GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Écologie

Justice sociale et défi climatique

Si l’écologie politique s’est vite classé à gauche, il est clair, maintenant que le dérèglement climatique est devenu un fait constatable par tous les esprits honnêtes, que la question des mobilités, ainsi que celle de l’adaptation des populations, posent toujours davantage le problème de la redistribution des richesses.

Il n’y a pas plus mortifère que d’opposer diverses couches de la population entre elles. Qu’elles soient urbaines ou qu’elles vivent à la campagne ; qu’elles travaillent ou qu’elles soient privées d’emploi, ponctuellement ou durablement ; qu’elles votent ou qu’elles soient abstentionnistes ; qu’elles étudient ou qu’elles soient à la retraite ; qu’elles prennent la voiture au quotidien ou s’engouffrent dans les transports en commun ; qu’elles se chauffent au bois, au fioul ou à l’électricité, l’énorme majorité souffre de la mainmise de la finance sur la production, ainsi que des mesures gouvernementales qui sont là pour la conforter.

Il est temps – et même grand temps vu l’urgence climatique – de construire un front de classes, de remettre au goût du jour la question sociale et d’écrire ensemble un dessein commun.

Sortir du capitalisme

Les urgences sociales, démocratiques et écologiques ne sont pas des concepts creux. Ils doivent s’incarner dans des mobilisations concrètes. La première évidence, c’est qu’elles font bloc. L’objectif, c’est la sortie du capitalisme. Intrinsèquement, le capitalisme exclut et concentre. Il concentre les richesses, le pouvoir, les ressources naturelles. Il est source d’inégalités et nourrit leur accroissement.

Il laisse sur le côté toutes celles et tous ceux qui participent à la production de la richesse, mais dont le travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. Il surfe sur la peur du déclassement des salariés du rang qui s’échinent, quoiqu’il en coûte, à se distinguer de celles et ceux qui n’ont même pas de travail, même pas de salaire. Cette opposition entretenue par les riches, les détenteurs du capital, affaiblit les mobilisations collectives. Elle empêche les victoires sociales.

Le capitalisme décide seul, broie le dialogue social, remet en question la légitimité de la participation du salariat à la vie de l’entreprise et à ses choix stratégiques. Il déteste les expériences de socialisation, pourfend la Sécurité sociale. Il entretient l’inefficacité du politique jusqu’au discrédit du principe électif même, puisque l’essentiel se décide ailleurs. Un ailleurs puissant, riche et violent.

Enfin, il privatise l’eau et profite du pétrole. Il exploite des femmes et des hommes en gaspillant les ressources naturelles limitées. Il nous embarque dans la course folle à l’accumulation. Réussir, c’est accumuler. À ce jeu-là, les gagnants sont peu nombreux. En France, ils sont regroupés sous le joli nom de CAC 40. BNP Paribas, Bouygues, Dassault Systèmes, LVMH : ils s’enrichissent en regardant la classe laborieuse s’abîmer, en convainquant le gouvernement de repousser l’âge de départ à la retraite et en s’assurant du droit à extraire, importer, s’approprier des biens et des secteurs pourtant stratégiques à la conduite du pays.

Proposer une alternative

En attendant, ne nous laissons pas berner ! Il est absurde d’incriminer tels ou tels comportements individuels comme étant responsables à eux seuls du dérèglement climatique. Pas plus qu’il ne fait sens d’opposer le salaire et la protection sociale pour obtenir l’égalité. C’est ensemble que nous devons écrire un horizon qui nous paraît équitable, soutenable et profitable à l’écrasante majorité de la population. En point d’orgue, nous devons nous interroger sur notre rapport à la productivité.

Produire mieux et tous. Produire pour satisfaire les besoins humains, pas pour engraisser des actionnaires. Utiliser les ressources naturelles pour manger, pas pour spéculer. Construire des logements pour abriter, pas pour proposer un énième produit bancaire aux quelques-uns qui vivraient de la rente. Former la génération qui vient aux métiers hautement qualifiés, qui permettront de baisser le temps de travail, pas d’accélérer les chaînes de production pour courir après une production superflue. Socialiser des secteurs privés pour rendre le pouvoir à la majorité et permettre la souveraineté dans des secteurs essentiels.

Puisque nous somme l’écrasante majorité, toutes et tous « essentiels » – contrairement aux détenteurs de capitaux –, soumis à la loi d’airain de la « fin du mois » comme à la menace de « fin du monde » que font planer sur nous les 1, voir les 0,1 % les plus riches, ne nous laissons pas diviser. Soyons unis !

Cet article de notre camarade Marlène Collineau a été publié dans le numéro 298 (octobre 2022) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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