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International – Europe

Marwan Barghouti : ensemble pour le libérer… et le sauver !

Aujourd’hui, le dirigeant de gauche palestinien Marwan Barghouti est en grand danger. Aux dernières nouvelles, sa vie même est menacée. En France, le Nouveau Front populaire doit de toute urgence mettre sur pied une campagne pour obtenir sa libération immédiate.

Profitant du fait que les projecteurs internationaux sont rivés sur Gaza, sur la Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et de plus en plus sur le Sud-Liban, les fascistes israéliens sont prêts à tout pour pousser toujours plus loin la ligne d’avantage. Les assassinats ciblés qu’ils opèrent nous font craindre le pire pour la vie de Marwan Barghouti.

Le « Mandela palestinien »

Dirigeant de la première, mais aussi et surtout de la seconde Intifada, il est emprisonné dans les geôles israéliennes depuis maintenant 22 ans. Il est à la merci des tenants de l’éradication de la présence palestinienne en Palestine. Netanyahou a accepté de relâcher le chef du Hamas, Yaya Sinwar, en 2011, mais il n’a jamais voulu libérer Barghouti, tant il apparaît comme LA solution pour sortir du conflit – ce que « Bibi » ne veut à aucun prix. En 2019, ne déclarait-il pas cyniquement : « Quiconque veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le Hamas. Cela fait partie de notre stratégie »1 ?

Député au Parlement palestinien, Marwan Barghouti est le dirigeant le plus populaire dans la rue palestinienne. Favorable au processus de paix, il refuse le terrorisme contre les civils israéliens, mais est favorable à la lutte ouverte contre la colonisation et les colons. Interrogé en 2002 sur cette question, il affirmait ceci : « Alors que moi-même, ainsi que le Fatah dont je suis membre, nous nous opposons fermement aux attaques et à la prise pour cible de civils à l’intérieur d’Israël, notre futur voisin, je me réserve le droit de me protéger, de résister à l’occupation de mon pays et de me battre pour ma liberté ». Il ajoutait même : « Je ne suis pas un terroriste, mais pas non plus un pacifiste. Je suis simplement un gars normal de la rue palestinienne défendant la cause que tout autre opprimé défend : le droit de [s]’aider en l’absence de toute aide venant d’ailleurs »2.

Les menaces se précisent

Sous prétexte d’avoir eu accès par erreur à un repas carné alors que, dans les prisons israéliennes, seuls les Israéliens juifs ont droit à de la viande3, Marwan Barghouti a été transféré dans une prison aux conditions plus drastiques encore. Selon ses proches, il a été violemment passé à tabac par ses gardiens après son arrivée sur son nouveau lieu de détention, où il est soumis à un régime extrêmement sévère. En contravention des conventions internationales, il est actuellement maintenu dans un état d’isolement absolu dans une cellule sans lit et sans fenêtre.

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, le raciste et ultranationaliste Itamar Ben-Gvir, a commenté ainsi ces faits gravissimes : « Un nouvel et bon état esprit est entré au service des prisons. Ce qui s’est passé ne se reproduira pas. L’époque où les terroristes recevaient des friandises sans que personne n’en paye les conséquences est révolue »4. Un tel mépris des droits humains n’a pas leur place dans un pays qui se prétend démocratique.

Partisan d’une Palestine démocratique et laïque, ennemi déclaré des islamistes, tout à la fois partisan du processus de paix et héraut de la lutte de libération nationale, Marwan Barghouti est donné par certains sondages à 53 % d’intentions de vote dans la perspective d’une éventuelle présidentielle palestinienne. Très critique à l’égard de la corruption du Fatah, il a créé en 2005 son propre parti avec les cadres les plus combatifs de son ancienne formation politique. Depuis 2016, il dénonce ouvertement les compromissions d’une Autorité palestinienne passée, selon lui, « de meneur de la libération à médiateur de l’occupant ».

Barghouti est peut-être le seul homme capable de parvenir un jour à une issue politique et pacifique – ce que ne veulent ni les dirigeants d’extrême droite israéliens ni les leaders islamistes palestiniens. C’est pourquoi il est devenu l’homme à abattre pour Netanyahou et ses amis.

Sauvons Marwan !

Nous ne pouvons accepter d’être complices des tentatives d’assassinat contre Marwan Barghoutti. Chaque jour nous est compté pour lui sauver la vie.

À Toulouse, une réunion de mise en place d’un Collectif départemental « Vie sauve et libération de Marwan Barghouti » s’est tenue le lundi 7 octobre. Au plan national, la Gauche démocratique et sociale fait la même proposition unitaire aux organisations du Collectif pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.

Cet article de notre camarade Pierre Timsit a été publié dans le numéro 318 (octobre 24) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

1.Cette citation qu’on lui prête, mais qui n’est pas attestée, daterait de mars 2019.

2.Entretien publié dans le Washington Post du 16 janvier 2002.

3.Voir « Massacre et nettoyage ethnique », D&Sn° 317, septembre 2024, p. 20-21.

4. Ces propos scandaleux ont été rapportés, en mars dernier, par Israel Hayom, un quotidien hébreux classé à droite

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