GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

L'assassinat de deux inspecteurs du travail (suite)

A lire aussi sur le site d'Acrimed :

Meurtres sans importance audiovisuelle : deux inspecteurs du travail tués

Ce jour mardi 7 septembre obsèques, deuil, révolte, premières manifs contre le silence dominant qui s'ajoute à l'assassinat

Comme si le Périgord était l'Amérique sudiste, même les obsèques ont été traitées en second ordre comme un fait divers !

Il s'agit dans Sud-ouest d'un «coup de folie» ou d'un «drame», d'un pauvre exploitant harcelé qui a «pété les plombs»...

Tout juste si on n'a pas tu le nom des victimes, leurs familles, pas d'enquête, pas de portrait ni des humains ni des missions

On n'a pas parlé des 800 000 saisonniers (M Borloo prétendait lutter contre le travail dissimulé, illégal..)

Pourtant sur ces 800 000, 18 % n'ont pas de contrat de travail 25 % travaillent plus de 56 h, ce qui n'a rien a voir avec les 35 h, ils sont surexploités et sous payés

Pour deux gendarmes

Pour deux journalistes

Pour un préfet

L'émotion nationale aurait été autre,

Ni Raffarin, ni Chirac n'ont été à la hauteur, ni Gaymard, ni Larcher, ni Borloo,

Pas un mot sur le Medef qui appelle à la fin du code du travail sur 81 députés de l'ump qui veulent supprimer l'inspection du travail

Sur le climat anti réglementation, les discours à l'université d'été du Medef qui a favorisé cet acte criminel,

Même les mots “criminel” et assassinats” sont peu employés...

Mais les personnels concernés, au coeur de l'oeil du cyclone, en matière de déréglementation du droit du travail, se mobilisent unanimement

Aujourd'hui

Il semblerait selon Martine Aubry qu'il y ait eu 350 personnes manifestant ce jour à Lille

Selon une autre source cgtiste, 150 à Nantes,

Et 350 en Dordogne, aussi à Lyon...

Il y a eu 500 agents travail, agriculture, à Paris ce jour qui ont manifesté de 10 h à 16 h à M° Varenne, du ministère du travail a l'agriculture, et au Medef, avenue Bousquet où ils ont fait un sit in pendant une heure en bloquant l'avenue.

Aucune caméra, aucun photographe de presse, aucun journaliste n'a “couvert” la manif parisienne alors que 100 % du corps était présent, et que toutes les rédactions avaient été informées par les cinq syndicats unis.

Reçus au ministère du travail et puis de l'agriculture, ce matin,

nous avons pu constater qu'on n'avait rien à nous dire, ni regrets sur le traitement de l'information, sur l'absence de réaction suffisante des pouvoirs publics, ni rien à proposer pour rétablir la loi, le code du travail, les contrôles et les sanctions contre la délinquance et maintenant, pour la première fois contre l'inspection du travail, en 112 ans, les crimes patronaux.

Rien à dire non plus contre le Medef et ses appels à casser le Code du travail.

Ni contre le Fnsea et ses «prix de l'ours» décernés en Dordogne au «plus détestable des inspecteurs du travail».

Gaymard n'a pas condamné l'acte et il a mis victimes et assassins sur le même plan dans son premier communiqué.

Les médias dans leur majorité, ont mis des heures à mesurer l'importance du double assassinat puis l'ont traité majoritairement comme un fait divers, ce qu'il ne font pas pour l'assassinat de deux gendarmes ou pour celui d'un préfet ou de deux journalistes.


Rien contre les communiqués de la Cdsea du Périgord qui jugent qu'il faut à l'avenir, «davantage d'humanité dans les contrôles»... Et qui exonère le pauvre exploitant agricole ( un réac qui avait annoncé et donc prémédité son double assassinat, il s'est repris à deux fois, tuant le contrôleur droit dans l'abdomen, et tuant la jeune contrôleuse, qui s'enfuyait, directement, d'un seul coup dans le dos. Puis il a changé de fusil et s'est raté, se blessant seulement, lui, ancien militaire, chasseur) dont les voisins exploitants disent qu'il aurait malencontreusement «pété les plombs»

Aujourd'hui une collègue qui faisait son travail et contrôlait un employeur s'est entendue dire : « vous n'avez pas mis votre gilet pare-balles ? »...

Un vote a eu lieu lors de la manifestation des 500 inspecteurs et contrôleurs parisiens, ce jour, pour demander a l'ensemble des organisations syndicales d'appeler à une journée de grève nationale, unitaire, mardi prochain avec manif, colloque, info à la presse.

