GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Syndicats

Chereque, Chirac à la benne !

Les urnes ont donc parlé dimanche 28 mars au soir et le gouvernement a été massivement sanctionné pour sa politique libérale de recul social.

Mais il n'y a pas que Chirac qui a été visé, la direction Chérèque de la Cfdt qui avait cautionné la plupart des mauvais coups du gouvernement Raffarin-Fillon a été désavouée du même coup.

Pêle-mêle ont été visés : la remise en cause de la loi de modernisation sociale approuvée par la confédération Cfdt ; les recalculés du chômage, signé par la Cfdt ; la diminution des droits aux intermittents, signé par la Cfdt ; la suppression de la garantie de la loi face au contrat appuyé par la Cfdt et surtout la réforme des retraites approuvée à contre courant de 66 % de l'opinion par François Chérèque.

Parce que Raffarin ayant pris Chérèque comme complice n'a pas voulu écouter la rue, celle-ci lui a signifié son rejet par les urnes.

Ces dernières parlent aussi depuis septembre 2003 lors des élections professionnelles, et toujours par la baisse de la Cfdt d'environ 4 à 5 points : dans la fonction publique hospitalière, chez le personnel civil de la Défense, à EdfF-Gdf, aux Impôts. Ces élections montrent une perte pour la Cfdt d'un quart à un tiers de ses électeurs.

Déroute de Chérèque à la Sncf :


Le résultat des élections à la Sncf du 25 mars est encore plus terrible pour la direction confédérale. Avec plus de 11 points de perte la Cfdt passe à 7,47 % des voix loin de la barre des 10 % qu'elle s'était elle-même fixée, elle perd 60 % de ses électeurs, elle devient la quatrième organisation de la Sncf alors qu'elle était la seconde avec 18,6 % des suffrages.

Chérèque est donc aussi clairement sanctionné que Chirac. C'est tellement évident qu'il se croit obligé de commettre un article dans le journal « le Monde » affirmant : « L'échec du gouvernement n'a rien à voir avec les retraites ». Tiens donc !

Croit-il qu'il pourra faire oublier aux militants et adhérents Cfdt les sifflets à l'encontre de Raffarin, lors de l'ouverture de championnats du monde d'athlétisme, significatifs d'un rejet massif et populaire à propos des retraites et des intermittents, les sondages montrant le rejet des salariés sur l'accord Chérèque-Raffarin, son article dans « Capital » dans lequel il affirmait qu'il était temps de remettre en cause le régime de retraite des cheminots ?

La sanction à l'encontre de Chéréque n'est pas l'œuvre des seuls salariés du secteur public. Les élections dans le privé - bien que moins visibles parce que plus éparpillées - vont dans le même sens. Les exemples sont nombreux où la Cfdt perd entre 30 % de ses voix alors qu'il n'y a presque pas eu de départs de militants (Etablissements de santé Sainte-Marie à Clermont - 800 inscrits), deux-tiers des voix lorsque la moitié des militants ont quitté la Cfdt (Atac Logistic Clermont, filiale d'Auchan - 280 inscrits), la quasi-totalité des voix quand la grande majorité des militants est partie (Etablissement de santé Sainte-Marie au Puy).

Les constats qui s'imposent à l'issue de ces élections :


Chérèque a identifié la Cfdt au recul social pour longtemps malgré les tentatives de change qu'il voudra donner. Pour les militants de la Cfdt qui ne veulent pas du recul social, il est vital soit de recréer une opposition, ce qui sera difficile, (force est de constater que le dernier communiqué de la fédération des transports après les élections de la Sncf ne va pas dans ce sens), soit de rejoindre la Cgt comme nous avons été nombreux à le faire.

La Cfdt va publier dans les jours qui viennent l'état des cotisations 2003 : il sera en baisse pour la première fois depuis quinze ans. Il sera toutefois bien inférieur au nombre réel des départs des adhérents car ceux-ci se sont faits pour la plupart en fin d'année après qu'ils aient payé 10 ou 12 timbres en 2003.

Mais le recul ne va pas s'arrêter là, il sera encore plus fort en 2004 et la Cfdt a probablement commencé une longue pente descendante - si elle ne change pas de cours. Le résultat des élections du 28 mars ne peut qu'accentuer ce phénomène : le départ des militants Cfdt se traduit par un départ d'adhésions et un transfert de voix au moins dans les mêmes proportions.

La Cgt est la grande gagnante de ces élections à la Santé, à la Sncf, aux Impôts, avec des progressions de 4 à 5 points. Il en a été de même lors des élections chez le personnel Atoss de l'Education nationale, traduisant ainsi l'autre demande forte des manifestations du printemps dernier, la nécessité pour le syndicalisme de se confédérer. Elle constitue le lieu de rassemblement. Elle apparaît comme le syndicat utile. Ses responsabilités en sont d'autant plus importantes pour la période qui va venir.

Il est temps que les militants syndicaux de toutes les organisations réfléchissent aux moyens pour mettre un terme à la division syndicale qui prédomine dans la situation française et qui constitue un frein redoutable à la syndicalisation, tout signe d'unité sera un nouvel encouragement des luttes.

René Defroment

(ex-secrétaire de l'Uri Auvergne Cfdt, aujourd'hui militant à la Cgt)

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