Non à la banalisation du discours du RN, non aux amalgames !
Donald Trump est en passe d'être à nouveau élu. Il a sans doute réussi à capter le vote de ces millions d'américaines et américains qui souffrent du chômage ou de salaires trop bas. La gauche ne doit jamais oublier de mettre au cœur de son action la question sociale (voir l'article de cette info lettre sur la situation sociale dans notre pays : l'heure est au conflit). Le populiste d'extrême-droite Trump a aussi beaucoup utilisé la question des migrants. En France, comme dans beaucoup de pays, la droite reprend les thématiques de l'extrême-droite. Il nous faut résister pied à pied, c'est ce que nous invite à faire l'éditorial ci-dessous.
Nicolas Daragon est un proche de Laurent Wauquiez. Il est désormais ministre auprès de Retailleau et l’illustration d’un dévoiement total d’une droite complice de l'extrême-droite.
Le 2 novembre 2024, Nicolas Daragon, ministre chargé de la sécurité du quotidien, a pris la parole lors de la niche parlementaire du Rassemblement National (RN) à l’Assemblée nationale. « L’étranger qui assassine, dehors ! L’étranger qui viole, dehors ! L’étranger qui a un lien quelconque avec une entreprise terroriste, dehors ! L’étranger islamiste, dehors ! L’étranger voleur, harceleur, agresseur, trois fois dehors ! » Reprenant la répétition ternaire et les idées nauséabondes de son ministre de tutelle Retailleau, ce discours, non seulement hallucinant dans ses propos, racistes et xénophobes, est aussi profondément dangereux pour la cohésion sociale.
Une droite qui fricote avec le RN
Nicolas Daragon, choisit délibérément de diviser, d’exacerber les tensions, essentialisant les étrangers via des amalgames haineux.
Ce discours a évidemment trouvé un écho favorable parmi les députés du RN, qui n’ont pas hésité à applaudir les propos de Daragon. Une alliance de fait, qui démontre une fois de plus que la droite est plus que disposée à courtiser l’extrême droite, jusqu’à en adopter les codes et les valeurs.
Une autre vision de l’immigration
Pourtant, d’autres voix, comme celle de François Héran (*), professeur au collège de France, s’élèvent. Dans plusieurs de ses travaux, François Héran a insisté sur le fait que les migrations, loin d’être une menace, sont une chance, contrairement à ce qu’affirme Retailleau, par exemple, décidément sur la même longueur d’ondes que son ministre délégué.
Accueillir les migrants, ce n’est pas seulement une question de dignité humaine, c’est aussi une nécessité pour le dynamisme et l’avenir de la France, qui a toujours été une terre d’accueil.
Les travailleurs migrants, qu’ils soient venus d'Afrique, d’Asie ou d’Europe, ont contribué et contribuent à faire tourner le pays – aides-soignants, médecins, plaquistes, ...- et à enrichir son patrimoine culturel… Encore faut-il qu’ils aient le droit de travailler !
La France ne se résume pas à un "nous" figé
Le discours de Daragon ne fait que renforcer cette idée nauséabonde d'une identité française exclusive, qui refuserait toute évolution, tout métissage, toute rencontre avec l'Autre.
En s’alliant aux thèses du RN, il nie une part essentielle de l’histoire et de l’âme de notre pays : la France n’a jamais été une "France pure", un "nous" figé et immuable. Nous sommes les héritiers de siècles d’échanges, d’immigrations et de rencontres. Notre richesse ne réside pas dans l’uniformité mais dans la diversité.
À l’heure où les idées de l’extrême-droite gagnent du terrain, il est plus que jamais crucial de rappeler qu’on ne se définit pas par ses peurs, mais par sa capacité à accueillir, à rassembler et à vivre ensemble. Ce n’est pas en rejetant l’Autre, en érigeant des murs idéologiques et politiques, que l’on garantira la sécurité du quotidien, mais en en travaillant à l’intégration, à l’égalité des droits et à la justice sociale.
(*) François Héran Migrations et sociétés