Gérard Filoche


A la presse,

Aux syndicalistes,

Aux militants politiques,

A l'opinion,

à ceux qui ont tenté d'étouffer l'assassinat de deux inspecteurs en le réduisant a un fait divers, en traitant leur enterrement en 8 secondes à la TV, et en plaignant les pauvres exploitants qui surexploitent actuellement 800 000 saisonniers qui travaillent 56 h par semaine sous payés et sans contrat de travail pour 20% d'entre eux (minimum)

Mesdames, Messieurs,

Voici un nouvel éclairage sur le double assassinat de nos collègues inspecteurs du travail

Nous avons trouvé sur un site la preuve que les agriculteurs du Périgord se chauffaient eux-mêmes dés la fin du mois d'août « à la chasse aux nuisibles » et y compris après le 2 septembre, se félicitaient des meurtres, en profitant pour d'autres menaces !

www.terre-net.fr

Cherchez « affaire saussignac » et suites

Vous allez y trouver la préméditation quasi collective de ce double assassinat

Voici quelques extraits ci-dessous que vous pouvez actuellement retrouver sur ce site en lecture ouverte

Les premières menaces datent de fin août, les autres confirment et se félicitent de l'assassinat de nos deux collègues inspecteurs du travail et en menacent d'autres !

lisez bien et vérifiez vous-mêmes sur le site

Gérard Filoche

Tout ce qui suit est un forum de discussion actuellement lisible sur le site :

Le 21/8

Conseil en cas de contrôle

Ce sont souvent des blancs becs qui espèrent au bout d'une campagne de contrôles être titularisés et sont donc facilement destabilisables. Leur signaler que vous faites partie de la CR (coordination rurale...)

Ils ont l'esprit fonctionnaires et n'aiment pas trop qu'on puissent savoir où ils habitent... je sais pas pourquoi ?

Pourquoi ce « comportement funeste des inspecteurs du travail » il faut se « poser les questions sur le fait, qu'ils sont peut-être la cause de leur funeste (et regrettable destin) »

les contrôleurs de la Msa ce sont des gens biens que l'on aime et qu'on respecte... quand ils finissent 6 pieds sous terre » laurent pro le 03/09/04

importons à pas chair

vas-y fait ton travail (védiorbis)

Ps : sourire en montrant bien les dents

Decorner tous les cocus du coin

La mort fait partie de la vie...

Une minute de silence pour tous les paysans, femmes de paysans... qui ont mis fin à leurs jours... à ceux qui ont le privilége d'emmerder les autres d'y réfléchir

Ca suffit des contrôles a n'en plus finir...

Les coups de fusil risquent de se répéter plus souvent que l'on pourrait le penser... le 4/9/04

Affaire de Saussignac

Apifriend, le 08/09/2004

Bonjour.

Je voudrais faire part de mon mécontentement dans le sud ouest, on pouvait voir le panphlet decerné aux deux inspecteurs du travail...

on pourrait aussi parler de leurs comportement avec les agriculteurs, et se poser des questions sur le fait, qu'ils sont peut etre aussi la cause de leur funeste ( et regrettable) destin.

Deplus, il serait interessant de se pencher sur le JA qui reprend l'exploitation de l'assassin, de ce qu'il a enduré, de ce qu'il endure encore...

peut etre qu'il a des choses a dire

Affaire de Saussignac (Apifriend - 08/09/2004)

"il s'est retrouvé déprimé" ? No comment

Ossau, le 03/09/2004

comme tu dis: no comment......

avec un ami, j'ai empéché il y a 4 ans deux inspecteurs del'onic de se faire massacrer par un agriculteur controlé tous les ans alors que l'on trouvait rien (ils sont allé jusqu'a lui faire cuber son lac collinaire pour savoir si il avait effcetivement la capacité d'arroser.......

taillé comme un armoire normande, on aurait pas été là.......

les 2 inspecteurs ont quand même porté plainte pour coups et blessures pour une simple bousculade alors qu'ils auraient pu se faire hacher menu...

laurentpro, le 03/09/2004

porter plainte, contrôler, inspecter, intimider, menacer, emmerder,réprimander,sanctionner, faire payer...oui vraiment ces contrôleurs de la MSA ce sont des gens biens qu'on aime et qu'on respecte...quant ils finissent 6 pieds sous terre !

