GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Écologie

Dérèglement climatique, un été riche d’enseignements

Cet été a été marqué par de nombreux phénomènes climatiques violents : inondations, incendies, tempêtes… Juillet 2021 a aussi été le mois de juillet le plus chaud depuis qu’il existe des relevés météorologiques, soit 142 ans : 0,93°C de plus que la moyenne du XXe siècle.

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) vient de rendre son 6e rapport que nous étudierons en détail dans la prochaine livraison de Démocratie & Socialisme. Face à la situation qu’il décrit, le capitalisme s’adapte et fait de « la catastrophe » un nouveau marché. Nous avons pourtant urgemment besoin d’une véritable révolution écologique et sociale, nécessaire pour inventer une autre façon d’habiter la Terre.

Inondations, orages et tempêtes

Les inondations de juillet ont dévasté de nombreuses régions du monde, principalement en Chine, en Belgique et en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne ou encore en Inde. Le site FloodList en a enregistré 124, dans plus de vingt pays. Le mois d’août a également été marqué par des inondations importantes en Turquie (plus de 70 morts), en Russie, en Autriche, en Italie, en Espagne, aux États-Unis, au Japon… Elles ont entraîné de nombreux morts (920 recensés en juillet), des déplacements de populations, d’importants dégâts (30 milliards d’euros en Allemagne).

Une étude du World Weather Attribution (WWA), regroupant des experts de divers instituts de recherche dans le monde, rendue publique le 24 août, conclut que les pluies diluviennes survenues à la mi-juillet en Allemagne et en Belgique (plus de 200 morts) sont dues au réchauffement climatique. « Cet épisode extrême a été rendu jusqu’à neuf fois plus probable par le réchauffement dû à l’activité humaine. Le changement climatique a également “fait augmenter la quantité de pluie sur une journée d’entre 3 % et 19 %” »1, selon les scientifiques du WWA. Dans une autre étude, le groupe d’experts montre que le « dôme de chaleur » du Canada et de l’Ouest américain aurait été presque impossible sans les effets du changement climatique.

Incendies : hausse tendancielle

Outre ces inondations, des incendies atteignent partout une intensité importante et inhabituelle. Dès 2018, les pays d’Europe du Nord ont découvert la nouvelle donne. Ainsi la Suède a connu des feux de forêt exceptionnels, avec plus de 21 00 ha détruits, contre 454 enregistrés en moyenne entre 2008 et 2017 – soit une hausse de… 4 000 % ! De même, le Royaume-Uni a vu partir en fumée 14 000 ha, contre 3 100 en moyenne (+ 346 %). Ce rappel est important, car cette zone géographique, peu habituée aux incendies, se voit rattrapée par la règle dite des « 30-30-30 », voulant que le risque d’incendie est très élevé si le taux d’humidité est inférieur à 30 %, la température supérieure à 30°C et la vitesse du vent dépasse 30 km/h.

Le 30 octobre dernier, le Centre commun de recherche de la Commission européenne (CCR) a présenté la 20e édition de son rapport annuel sur les incendies de forêt en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pour l’année 2019, en notant qu’elle a été la pire année en matière d’incendies de forêt que le monde ait connue dans l’histoire récente. Plus de 400 000 hectares d’espaces naturels ont brûlé en Europe et un nombre record de zones naturelles protégées (dont 159 585 ha de zones européennes protégées du réseau Natura 2000) ont été touchées. Selon les conclusions du rapport, le changement climatique a continué d’influer sur la durée et l’intensité du danger d’incendie en Europe.

L’ère des « mégafeux »

Pour 2021, l’introduction d’un récent article résume bien la situation : « Des deux côtés de l’Atlantique et de part et d’autre de la Méditerranée […], les forêts brûlent. Dans des pays riches comme déshérités, sous des latitudes et des climats différents, des écosystèmes entiers partent en fumée dans des incendies monstres, certains d’une ampleur jamais vue dans l’histoire récente »2.

Le lien avec le réchauffement climatique est établi depuis longtemps et les feux les plus importants sont aussi ceux des dernières années. L’incendie emblématique de cet été aux États-Unis, le Dixie, est par exemple le deuxième plus grand jamais enregistré en Californie. Ce feu immense, qui a débuté mi-juillet, n’était toujours pas éteint mi-août et avait déjà brûlé plus de 244 000 ha de forêt. Mi-août environ, les quelques 39 000 incendies répertoriés aux États-Unis avaient détruit la bagatelle d’1,5 million d’ha.

De très nombreux pays connaissent d’importants incendies, quelquefois meurtriers. On peut citer la Turquie avec au moins 180 000 ha anéantis, soit huit fois plus que la moyenne des dix dernières années, et même l’Algérie (plus de 3 800 ha détruits contre 2 425 ha en moyenne). Au 19 août, la Grèce a déjà vu partir en fumée 124 354 ha, soit onze fois plus qu’habituellement à la même époque de l’année. Le nombre d’hectares brûlés par les flammes en Espagne a été multiplié par 1,6, avec 64 269 ha en 2021, contre 2 425 en moyenne.

En 2021, en moyenne, pour douze pays européens et du bassin méditerranéen (Finlande, Grèce, Turquie, Chypre, Danemark, Tunisie, France, Monténégro, Belgique, Bosnie Herzégovine, Algérie, Allemagne), la superficie des feux de forêt enregistrés en 2021 est multipliée par 12,5 par rapport à la moyenne des années 2008-2020.

Cet article de notre camarade Didier Lassauzay est à retrouver dans le numéro 287 (septembre 2021) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

1.« Les inondations de juillet en Allemagne et en Belgique sont bien liées au réchauffement climatique », Le Monde, 24 août 2021.

2.« La planète est entrée dans l’ère des “mégafeux”», Le Monde, 20 août 2021.

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