GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

À Gauche

Fête de L’Huma 2024, un millésime d’exception

La Fête de L’Huma se tenait pour la troisième fois sur la base militaire de Brétigny, loin de la Courneuve. Énormément de monde, notamment aux débats organisés par les nombreux stands, mais aussi beaucoup de colère et de combativité face au déni de démocratie de Macron. Reportage.

À l’heure où certaines et certains font les vendanges, d’autres goûtaient déjà la cuvée 2024, à Brétigny, dans l’Essonne. Celle concoctée par la GDS, avec L’Après et Ensemble!, avait une saveur particulière. Qualité des débats, confirmation du rapprochement des unitaires, diffusion de la revue D&S et attrait de nos librairies militantes, ambiance festive et camaraderie : tout a concouru à la réussite de notre stand commun.

Du beau monde

Deux mots sur notre stand, pour commencer. Spacieux, permettant d’accueillir une assistance nombreuse dans une ambiance conviviale, puisque les tables de presse et le bar-snack faisaient avantageusement face à la tribune, il était par ailleurs idéalement situé. À notre gauche (géographique), le stand de Picardie debout ! et de notre ami François Ruffin. À notre droite, à côté du stand des Verts, celui de la Gauche écosocialiste (GES). Il ne manquait que Génération.s ! Les unitaires marquaient donc indéniablement l’espace, à deux pas de l’accès principal au site.

Autre élément qui a fait de cette édition une réussite : le programme du stand commun, qui a été minutieusement élaboré par des camarades des trois organisations, parmi lesquels Nadège Boisramé du côté de la GDS. Les différents temps d’échange et de débats ont associé à nous des chercheurs et des intellectuel.les d’envergure, de grands témoins, des militantes et des militants associatifs ancrés dans les luttes, des dirigeants syndicaux nationaux et des responsables politiques de premier plan. Notre « casting » n’avait rien à envier aux grandes formations.

Crédits photo : Lesfilmsdecharlie
Crédits photo : Lesfilmsdecharlie

Jugez du peu ! Nous ont éclairés de leurs judicieuses réflexions Charlotte Girard (spécialiste en droit public), Eugénie Mérieau (constitutionnaliste) et Arnaud Mercier (politologue), Emmanuel Rivière (professeur à Sciences-po) et Anne-France Taiclet (enseignante à Paris 1), mais aussi le chercheur franco-ukrainien David Gaillard-Bazylesko, sans oublier Johann Chapoutot, spécialiste du nazisme, et la grande historienne Danielle Tartakowsky. Côté syndicat ont échangé avec nous Benoît Teste (secrétaire général de la FSU), Kamel Brahmi (secrétaire de l’UD CGT 93) et Aurélien Boudon (secrétaire national de Solidaires). Côté politique, ont participé à notre table-ronde centrale Elsa Faucillon, députée PCF des Hauts-de-Seine, Cyrielle Châtelain, présidente du groupe écologiste à l’Assemblée, ainsi que le socialiste Alexandre Ouizille, par ailleurs sénateur de l’Oise.

Vive le NFP !

Animés d’une main de maître par notre camarade Christophe Cotteret, cinéaste et documentariste de son état, les nombreux débats qui ont rythmé la vie du stand deux jours durant ont été extrêmement riches. Le premier, centré sur la crise institutionnelle que notre pays traverse, a permis à l’assistance de mieux cerner les enjeux du déni de démocratie perpétré par Macron pendant l’été. Entourée de juristes, l’avocate et ancienne députée Raquel Garrido, éminente membre de L’Après, a mis en exergue la perspective d’une Assemblée constituante menant à la VIe République parlementaire et démocratique que nous appelons également, à la GDS, de nos vœux1.

Crédits photo : Lesfilmsdecharlie
Crédits photo : Lesfilmsdecharlie

La seconde table-ronde du samedi matin mettait en relation des responsables des « grandes formations » du Nouveau Front populaire (PS, EELV et PCF2) avec Danielle Simonnet, députée du XXe arrondissement et animatrice de l’Après, Laurence Boffet, adjointe au maire de Lyon et dirigeante d’Ensemble !, ainsi que notre camarade Marlène Collineau, adjointe au maire de Nantes et porte-parole de la GDS. Les différentes intervenantes et les différents intervenants sont revenu.es sur la situation politique inédite que nous traversons et ont, toutes et tous, insisté à leur manière sur le bien commun inestimable que constitue le Nouveau Front populaire. Ce qui est par ailleurs ressorti de la discussion, c’est à quel point toutes les batailles étaient liées : celle, à l’intérieur du PS, pour la victoire de la ligne Faure face aux tenants du tandem ultra-droitier Delga-Cazeneuve ; celle, dans les rangs du PCF, pour l’affirmation de l’orientation unitaire contre la « ligne générale » – tantôt sectaire, tantôt opportuniste, mais toujours identitaire – de Fabien Roussel ; celle pour faire du groupe Écologistes et apparenté.es, où siègent nos ami.es de Génération.s et les député.es purgé.es, le creuset du Nouveau Front populaire à l’Assemblée ; et enfin celle de la démocratie interne et du pluralisme au sein de la France insoumise.

