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Incurie d'un emmerdeur

Cela fait deux ans que nous sommes confrontés à la pandémie de la Covid-19 et dans ces vingt-quatre mois, si des progrès indéniables ont été réalisés – notamment concernant les vaccins et le traitement des malades –, la vague Omicron laisse voir, du côté gouvernement et de Macron, une difficulté persistante à proposer une riposte efficace.

À l’hôpital, les messages des personnels de santé et de leurs syndicats indiquent que la fermeture des lits a continué pendant la pandémie, ce qui reste incompréhensible. La forte contagiosité du variant Omicron fait craindre un niveau d’hospitalisations plus élevé que ce que l’on a déjà connu lors des vagues précédentes (entre 2 000 et 5 000 hospitalisations pour Omicron).

Ça craque à l’hôpital et à l’école !

La crainte d’être submergés est dans tous les esprits. On peine à comprendre l’articulation de la mobilisation entre les cliniques privées et les structures publiques, et cela laisse l’impression que la tendance à cantonner le service public hospitalier dans les tâches les moins rémunératrices et les plus contraignantes persiste. En 2000, le système de santé français était classé premier au monde par l’OMS. On sait maintenant qu’il faut vingt ans aux néo-libéraux pour casser un système efficace et que même une pandémie ne les incite pas à remettre en cause leur frénésie de casser les services publics.

Dans les établissements scolaires, toujours pas d’aérateurs ni même de capteurs de CO2, alors que ces dispositifs limitent la propagation du virus. Pas d’embauches supplémentaires pour aider les enseignants et les personnels scolaires à faire face au surcroît de travail né des contraintes inhérentes à la pandémie. Tout au plus dans certaines académies, on essaie de faire « retravailler » les enseignants en retraite que l’on va même parfois recruter sur… Leboncoin !

Avec des consignes annoncées le dimanche soir pour le lundi de rentrée après les vacances de Noël, le ministre Jean-Michel Blanquer a montré, une fois de plus ses limites. Les enseignants et personnels scolaires seront en grève le 13 janvier.

De file en file…

Ces consignes qui imposent de produire plusieurs tests si l’on est positif ou cas contact ont eu comme premier effet d’organiser la ruée vers les pharmacies et les laboratoires, pas forcément équipés pour accueillir un gros volume de candidats aux tests et aux vaccins.

Certes, les infirmières et les médecins scolaires ont vu leur nombre décroître depuis des années et se partagent maintenant sur plusieurs établissements. Mais il est tout de même étonnant de ne pas avoir organisé la vaccination et les tests dans les établissements scolaires qui disposent de salles, de cours et de préaux mieux adaptés à une opération de masse que les trottoirs devant les pharmacies.

Dans ma banlieue lointaine (dans le sud de la Seine-et-Marne), le « vaccinodrome » ouvert cinq jours sur sept lors de la première vague de vaccination par l’hôpital de Melun, n’a pu proposer pour la troisième dose qu’un jour d’ouverture par semaine... faute de personnel. Il a très vite saturé et tout le monde cherche une solution individuelle (pharmacie, médecin, infirmière) pour se faire vacciner. Pour la troisième dose, le vaccin ne va pas au patient, c’est au patient de se débrouiller. Avec la vague Omicron, le nombre de personnes contaminées augmentent chaque jour sensiblement, laissant les parents qui travaillent dans l’obligation de s’arrêter pour garder leurs enfants, quand ils ne sont pas eux-mêmes positifs ou cas contact.

L’absentéisme augmente sensiblement dans les entreprises où il est, à l’heure où nous écrivons, évalué à 15 %. Ce seuil est déjà suffisant pour commencer à désorganiser les entreprises et à paralyser l’activité. D’ici quinze jours, un certain nombre de commerces et d’entreprises, dont les entreprises de transport, seront paralysés par les arrêts maladie. On risque de manquer de personnels à certains postes dans les « fonctions essentielles ».

Irresponsable ET incapable

Aux pénuries qui ont accompagné le début de l’épidémie (masques, blouses, respirateurs, médicaments, lits et personnel) s’ajoute une persistante incapacité du président et de son gouvernement à mettre en œuvre une organisation s’appuyant sur les institutions collectives de notre société. Augmenter les salaires des soignants était une absolue nécessité pour garder les équipes dans les hôpitaux. Cette étape a été ratée. Recruter partout où cela est nécessaire dans les trois Fonctions publiques pour faire face à la pandémie, encore raté. Relocaliser la production de certains équipements pour éviter les pénuries n’a pas non plus été mis en œuvre. Organiser les établissements scolaires pour sécuriser les élèves et les enseignants reste une vue de l’esprit.

Macron ne fait pas face à une pandémie : il gère des vagues de variants, les unes après les autres, avec, çà et là, des petites phrases pour faire diversion. Tout cela est bien étonnant dans un pays toujours classé « sixième puissance économique mondiale », qui a pourtant les moyens de faire mieux que cette gestion lacunaire. En bon néolibéral, Macron ne mobilise l’État que pour les besoins des actionnaires ; pour tout le reste, il se limite à mettre en œuvre des moyens de police pour contrôler la population. Et parfois la cliver.

Cet article de notre camarade Anne de Haro a été publié dans le numéro 291 de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale.

le 10 janvier 2022

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