Suis-je un "employeur délinquant" ? après être un "tricheur" pour le contrôleur PAC. gégé71, le 03/09/2004

PARIS, 3 sept - Le syndicat SNU-tef (travail, emploi, formation), affilié à la FSU, a dénoncé vendredi "l'odieux assassinat" dont ont été victimes jeudi deux inspecteurs du travail en Dordogne et appelle à mobiliser le jour des obsèques, selon un communiqué.

(...)

Pour le syndicat, "le laisser-faire et l'impunité accordée depuis des années aux employeurs délinquants conduit les plus déséquilibrés à considérer qu'ils disposent sur leurs terres d'un permis de tuer". Les victimes se rendaient sur une exploitation agricole en Dordogne pour un contrôle de routine portant sur les contrats de travailleurs saisonniers lorsque l'agriculteur les a tués par balles avant de tenter de mettre fin à ses jours.

Ouverture de la chasse aux nuisibles, claude le 07/9/04

Sur le net j'ai vu que jean Pierre mon député soutenait la nouvelle loi sur le harcélement

Je lui ai envoyé un me en lui demandant d'y rajouter le harcélement du citoyen par les fonctionnaires

Faites en tous de même

Accidents du travail

Ce n'est qu'un malheureux accident du travail pour les inspecteurs... cynique le 7/9/04

Ossau le 8/9 écrit : « il faut se méfier des paysans qui ramassent des pruneaux et veulent les faire goûter... »

Un drame annoncé, le 4/9/04

Hélas rien à ajouter ! sinon deux accidents du travail, partout il y a des risques...

Ossau le 4/9/04 ;.. ce genre d'actes va se multiplier et bientôt les contrôleurs devront être systématiquement accompagnés par la gente d'armes...


Voilà ce que certains ont voulu faire passer pour « un fait divers » !

Pour infos, D&S, Gerard Filoche


« On a beau me dire qu'en France on peut dormir à l'abri

Des Pinochet en puissance travaille aussi du képi »

Chantait Jean Ferrat il y a trente ans

Cela se passe à l'université du MEDEF, deux jours après l'assassinat des 2 inspecteurs du travail en Dordogne :

« Vous devez être ceux qui menacent, pas ceux qui sont menacés. Vos dents doivent rayer le parquet. L'indulgence est comme la pitié, elle vous déshonore et elle déshonore aussi ceux qui en bénéficient. La société a besoin de durs, pas de mous. L'ennui c'est qu'il y en a beaucoup de mous, beaucoup trop. Il faut arrêter de reculer le moment de l'effort. Ne soyez pas indulgents avec vos salariés. Il y a tout plein de bac+12 qui sont infoutus de travailler, ils ne sont même pas capables de trouver un balai pour faire le ménage. Quand on doit licencier quelqu'un, il ne faut pas cacher la vérité. Vous savez, c'est aussi difficile pour celui qui coupe que pour celui qui est coupé. Moi je préfère les assassins aux escrocs : les escrocs les gens les trouvent sympas. Les assassins, non, évidemment ; mais pourtant, ils ont un grand mérite, c'est de ne pas être hypocrites. »

André DAGUIN, président des patrons de l'hôtellerie, qui avait menacé d'un vote massif pour le FN aux régionales s'il n'obtenait pas immédiatement la baisse de la TVA.

« Nous avons un système d'enseignement qui repose trop sur le QI et pas sur le caractère, ni plus grave encore, sur le charisme »

Henri de Castries, président d'AXA

« L'intelligence émotionnelle loge dans la partie la plus développée du cerveau, le cortex préfrontal. C'est la création, l'invention, la capacité à penser la nouveauté, de faire face à la gazéification d'un monde en phase de déstructuration. Quand on la détruit c'est la lobotomie. Mais quand on a percuté, quand on est capable de recruter le préfrontal, on s'aperçoit que la vie humaine n'est pas scindée entre le cœur et l'esprit, entre vie professionnelle et vie privée. C'est dans le cortex préfrontal qu'on trouve le charisme, donc l'intelligence émotionnelle, les ressources pour affronter le changement »

Jacques FRADIN, psychothérapeute de service

« Pour que ça tourne, il faudrait redevenir révolutionnaire et chasser les réactionnaires contestataires assis sur des droits acquis qu'ils font passer pour du progrès social »

Sophie de Menton, membre du comité d'éthique du Medef

Malheur aux pauvres, culte de la force, domination des puissants fondée sur la génétique, mort à l'intelligence, appel à la répression. Un goût d'eau de Vichy, une teinte brunâtre, un parfum roussi. Une déclaration de guerre aux travailleurs. En face, ça exige de l'action, de l'union, de l'organisation.

