GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Contre Merkel et le Medef, imposons un rapport de forces !

Huit ans après, l’image est toujours déplorable. Il y a huit ans, François Hollande, alors premier secrétaire du PS, avait posé en couverture de Paris Match à côté du fringuant ministre Sarkozy dans le cadre de la campagne en faveur du Traité Constitutionnel Européen. Et déjà – mais nous ne le savions pas encore –, il était en déphasage avec la majorité du Parti qui avait en réalité voté pour le rejet du TCE, les résultats du référendum interne du 1er décembre 2004 étant biaisés. Et plus la campagne avançait, plus le Non progressait, plus nous sentions dans notre for intérieur qu’en raison de leur obstination à défendre une Europe libérale rejetée partout, les amis de François Hollande se coupaient de la base sociale du Parti et de la grande masse de ses électeurs.

François et Angela à Leipzig

Ce 23 mai, réédition délibérée à l’échelle continentale de la couv’ de Paris Match, le président français a chaleureusement salué Angela Merkel lors du congrès du SPD où avait été conviée... Angela Merkel ! L’ennemie n° 1 des salariés de toute l’Europe ! La complice de ce monde de la finance que notre candidat avait pourfendu avec un tel brio lors de son discours du Bourget en janvier 2012 ! La fondée de pouvoir des banquiers et des spéculateurs qui imposent l’austérité à toute l’Europe ! C’est bel et bien cette incarnation sociale que notre président avait en face de lui quand il a salué amicalement la panzer-chancelière à Leipzig. Une fois dissipé le légitime trouble suscité par la vue de cette image, des millions de salariés ont dû se ressaisir, en se disant qu’après tout, il est normal pour un président de la République française de saluer la chancelière de la République fédérale allemande. Protocole oblige. A tout prendre, François Hollande était là pour s’adresser, non à Angela Merkel, mais aux délégués du congrès socialiste d’Outre-Rhin.

Un hommage appuyé à Gerhard Schröder

Et pourtant, ce n’était pas à nos camarades allemands que parlait François Hollande. Pendant tout son discours, il a encensé les « réformes » entreprises il y a maintenant quinze ans par le chancelier Schröder et son ministre du travail, le sinistre Peter Hartz. Ces prétendues réformes ne sont pourtant pas le fait des militants du SPD : elles leur ont été imposées par le capital allemand, dont d’importantes fractions avaient dès cette époque opté pour une stratégie de déflation salariale tous azimuts afin de restaurer leur taux de profit. La flexibilisation du « marché » du travail intérieur, suivie de son cortège de maux et de malheurs, a de ce fait été le trait principal des années Schröder, quand en France, la Gauche plurielle, derrière Lionel Jospin, faisait les 35 heures par la loi. C’est cette politique de précarisation généralisée du salariat allemand, dont l’austérité n’est que la suite logique, que notre président de gauche était venu évoquer devant le congrès du SPD, lui qui avait à juste titre martelé pendant toute la campagne de 2012, à l’unisson des autres dirigeants socialistes, qu’il fallait réorienter l’Europe et rompre avec le bloc Merkozy-Cameron...

L’erreur de Hollande

L’image est déplorable, mais ceux qui voient là trahison et cynisme se trompent lourdement et ceux qui à gauche espèrent surfer sur ce thème vont s’y casser les dents. Pas plus qu’avec Sarkozy, le socialiste Hollande n’a quelque chose à voir avec Merkel. Il n’a à dire vrai rien en commun avec cette protestante réactionnaire élevée dans le terreau putride du stalinisme est-allemand. Le président français manœuvre en réalité à vue, dans le brouillard. Avec circonspection. Non par tempérament comme se plaisent à le répéter les éditorialistes stipendiés, mais parce qu’il ne veut pas « ajouter la crise à la crise », pour reprendre la formule de Moscovici. Hollande compose parce qu’il pense que s’opposer frontalement aux marchés et à Merkel susciterait un approfondissement des difficultés rencontrées par l’Europe. Il peine à comprendre que nous en sommes là à cause de la profonde crise que traverse l’Union européenne et que toute politique visant à ne surtout pas mettre de l’huile sur le feu ne fait qu’enfoncer encore davantage le continent dans la récession.

Errare humanum est…

L’erreur de jugement est massive et c’est elle qui détermine l’intégralité de la politique gouvernementale, mais, précisément, ce n’est qu’une erreur. Elle peut par nature être corrigée. Jean-Marc Ayrault et son équipe nous montrant jour après jour qu’ils sont incapables de le faire d’eux-mêmes, c’est aux salariés, et à eux seuls, qu’il revient de leur faire comprendre qu’ils font fausse route. C’est aux salariés, et à seuls, de sauver notre gouvernement, car il est sans défense face à la finance et aux banques, lui qui s’est volontairement désarmé dans le vain espoir d’amadouer ces carnassiers. A l’heure actuelle, seule la mobilisation sociale peut changer la donne. Tout militant de gauche, quelles que soient ses appartenances politiques ou syndicales, doit prendre conscience que la construction d’un mouvement social d’ampleur n’est plus seulement souhaitable : elle est devenue une impérieuse nécessité pour sortir de l’ornière et pour s’opposer aux exigences du Medef, des « marchés » et de Merkel. C’est ici et maintenant, pas dans l’isoloir l’an prochain, ni quand il sera trop tard, qu’il faut se soulever contre l’austérité et imposer au gouvernement de gauche, pour le sauver, ce programme sur lequel il a été élu et que, pour l’instant, il n’a pas eu le courage d’appliquer. Assez de plaintes et de désarroi ! Que la colère sociale s’exprime enfin positivement, dans la rue et dans les entreprises ! À leur choc de précarité et de flexibilité, répondons aux délinquants de la finance par le seul choc social qui ait cours dans notre camp : celui de la mobilisation, des manifestations et de la grève !

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