique, la création de centaines de milliers d’emplois dans l’agro-écologie…

Le rôle des collectivités locales

Le thème de la bifurcation écologique illustre à merveille l’importance des territoires dans la lutte contre le changement climatique. Lors de la dernière COP, près de 400 délégués des pouvoirs locaux étaient ainsi présents, et les réseaux de villes ou associations d’élus ont été très actifs.

Les villes sont particulièrement concernées par les effets de la crise climatique. D’ici 2050, plus de 1,5 milliard de personnes y seront exposées aux chaleurs extrêmes, et près d’un milliard aux inondations. Mais elles sont aussi responsables d’une énorme part des émissions de gaz à effet de serre (jusqu’à 70 %). Par ailleurs, elles détiennent des clés importantes pour agir sur des questions essentielles comme les transports et l’urbanisme. Toutefois, elles n’ont pas l’autonomie politique et les moyens pour agir seules et à la hauteur des enjeux. Leur dépendance à l’égard d’États tournant le dos aux réels enjeux sur ces questions marque toutes les limites de l’action locale. C’est en connaissance de cause que leurs élus ont revendiqué un siège à part entière dans les négociations de la COP, mais en vain… et qu’ils organisent début juillet une COP des villes.

Pourtant, l’échelon local apparaît majeur dans la mise en œuvre de politiques d’adaptation ou de réorientation (énergies nouvelles, localisations industrielles, agro-écologie...), en lien avec une planification écologique conséquente. Il apparaît aussi très important au niveau de la gestion démocratique des changements à impulser. Par exemple, si les orientations énergétiques majeures sont à appréhender nationalement, les projets et décisions d’implantation de champs de panneaux solaires ou d’éoliennes doivent faire l’objet de processus de co-construction à l’échelle locale, au plus près des besoins et des contingences, en s’extrayant des fonctionnements d’un système marchandisé fondé essentiellement sur la rentabilité.

Démocratie et mobilisation

Dans tous les cas, la prise en compte de l’avis des populations, leur association à la co-construction des projets locaux, leur implication dans une dynamique nationale, sont essentiels pour la réussite de la bifurcation écologique. Tout autant que la volonté politique et l’ambition de l’État pour impulser et orienter une planification écologique démocratique appuyée sur des moyens d’investissement massifs... et les diverses mobilisations citoyennes à tous les échelons.

Cet article de notre camarade Christian Bélinguier a été publié dans le numéro 296 (été 2022) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale.

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