(on trouvera d'autres citations du même tonneau sur le site « www.humanité.fr » numéro des 4 et 5 septembre)

www.humanite.presse.fr


Diverses réaction après le 7 septembre

Merci pour ce "coup de gueule" hélas maintenu dans une certaine confidentialité par les médias. Moi même j'ai été outré comme vous, et je ne suis pas le seul, par la présentation comme un simple fait divers de cet assassinat. Alors, que sur d'autres sujets et de simples faits divers notamment des pseudo agressions antisémites les médias, Chirac et consort, avant même toute vérification des faits ont réagit et les médias nous ont abreuvé d'analyse socio psychologiques sur un environnement et un climat qui conduisait à ces comportements.

Pourquoi n'ont-ils pas fait de même pour ce crime de deux inspecteurs du travail ?

Pour avoir de par mes fonctions syndicales souvent sollicité ce service de l'état pour tenter de faire respecter le droit du travail Français j'ai pu avec mes camarades constater combien les patrons notamment des multinationales méprisaient cette fonction. Lors de procès engagés contre IBM suite à des PV de notre inspecteur du travail (M Wojcik) les conclusions de la direction attaquaient l'homme et étaient d'un mépris incroyable.

A votre disposition pour toute information complémentaire si nécessaire.

Cordialement,

JC A


Double meurtre

Emotion et colère aux obsèques des inspecteurs du travail

http://www.leparisien.com/home/info/faitsdivers/article.htm?articleid=241131708

PLUS DE 1 000 PERSONNES ont assisté hier après-midi à une cérémonie d'adieux à Bassillac en hommage à Daniel Buffière, salarié de la Mutualité sociale agricole, tué jeudi dernier lors du contrôle d'un agriculteur périgourdin. Les élus municipaux de la commune, dont Daniel Buffière était premier adjoint, sa famille et de nombreux collègues se sont rassemblés devant la mairie, en présence du ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, pour lui rendre un dernier hommage. Il a été fait chevalier de l'Ordre national du mérite à titre posthume et inhumé à l'issue de la cérémonie. M. Gaymard, qui a salué « l'expérience » et « l'engagement » de Daniel Buffière, a déclaré que « tous les agents de contrôle devaient pouvoir exercer leur mission sans aucune restriction, dans le cadre des lois et règlements en vigueur ». « C'est à ce prix que la cohésion sociale sera préservée », a-t-il ajouté. Daniel Buffière, 47 ans, et Sylvie Trémouille, inspectrice à la Direction de l'agriculture de Périgueux, ont été tués le 2 septembre à coups de fusil alors qu'ils s'étaient rendus à l'exploitation d'un agriculteur de Saussignac (Dordogne) pour y contrôler les contrats de travail de saisonniers. L'agriculteur, Claude Duviau, 57 ans, été mis en examen lundi pour « homicides volontaires sur personnes chargées d'une mission de service public ». Les obsèques de Sylvie Trémouille, 40 ans, se sont déroulées hier matin à Azerat, où étaient présentes environ 1 000 personnes également. Le ministre de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a participé à la cérémonie religieuse. Hier après-midi, devant le siège du Medef à Paris, des centaines d'inspecteurs du travail ont manifesté à l'occasion des obsèques de leurs deux collègues, tués jeudi par un agriculteur lors d'un contrôle en Dordogne. « Nous sommes rassemblés devant le siège du Medef qu'on pense indirectement coupable de ce qui s'est passé, en voulant tuer le Code du travail et le droit des salariés que nous sommes chargés de faire respecter », a déclaré Gérard Filoche, inspecteur du travail et membre du bureau national du PS. Des manifestations de soutien ont été organisées également à Lyon, Dijon et Mâcon.

Le Parisien , mercredi 08 septembre 2004


Gérard bonjour,

je te remercie de ces communiqués dont la justesse et la pertinence sont à la hauteur de l'indignation que l'on peut ressentir face au drame d'une part et à son traitement d'autre part. Nous avons dans mon syndicat fait un article dans notre publication. Tous les fonctionnaires ayant une action sur le terrain sont potentiellement concernés.

Bien à toi

Catherine picard


Je viens de prendre connaissance de votre écrit sur la mort des 2 inspecteurs du travail.

