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C’est l’Histoire avec un grand « h » qui s’écrit ici, à Saint-Brevin

L’histoire commence en 2015 quand la jungle de Calais, qui concentrait 9 000 personnes, est démantelée. Des centres d’accueil et d’orientation fleurissent partout sur le territoire français. En septembre 2016, un centre de vacances est mis à disposition de l’État à Saint-Brevin pour accueillir 70 personnes migrantes.

Rapidement, l’info circule et des manifestations s’organisent. D’un côté, des militants qui s’affichent avec des drapeaux français et des slogans hostiles. De l’autre, des habitants qui défendent l’arrivée et se demandent comment se rendre utiles, auprès des personnes concernées. Le Front National entre dans la danse en alignant les coordonnées d’une responsable du Secours catholique sur les réseaux sociaux. Il poste des photos des bénévoles en y accolant un immonde mot-dièse Kollabos. Les digues cèdent et un mois plus tard, des vitres du centre de vacances sont retrouvées criblées de quatre coups de feu.

Le calme revient. Le centre d’accueil et d’orientation se transforme en hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asiles (Huda). Des associations locales se constituent, solidaires de leurs nouveaux voisins.

De l’hébergement d’urgence au centre d’accueil

En 2021, l’État annonce la pérennisation de l’Huda en Cada (centre d'accueil de demandeurs d'asile). Le projet comprend la construction d’un nouveau bâtiment. Le nouveau maire de Saint-Brevin s’attelle à organiser la discussion avec la population de sa commune. En face, l’État opte pour le silence : on ne communique pas. Tout le conseil municipal fait bloc, vote à l’unanimité les délibérations relatives au projet immobilier. En octobre 2021, les manifestations reprennent. Depuis, c’est l’escalade jusqu’au 22 mars 2023 où la France découvre, un Yannick Morez hagard, près de ses véhicules et de sa maison, incendiés par des racistes furieux, aux méthodes violentes.

L’histoire est ancienne et c’est peu dire si elle témoigne de l’incapacité du gouvernement à accompagner les collectivités dans l’atterrissage de projets qui sont pourtant les siens ! Un gouvernement loin des réalités, des préfets hors-sols qui affirment doctement devant des élus locaux qu’il faut « s’habituer au changement des formes d’expressions démocratiques »[1]. C’est-à-dire s’habituer à la place de l’extrême-droite dans ce pays et de ses franges identitaires les plus organisées. S’habituer à la violence envers celles et ceux qui n’ont d’autres torts que de ne pas nous ressembler ou d’arriver du bout du monde. Ou de les défendre.

La situation est grave et nous oblige

L’histoire n’est pas une petite histoire. C’est l’Histoire avec un grand « h » qui s’écrit ici, à Saint-Brevin. L’extrême-droite prend de l’ampleur, elle déverse ses idées nauséabondes sans la moindre réaction du gouvernement. Le Rassemblement National est largement représenté à l’Assemblée nationale. À l’extérieur, des militants identitaires ne se cachent plus pour semer la terreur dans les rues de Paris ou de Saint-Brevin. C’est de tout ça, de la banalisation de la violence et du racisme dont il est question. De la porosité entre Marine Le Pen et Gérald Darmanin lorsque ce dernier orchestre à Mayotte une politique inhumaine et indigne envers une population qui vit à plus de 80 % sous le seuil de pauvreté. De l’inaction de l’État français à protéger celles et ceux qui sont soumis à cette violence et à ce racisme. Et de l’attentisme coupable d’un gouvernement tout entier devant un maire qui démissionne, pour avoir fait vivre la devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité.

Mercredi 24 mai, des milliers de personnes, la gauche rassemblée, les associations des droits de l’homme et caritatives, la population brévinoise descendront dans la rue, solidaires de Yannick Morez, en soutien au Cada et à l’accueil des personnes migrantes, contre l’extrême-droite.

[1] Propos rapportés par Norbert Samama, maire du Pouliguen (44)

Pour retrouver le communiqué commun de 12 formations politiques de gauche de Loire-Atlantique, dont la Gauche démocratique et sociale (GDS), cliquer ICI . Une délégation de la GDS sera présent au rassemblement du 24 mai à Saint-Brevin.

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