L’Assemblée nationale a adopté la semaine dernière à l’unanimité le projet de loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile, l’une des plus polluantes au mode. Sont clairement ciblées les plateformes de vente en ligne Shein et Temu, parmi d’autres, et leur politique de renouvellement extrêmement rapide de l’offre et de prix très bas qui incitent à la surconsommation, d’autant que la qualité des produits proposés n’inscrit de toute façon pas leur usage dans la durée…

Sanctionner les consommateurs ?

La création d’un malus écologique pour chaque produit acheté et l’interdiction de la publicité pour ces produits, notamment via les influenceurs, ciblent quant à elles directement les consommateurs et le shopping en ligne compulsif.

Les scandales de l’industrie textile n’ont pas attendu l’explosion des plateformes de vente en ligne, qu’il s’agisse des processus de production exploitant des salariés sous-payés, de l’exposition de ces derniers à de nombreux produits toxiques, de la délocalisation de la production au détriment des pays où se situent les consommateurs mais où ont disparu les savoir-faire…

Dans le même temps, les faillites s’enchaînent en France dans le secteur de l’habillement et après les emplois de la production textile, ce sont désormais ceux de la vente qui disparaissent.

Les débats, à l’Assemblée ou sur les plateaux télés, ont évidemment évoqué le comportement des consommateurs, attirés par cette offre sans cesse renouvelée et des tarifs tellement incitatifs qu’il n’y a plus de raison de « se priver » d’articles qui seront peu ou pas utilisés, revendus dans le meilleur des cas pour intégrer le marché de seconde main.

… ou augmenter les salaires ?

Mais ces consommateurs ont-ils toujours vraiment le choix de ne pas choisir le « moins cher » ? Le message qui leur est adressé est-il le bon si l’on se contente de sanctionner leur mode d’achat sans s’attaquer à leur vrai problème qui est leur pouvoir d’achat ? Le salaire moyen aujourd’hui permet-il à un consommateur qui se voudrait vertueux d’acheter dans une boutique de proximité un produit textile de qualité fabriqué en France voire en Europe ?

… avec une approche économique et sociale globale !

Il est donc indispensable de se pencher sur ces questions sans oublier que le développement durable ne concerne pas uniquement les sujets environnementaux mais aussi les aspects économiques et sociaux. Il faut relocaliser la production, soutenir l’achat dans les commerces de proximité (tout en contribuant à sauvegarder l’activité commerciale dans les centres-villes) afin de préserver et de créer des emplois mais avant tout, il faut augmenter les salaires afin de ne pas jeter le consommateur dans les bras de ces plateformes de vente en ligne qui ne sont que l’expression « vue sur le web » du système capitaliste. Ne laissons pas stigmatiser toute une partie de la population, revendiquons plutôt avec elle les moyens d’avoir vraiment le choix d’agir en consommateur « responsable » et d’avoir accès à des produits de qualité plutôt qu’en quantité.