Je suis, tout comme vous indignée, par l'attitude des médias qui ne transmettent pas l'info mais font plutôt de l'extraordinaire. On nous informe sur la santé de B Clinton, des états d'âme de T Cruise ainsi que ceux de N Sarkozy par la même occasion mais peu sur la vie des gens ordinaires qui subissent des outrages. Seules quelques secondes et quelques images hier sur antenne 2, nous avons vu les cercueils de ces 2 victimes et 10 secondes sur les ex-employés de Flodor dont l'ex responsable passait en jugement.

Je suis partie prenante parmi ceux, trop peu nombreux, qui défendent le Code du Travail et la nécessité d'existences de règles et de lois pour défendre les personnes qui travaillent ou veulent un emploi. Nous passons parfois pour des utopistes mais il faut que nous soyons fermes et déterminés pour conserver et améliorer le statut de chacun.

A EDF-GDF, le libéralisme fera des ravages dans les prochains mois malgré nos batailles et notre détermination mais nous continuerons à affirmer notre opposition car cette voix est la seule possible pour le Service Public.

C'est notre façon de rendre hommage à vos 2 collègues.

Cordialement

EO Syndicaliste à EDF


Cher camarade,

Syndicaliste CGT, j'ai ressenti, comme toi, colère et écoeurement face à ces assassinats.

Ton coup de colère sur internet, que j'ai découvert relativement tard, est plus que bienvenu.

Je peux t'assurer que, dans mon syndicat, cela a fait discussion. Chacun connaît le rôle nécessaire des Inspecteurs du travail (et ses limites).

Je t'apporte par ce petit message tout mon soutien ainsi qu'à l'ensemble de tes collègues.

Contre la régression sociale !

Pour un changement de société !

Mes fraternelles salutations syndicales

SB


Bonjour Gérard,

nous étions côte à côte hier. un communiqué de France info hier soir signalait que l'insp. du trav. était présente hier devant les locaux du medef. C'est sans doute suite à ton appel,.l'organisation hier était "merdique" et je pense que les org. syndic. doivent en tirer les leçons. la base est appelée à manifester, ensuite c'est le rideau.: chacun compte les points et ramène la couverture à lui. C'est très décevant surtout dans ce contexte dramatique...

il n'y a pas eu de débat hier à mon sens bien que ce fut émouvant de voir des collègues faire part de leurs craintes car les personnels ont peu l'habitude de prendre la parole. j'ai senti une lassitude (et oui déjà) , des inquiétudes mais aussi je me dis que vont faire les syndicats de ce mouvement auquel ont répondu tous les collègues?

Grève c'est toujours le mot d'ordre.. Mais c'est plutôt chaque jour dans les services que chaque agent doit se positionner sur son rôle, la façon dont il aborde le public qu'il reçoit, comment il discute avec ses collègues sur le travail qu'il accomplit. oui notre fonction a changée. Pourquoi? Parce que nous sommes des agents de l'Etat et que c'est une politique gouvernementale qui détermine les missions de l'Etat.. et là à mon sens les syndicats en particulier ne sont pas très clairs. en effet, malheureusement ou heureusement, la démocratie est ce qu'elle est avec ses forces et ses faiblesses...le résultat des élections, c'est une politique menée par un gouvernement quel qu'il soit. et "nous avons oublié" parce que nous sommes des individus heureusement encore libres de penser que les fonctionnaires servent l'Etat, la république. Avec ce postulat la marge de manoeuvre est limitée. Inspecteur du travail indépendant qu'est-ce que cela veut dire? Dans notre vie professionnelle, notre action est dictée ou plutôt notre mission est dictée par la hiérarchie que ça nous plaise ou non.

il ya effectivement un paradoxe entre le choix qu'ont fait beaucoup d'entre nous pour exercer ce métier en mettant en avant le souhait de permettre de faire évoluer les rapports entre les hommes (patrons et salarié(es) vers une meilleure considération de l'individu dans la société en particulier que l'homme n'est pas une valeur marchande et l'idéologie politique dominante libérale qui poursuit un autre objectif: produire des richesses et en tirer le meilleur profit; ce n'est pas une mauvaise chose en soi mais effectivement cette richesse est produite par les salariés en grande partie du moins ils font vivre l'entreprise et malheureusement, quand cela ne tourne pas rond, les salariés en font les frais et le gâchis humain est ignoble et insurmontable. automatiquement, il y a incompréhension, la communication ne passe plus;la fracture sociale devient énorme.

