GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Libertés

La liberté à droite est une chimère

L’histoire des idées politiques nous enseigne la construction des clivages droite-gauche. Régulièrement, on attribue à la droite la « liberté d’abord » là où la gauche organiserait l’« égalité d’abord ». Cette vision, réductrice, ne dit pas de quelle liberté on parle.

Si le libéralisme économique est promu par la droite de façon absolument inconditionnelle, elle affiche un conservatisme écœurant sur la liberté des mœurs. La droite agresse en fait les libertés individuelles et collectives.

L’État d’urgence permanent

Les ébauches de programmes qui s’écrivent actuellement sont éclairants. Le bilan du président-candidat l’est autant. En point d’orgue, la manière dont la crise sanitaire est gérée, depuis deux ans, par un fonctionnement irrégulier de nos institutions, qui confond épidémie et État d’urgence, abîmant durablement la démocratie, est consternante. Voilà deux ans que Macron a déclaré le pays en guerre et qu’il use du Conseil de défense, et ses secrets associés, pour décider, seul.

Le couvre-feu décrété en Martinique fin novembre 2021 a ainsi surfé sur le mélange des genres, faisant passer pour des mesures sanitaires une réponse autoritaire contre la protestation sociale qui prenait forme sur l’île.

« La sécurité, première des libertés »

Lui emboîtant le pas, la candidate Pécresse propose une méthode : dégainer le kärcher de Sarkozy, s’en prendre aux quartiers et mettre de « l’ordre dans la rue » à l’aide de « brigades coup de poing ». Elle décrète que « la première des libertés, c’est la sécurité », reprenant le slogan du RN.

Les mesures dévoilées portent sur la place de la police : majeure ! Le Pen propose que la police municipale soit obligatoirement armée, bafouant la libre administration des communes. Zemmour veut assouplir le régime de légitime défense des policiers, afin qu’ils puissent utiliser leur arme sans crainte ni contrôle, provoquant par-là même l’incompréhension d’un ancien professionnel du RAID – signe infaillible de la dangerosité de la mesure ! On est loin des justes réformes de maintien de l’ordre qu’il nous faudrait obtenir, pour sécuriser les manifestations et préserver le droit à occuper l’espace public. Loin du soutien aux libertés fondamentales qui reviendrait sur les mesures administratives d’interdiction de stades pour les supporters de foot ou sur les interdictions d’organiser des free-parties.

La bataille culturelle en jeu

Dupont-Aignan promet l’ouverture d’un bagne aux îles Kerguelen. Tel un épouvantail, il s’essaie à des projets délirants qui permettent à ses congénères de passer pour mesurés. C’est la fenêtre d’Overton qui se déplace, cette manière dont, surgissant dans l’espace public, une idée est d’abord impensable, puis devient radicale quand exprimée par quelques-uns, puis acceptable quand reprise par d’autres. Si personne ne crie gare, elle deviendra bientôt raisonnable et enfin populaire... Pour cela, il faut que l’idée soit poussée par d’autres, plus dangereux. C’est à cela que s’attelle Dupont-Aignan.

Sur tous les sujets, c’est la surenchère. Zemmour refuserait la PMA s’il n’y a pas au sein du foyer de père ou de mère. Une famille = un papa + une maman. Peu importe qu’un tiers des enfants vivent dans une famille monoparentale ou recomposée, il impose sa vision d’un monde qui n’existe pas, reniant des droits à celles et ceux qui ne lui ressemblent pas.

Le Pen, mentant éhontément, propose de ne pas rétablir le délit de blasphème… qui n’existe pas en droit français ! Pécresse, plus « raisonnable », veut préserver le droit au blasphème. Comme si, en France, il n’était plus possible de « rien dire » comme le serinent à l’envi les éditorialistes réacs qui, pourtant, ont droit à la parole médiatique sans interruption !

Vivre libres et égaux

À ce stade, rien non plus sur des libertés nouvelles. Rien sur la fin de vie. Rien sur la liberté pédagogique. Pire, Le Pen met en avant la liberté d’enseignement et l’instruction à domicile, faisant clairement le choix de mettre de côté l’immense majorité qui compte sur l’école publique et ses évolutions pour en faire un lieu d’apprentissage et de sociabilisation qui inclut. Sur la liberté de circulation, rien à gagner. Pécresse veut des quotas d’immigration et Le Pen introduirait la « préférence nationale », les libertés se distribuant alors selon notre lieu de naissance. Dupont-Aignan supprimerait le droit du sol… Unir la gauche, c’est aussi affirmer une aspiration commune contre eux : nous voulons vivre libres et égaux en dignité et en droits.

La campagne s’ouvre à droite sur des propositions galvaudant la notion de libertés publiques. Pas un mot sur la dignité humaine ni une mesure contre les traitements inhumains ou dégradants. Rien en faveur des droits de la défense ni sur la liberté d’expression ou d’opinion. Toutes les mesures mises en avant visent à contrôler, juguler, maîtriser. La liberté à droite est une chimère : liberté pour les capitaux, restrictions pour la population.

Cet article de notre camarade Marlène Collineau a été publié dans le numéro de janvier (n°291) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS

La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…