GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Discours de Gérard Filoche à Reims

Bonjour.

Une phrase liminaire : j’ai écouté notre camarade Pierre Moscovici parler des questions internationales, et je n’ai pas entendu que nous étions pour le retrait des troupes françaises d’Afghanistan. Je voulais que cette phrase puisse être dite à un moment donné à la tribune de notre congrès par rapport à tout ce que nous avons à dire.

Je présente la motion C et la candidature de Benoît Hamon. Vous connaissez Jean PERELEVADE* ? C’est cet homme, ami de François Bayrou, qui explique qu’il faut prendre 5% aux salariés et à ceux qui travaillent pour le donner aux chefs d’entreprises et aux actionnaires pour les sortir de la crise. Ce n’est pas un homme du centre, mais un homme de droite. De façon générale, entre actionnariat et salariat, il n’y a pas de centre, il faut choisir dans quel camp on est. C’est difficile d’aimer les uns, les autres.

Les banquiers, qui les aime aujourd’hui ? Ils nous ont pris nos sous, on leur en redonne, ils rejouent dans l’économie casino comme avant, avec les mêmes règles, et ils reperdent, parce qu’ils entraînent l’ensemble du monde dans le gouffre. Nous ne pouvons pas ne pas supporter cette crise sans dire qui est le responsable, et les Français ne nous entendent pas assez dire que c’est le monde de Sarkozy qui s’écroule, c'est le Fouquet’s, c’est Bolloré, c’est Bouygues, c’est Dassault, c’est Lagardère, c’est les initiés, ceux qui n’en ont jamais assez, ceux qui entraînent le monde dans le gouffre. Ils veulent nous entendre dénoncer ces gens-là, parce que ce sont ces gens-là qui prennent tout ce que les salariés qui produisent les richesses méritent et la part qu’ils ne reçoivent pas comme ils le méritent.

En cette période de crise, c’est évidemment la première des choses. Ils veulent en plus licencier, ils veulent en plus un effet d’aubaine, ils veulent en plus des plans sociaux, ils veulent en plus que tout soit payé par nous, et nous, c’est le salariat, c’est les employés, les ouvriers, les cadres, tous ceux qui gagnent moins de 3 200 euros, c’est-à-dire 98% de la population. Et les jeunes sont des salariés en formation, les chômeurs sont des salariés temporairement privés d’emploi, et les retraités dépendent du travail des salariés.

C’est à ceux-là auxquels le Parti socialiste doit s’adresser. Nous sommes Parti socialiste, mais parti du salariat, et nous combattons ceux qui mènent le monde à la crise, ceux qui l’entraînent dans la déroute partout sur la planète et aussi dans notre pays.

C’est cela qui fait la base de l’unité de la gauche, c’est le fait que l’on défende des choses absolument essentielles, vitales pour les gens. Oui, les 35 heures ! Cela fait 70 ans dans notre pays que nous luttons et que nous réussissons à baisser la durée du travail et à augmenter les salaires en même temps, et à augmenter la productivité en même temps. Oui, on peut travailler moins et gagner plus, cela fait 70 ans que la France le fait. Elle le montre au monde entier.

Je ne comprends pas comment on a pu laisser passer Sarkozy avec le slogan : « Il faut travailler plus pour gagner plus. » Il n’y a pas un salarié de ce pays qui a la liberté de ses horaires. On pouvait le dire, dans la campagne présidentielle, parce que l’on gagne toutes les élections sans ça. On a gagné les régionales, on a gagné les départementales, on a deux villes sur trois, vingt régions sur vingt-deux, 61% des départements, mais pour gagner l’élection du sommet alors que toute la France est majoritairement de gauche, il faut dire ce que les salariés et les Français veulent entendre : oui aux 35 heures, oui aux 1 500 euros, oui à la retraite à 60 ans.

Les questions sociales sont au cœur de tout, bien sûr les questions sociétales ont leur importance, mais 91% de la population active est salariée, et si l’on ne s’adresse pas à ces gens-là, on perd des millions de voix. On croit qu’on va les gagner au centre, on les perd à gauche. Il y en a deux millions ou trois millions qui ne votent pas pour nous parce qu’ils sont devant leur poste de télé et ils disent : « Allez les socialistes, dites-nous quelque chose de gauche ! »

Et comme on ne dit pas quelque chose de gauche, ils entendent les autres dire : « La retraite à 70 ans. » On n’est pas tous debout contre un truc pareil ? Parce qu’il paraît que l’espérance de vie s’allonge, mais si vous travaillez jusqu’à 70 ans, elle ne va pas s’allonger, votre espérance de vie. Vous allez mourir plus tôt, parce que c’est grâce à la retraite à 60 ans que l’espérance de vie s’allonge. Entre 60 et 65 ans, c’est les meilleures années de la retraite, entre 60 et 65 ans, c’est les plus dures années au travail. Deux maladies sur trois s’attrapent au travail et sont dues au travail.

Il faut bien défendre les acquis, on ne peut pas rester muets pendant toute une campagne présidentielle sur la question de la retraite à 60 ans, on ne peut pas rester muets sur la question des salaires.

La question des salaires, ce n’est pas le pouvoir d'achat, ce n’est pas la vie chère, c’est le salaire brut, net, avec les cotisations sociales qui aident à financer la sécu et la retraite. C’est comme ça quand il y avait Lionel Jospin, on avait un excédent dans les caisses de sécu, c’est parce qu’on augmentait les salaires. Et c’est sur les droits sociaux, évidemment, c’est de cette façon-là que les socialistes ont gagné.

Vous vous interrogez sur l’unité, l’unité de la gauche, on la fera comme ça, de toute la gauche. Il n’y aura pas besoin d’aller chercher un appoint, la nuit, entre deux tours, pour proposer à un homme de droite d’être Premier ministre à notre place, parce que la gauche, elle ne va pas un homme de droite pour être Premier ministre, elle veut un homme de gauche !

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