Comment réconcilier les français? en leur donnant le goût de vivre par la création, la réalisation d'eux-mêmes. cela passe par le travail pour ceux qui le souhaitent mais pas l'aliénation par le travail. le travail est une richesse quand il permet de s'épanouir, un droit car il permet de gagner un salaire."toute peine mérite salaire" "à travail égal salaire égal" pas besoin de philosopher ou d'être d'un bord ou d'un autre. ce qui compte c'est le droit pour chaque homme et femme bien sûr de gagner sa vie de manière digne et de pouvoir nourrir sa famille et lui donner le bien-être l'éducation. le reste c'est du bla bla bla. oui l'inspection du travail défend la valeur du travail ou plutôt la reconnaissance des droits des salariés dans l'entreprise. et au-delà c'est l'individu dans la société qui devient acteur. C'est sans doute cela qui ne plait pas à certains. La prise de conscience que c'est ensemble que les choses changent: l'union fait la force. L'inspecteur, le contrôleur du travail est confronté à cette situation où les acteurs de l'entreprise ne sont évidemment pas sur le mme pied d'égalité.

Comment permettre que le dialogue s'instaure dans l'entreprise? Que les individus puissent ensemble participer au développement d'une société plus humaine, moins rigide, plus solidaire?

Actuellement, on est mal...et ce n'est pas que le corps de l'inspection...à suivre.

à bientôt de tes nouvelles.

Cordialement.

RB.


Ouh là ! Gérard, vous allez bien vite en rapprochements !

Soit, les médias appliquent leur miroir déformant à cette sordide histoire ; j'ai moi-même perçu la tonalité tendancieuse que vous décrivez.

Il est opportun de rappeler à cette occasion la carence en IDT, et le peu de cas qui est fait de leur mission.

Pour autant, je pense que votre juste combat pour les droits du travail ne mérite pas de faire de ce fermier le véhicule de l'idéologie libérale... Tout juste un malheureux de plus, fourvoyé dans un jeu global, au point que ses difficultés d'entrepreneur l'ont poussé au meurtre et au suicide.

C'est bien cette réduction du tout à la finance, qui font de l'entreprise une guerre, de la richesse une panacée, et de la faillite un échec humain, qui sous-tendent un tel "fait divers".

Merci pour votre énergie.

ZE, Lille.


Je suis anéantie. Pas un mot du ministre de tutelle, pas de réaction des élus de gauche. Que se passe-t-il ?

Dans quel pays vivons-nous ?

Toute ma compassion pour les familles endeuillées, pour les collègues en légitime état de choc.

JS


Dans Liaisons sociales quotidien du jeudi 9 septembre 2004 dans la rubrique Express:

" Inspecteurs du travail :

Plusieurs centaines d'inspecteurs du travail ont manifesté, mardi, devant les ministères du travail et de l'agriculture puis devant le siège du Medef, à l'occasion des obsèques de deux de leurs collègues. Pour Sud, "ce n'est pas un simple fait divers, un coup de folie, mais cet assassinat est lié à la remise en cause de la légitimité du contrôle et des contrôleurs". Selon Gérard Filoche, inspecteur du travail et membre du bureau national du PS, le Medef, est, indirectement coupable de ce qui s'est passé, en voulant tuer le Code du travail et le droit des salariés que nous sommes chargés de faire respecter". Une journée de grève nationale doit être organisée la semaine prochaine. "


Source : REUSSIR L UNION PAYSANNE N° 1322-1323 06/08/04

Interview de TONY CORNELISSEN président de la FDSEA de la Corrèze :

"L'agriculteur a des droits et des devoirs, le contrôleur aussi...

Cette règle ne semble pas évidente pour tout le monde puisque certains contrôleurs ont été surpris dans les bâtiments d'exploitations, d'autres circulant inopinément en véhicule sur les terres comme s'ils étaient chez eux, d'autres encore qui n'hésitent pas, chez l'agriculteur, à surprendre et intimider avec l'arme à la ceinture !

Tout cela suffit : nous méritons le respect, nous souhaitons la liberté de travailler, et nous ne voulons pas être traités comme de vulgaires délinquants d'autant plus lorsque l'on n'a rien à se reprocher.

Même si je reconnais que les contrôles sont nécessaires, nous souhaitons écrire en concertation avec toutes les personnes et toutes les structures chargées des contrôles, l'administration : un "code de bonne pratique du contrôleur".

Ce document en cours d'élaboration devra être signé et respecté par toutes ces personnes et mis à la disposition de tous les agriculteurs.