Depuis la salle, notre camarade Gérard Filoche a salué nos différent.es invité.es et a rappelé que la mobilisation unitaire contre les sales coups du gouvernement Barnier-Retailleau-Le Pen, et contre le coup de force de Macron, ne pouvait venir que des profondeurs du salariat, et donc des revendications les plus immédiates et les plus unifiantes que sont les salaires, l’emploi, la Sécu, les retraites et les services publics. Cette intervention a été applaudie longuement par l’assistance. Le reste des échanges a une nouvelle fois mis en évidence, malgré la diversité des points de vue, une convergence objective sur l’essentiel, à savoir la nécessité de rendre coup pour coup à la droite, la nécessaire mobilisation de notre camp et de la jeunesse contre l’extrême droite, et la certitude qu’en 2027 – ou avant – une candidature unique à gauche sera une condition sine qua non de la victoire contre la macronie et contre Le Pen-Bardella. L’échéance des municipales sera à n’en point douter un jalon important dans l’affirmation de ces combats communs.

Le pari de l’existence

Le début d’après-midi a été le cadre d’une présentation aux militantes et militants, mais aussi à la presse de l’équipe d’animation de l’Association pour une République écologiste et sociale (Après), l’organisation censée recueillir les cadres politique exclus de la France insoumise et ceux qui la quittent délibérément, mais dont on sait qu’elle a vite dépassé, dans son périmètre de recrutement, ce cadre initial restreint.

À dire vrai, ce temps de rencontre et d’échange est vite devenu une sorte de meeting politique, tant une extrême combativité contre la droite et l’extrême droite s’exprimait dans chacune des interventions. L’exigence démocratique affleurait également à de nombreuses reprises dans les discours successifs, tant il est vrai que nos ami.es fondatrices et fondateurs de l’Après ont fait, ces dernières années, l’amère expérience d’une formation politique où ni la voix de la base, ni celle de la ou des minorité(s), n’étaient prises en compte. Alexis Corbière, dans sa présentation de l’Après, a rappelé le travail de convergence idéologique et politique entrepris avec la GDS et avec Ensemble!, travail commun dont notre stand partagé constituait le symbole vivant.

Guillaume Ancelet a lui aussi été chaleureusement applaudi quand il a déclaré, alors qu’il devait nous quitter pour animer un débat Éducation juste à côté, au stand de Picardie debout !, qu’il aurait aimé pouvoir rester parmi nous et qu’il espérait que, dès la prochaine édition de la Fête, en 2025, la cloison qui séparait le stand des unitaires et celui des amis de François Ruffin aurait disparu.

Fraternité militante

Le troisième débat de la journée, coanimé par l’infatigable Christophe Cotteret et Marie-Pierre Vieu, portait sur l’élan citoyen face au RN et sur ses convergences avec le mouvement social. Outre les dirigeants syndicaux évoqués plus haut, nous accueillions pour cet échange de vue l’avocat Arié Halimi, de la LDH, Gérard Delahaye de la Fondation Copernic, mais aussi Sarah Durocher, du Planning familial, et enfin une membre de Pas sans nous, un collectif particulièrement actif dans les quartiers populaires. Une dernière table-ronde animée par Alexis Corbière sur les leçons des législatives a conclu la journée, tandis que celle du dimanche a été rythmée par un débat sur l’Ukraine et par une discussion entre Clémentine Autain et l’historien Johann Chapoutot.

La flamme de l’internationalisme brûlait donc sur notre stand, mais pas que dans les débats. Car le samedi soir, Raquel Garrido et ses amis musiciens ont par ailleurs interprété de nombreux chants de l’Unité populaire chilienne, repris en cœur par toute l’assistance. Alexis Corbière a lui aussi poussé la chansonnette en entonnant, suivi en cela par le public, certains des grands hymnes du mouvement ouvrier. Un peu plus tôt, c’était la chanteuse et autrice-compositrice Mathilde qui avait envoûté la salle avec ses textes sensibles et profondément féministes habilement mis en musique par ses soins3. La veille, la piste de danse avait été chauffée à blanc par DJ Victoria, qui a contribué à faire de notre stand commun – au moins un temps ! – celui où la moyenne d’âge était la plus basse.

On le voit, la camaraderie et la fraternité militant étaient de mise sur le stand L’après - Ensemble! - GDS, tout au long de ces trois jours de débats, de réflexions, d’échanges et de fête. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est de bon augure pour la suite de l’aventure !

Cet article de notre camarade Baptiste Chardon a été publié dans le n°318 de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

1. Voir à ce titre l’entretien qu’elle a accordé à D&S dans ce numéro. Cf. infra, p. 6-7.

2. La France insoumise, sollicitée, a décliné notre offre.

3. Sur cette chanteuse engagée, voir le portrait que lui consacre Marlène Collineau en cliquant ICI.

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