Il ne faut plus de seigneurs-contrôleurs en face de serfs-agriculteurs".


ROUEN le 7 septembre 2004

Les fonctionnaires de la direction départementale du travail et de l'agriculture de la Seine Maritime et leurs organisations syndicales CGT et SUD

A

Messieurs les Députés de la Seine Maritime.

Monsieur le Député,

Vous l'avez appris par la presse, Sylvie TREMOUILLE, contrôleur du travail et Daniel BUFFIERES chef de la mutualité sociale agricole en Dordogne ont été lâchement assassinés comme le furent il y a quelques mois trois inspecteurs du travail au Brésil.

Nos deux collègues effectuaient un contrôle banal de l'entreprise, ils s'assuraient que les lois de la République étaient respectées.

Alors qu'ils venaient tout juste de rencontrer l'exploitant celui-ci est rentré chez lui, est ressorti armé d'un fusil. Il a fait feu à bout portant contre Daniel BUFFIERES le blessant mortellement ; puis a tiré dans le dos de Sylvie TREMOUILLE qui tentait de fuir, la tuant sur le coup. Il aurait ensuite tenté de mettre fin à ses jours, mais cet excellent tireur s'est raté, ne se blessant que légèrement.

A la peine qui nous étreint s'ajoute la colère devant le traitement médiatique de ce crime et la faiblesse des réactions des ministres concernés, chacun présentant certes ses condoléances mais expliquant ou donnant à penser qu'il s'agirait du geste de désespoir d'un exploitant agricole en difficulté excédé. Nul doute que s'il avaittiré contre lepatrond'une grande surface responsable des prix cassés les reportages auraient occupé la première page des journaux mais les victimes sont des innocents ça vaut une minute au JT.

Alors qu'il s'agit clairement d'un patron délinquant qui, refusant d'être contrôlé, va jusqu'à l'assassinat comme n'importe quel voyou qui fuit ou tire sur des gendarmes pour échapper à la loi. Etre patron en difficulté devient une circonstance atténuante, encore que dans le cas présent on ignore l'état des finances du criminel et qu'on ne s'intéresse pas aux difficultés économiques des saisonniers sur exploités.

Il semble qu'associer les mots délinquant ou criminel au mot patron soit déplacé. Le président du Medef vient d'ailleurs de déclarer qu'il était choqué par l'expression « patron voyou » utilisée à propos d'affaires récentes, et l'an dernier quelqu'un comme André DAGUIN estimait que les assassins avaient le mérite de ne pas être des hypocrites.

Si cette affaire est exceptionnelle par sa gravité elle n'est pas pour autant isolée. Une contrôleuse du travail s'est faite agresser l'été dernier par des forains à Dieppe, bousculée, sac arraché et menacée violemment ; ailleurs des collègues ont reçu des coups, des cercueils adressés aux domiciles des agents ; les injures et les outrages et les incivilités, comme on dit aujourd'hui pour les jeunes des banlieues, se multiplient partout. Face à cela les réactions des ministres brillent par leur discrétion.

Dans un contexte où le droit du travail est considéré comme un anachronisme, où les lois sociales sont supprimées les unes après les autres ou bien, sur la pression du chômage, bafouées quotidiennement, les fonctionnaires chargés de faire respecter les droits sociaux sont désignés comme des fauteurs de trouble, comme des empêcheurs d'exploiter. Dès lors il n'est pas étonnant que les plus extrémistes ou les plus excités en viennent aux voies de fait. Les droits sociaux étant délégitimés, leur défense l'est aussi, les inspecteurs du travail, comme les syndicalistes sont désignés à la vindicte patronale. Des délinquants ou criminels sont parfois imbibés d'alcool, d'autres sont imbibés de libéralisme.

Nous sommes payés pour faire respecter les droits des plus humbles, dans le cas particulier il s'agissait de faire respecter les droits des saisonniers utilisés très fréquemment clandestinement dans des secteurs comme l'agriculture, la restauration ou le bâtiment. Employés clandestinement non seulement pour échapper aux paiement des cotisations sociales nécessaires au financement de la protection sociale de tous les citoyens, mais aussi pour employer les travailleurs 56 heures par semaine en les payant 35 ou 39, en un mot pour voler les travailleurs et le pays.

Notre ministre, Jean Louis BORLOO, a, paraît-il, fait de la lutte contre le travail illégal une de ses priorités, récemment il s'est adressé à chacun de nous pour dire l'importance qu'il attachait à la cohésion sociale et qu'il comptait sur nous.

Nous sommes par conséquent dans l'attente d'actes forts publics, d'un véritable soutien à l'action des agents de ses services, d'une détermination sans faille.

Nous aurions aimé voir notre Ministre sur les plateaux de télévision, comme le font, à juste raison, les ministres de l'intérieur lorsqu'un policier tombe en mission.

Nous vous prions, Monsieur le Député, par une question écrite ou orale, de demander aux Ministres concernés ( Emploi, Travail, Agriculture, Transport, Justice, Intérieur) ce qu'ils comptent faire :

  • pour dire à la population l'importance primordiale des droits sociaux
  • pour dire le rôle éminemment crucial que jouent les agents de l'inspection du travail et des organismes sociaux
  • pour assurer sur le terrain la sécurité des fonctionnaires concernés
  • pour réprimer réellement la délinquance patronale
  • pour punir sévèrement les auteurs d'agressions
  • Comptant sur votre soutien, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Député, l'expression de toute notre considération.


    Tuerie de Dordogne : PLUS JAMAIS CA !

    C'est avec une émotion immense que nous avons appris le décès de Sylvie TREMOUILLE, contrôleur du travail stagiaire à l'ITEPSA de Dordogne et de Daniel BUFFIERE, contrôleur de la MSA, tous deux abattus d'un coup de fusil lors d'un contrôle dans une exploitation agricole de ce département.

    Alors qu'ils demandaient à un exploitant agricole de présenter, dans le cadre d'un contrôle COLTI, les documents d'embauche des salariés présents dans l'exploitation, l'employeur revenait armé d'un fusil. Daniel BUFFIERE a été abattu à bout portant dans l'abdomen, et alors que Sylvie TREMOUILLE tentait de fuir le criminel, elle a été touchée dans le dos.

    Sylvie TREMOUILLE avait 40 ans, elle était ancienne secrétaire d'ITEPSA et elle venait de réussir le concours de Contrôleur du Travail. Elle était mariée et avait un enfant. Daniel BUFFIERE, 46 ans, Chef du service de contrôle avait également des enfants.

    La section du Parti Socialiste d'Aubervilliers exprime toute sa sympathie et sa profonde compassion à la famille et aux amis des deux victimes.

    En 112 années d'existence, jamais un agent de contrôle de l'Inspection du Travail n'avait été assassiné. De nombreuses agressions, toujours inacceptables, ont été dénombrées. Mais jamais la violence n'aura été portée aussi loin.

    L'Inspection du Travail travaille quotidiennement dans des conditions extrêmement difficiles. Chacun, mais plus particulièrement certains agents, comme les contrôleurs, certains services, comme les ITEPSA, est confronté régulièrement à des situations périlleuses. Ainsi en Dordogne et dans le Lot et Garonne, certaines organisations n'ont de cesse de menacer les service de l'Inspection du Travail agricole. Des menaces sont proférées. Un prix est décerné par une organisation, « le prix de l'ours », attribué à l'agent « le plus détestable » de l'Inspection du travail. Sans qu'il y ait les réactions nécessaires pour affirmer le respect des agents et l'autorité publique.

    L'inspection du Travail a pour mission essentielle la protection des salariés en permettant, chaque fois que cela est utile, de simplement assurer l'application du droit, de la loi républicaine.

    L'inspection du travail est un pilier essentiel à la liberté des salariés et à la démocratie dans ce pays. Elle assure, presque seule, dans l'enceinte privée de l'entreprise cachée de l'ordre public ordinaire, l'application de la Loi dans le cadre essentiel du contrat de travail. Cette solitude des agents est toujours pesante, elle est dangereuse.

    Les inspecteurs du travail sont si peu, et donc si peu présents, qu'après tout, tout semble possible contre eux. Ce possible dépasse aujourd'hui plus que légitiment ce qu'ils peuvent supporter.

    Il est impératif que tous les actes quels qu'ils soient qui menacent tout agent de contrôle, dépositaire de l'autorité publique, soient poursuivis et condamnés lourdement. Laisser faire, laisser s'exprimer la haine ou la violence contre l'Inspection du Travail, sans réagir à chaque fois, peut apparaître aujourd'hui comme lourd de conséquence.

    Pour les socialistes d'Aubervilliers, le gouvernement doit donner les moyens nécessaires aux services de l'Inspection du Travail pour assurer leur présence en nombre sur le terrain et la protection à laquelle ils ont droit.

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