GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

À Gauche

Bruno Le Maire : le déficit, c’est lui !

Dans le cadre des échanges que nous menons avec Picardie debout !, la formation politique lancée par notre ami François Ruffin dispose d’une carte blanche mensuelle dans nos colonnes. Ce mois-ci, Guillaume Ancelet dit tout le bien qu’il pense du ministre de l’Économie et des Finances.

Sept ans qu’il est en poste à Bercy, cela vaut bien une médaille : celle du ministre qui a le plus endetté la France. Plus 830 milliards d’euros, loin devant Christine Lagarde et ses 530 « petits » milliards. Même en lui retirant les 200 milliards de dettes liés au Covid, il garde la première place. Un champion, notre gars Bruno !

De l’argent, il y en a…

Les riches se gavent, mais ce sont les Françaises et les Français qui trinquent. Alors que les fournisseurs d’électricité font 37 milliards de surprofits, les gens payent aujourd’hui l’électricité deux fois plus cher que ce qu’elle coûte à produire. Et Bruno Le Maire leur demande aujourd’hui de payer le bouclier tarifaire en rehaussant son prix en moyenne de 9,8 % : il organise un système de détournement de l’argent public vers les grandes entreprises et leurs gros actionnaires.

De l’argent, il y en a pour faire autrement. Les aides aux entreprises représentent aujourd’hui 30 % du budget de l’État, 200 milliards d’euros, trois fois le budget de l’Éducation nationale. Il ne s’agit pas de supprimer les aides à l’aveugle. Mais au lieue d’avoir un arrosage général, l’État devrait mettre en œuvre un ciblage, protégeant les secteurs fragiles, prioritaires, les orienter vers un cap clair, social, écologique et démocratique.

Il y a dans ce pays des gens qui vont très bien. Les 500 plus grandes fortunes de France représentent l’équivalent de 45 % du PIB ; c’était 20 % en 2017. Il ne s’agit pas de les faire fuir, comme le prétendent nos contradicteurs, mais de les intégrer pleinement à la nation en leur faisant payer leur juste part. Que chacun contribue à hauteur de ses moyens. Qu’ils payent comme vous et moi.

… dans les caisses du patronat !

Quand Bruno Le Maire parle aux patrons, aux industriels, aux fournisseurs d’électricité, il leur demande poliment de « faire preuve de modération » et « de penser aux Français », sans aucune conviction dans le ton. Quand il parle aux Français, il impose par la loi, par décrets, avec de la gravité dans la voix. Faible avec les forts, fort avec les faibles : voilà sa logique.

On peut en croire Les Échos, propriété de Bernard Arnault : « le CAC 40 est à un niveau historique » et « la Bourse de Paris vole de records en record ». Mais Bruno Le Maire a un problème avec les mots dividendes et profits. Il n’arrive pas à les prononcer. Puisqu’il demande aux forces politiques de faire des propositions pour renflouer les caisses de l’État, nous lui suggérons de taxer les sociétés écrans, celles qui permettent de soustraire les dividendes à l’imposition. La France perd 20 milliards d’euros chaque année avec ce montage financier. 96 % des dividendes sont captés par 1 % des Français : celles et ceux qui contribuent fiscalement le moins. Faire cela, ce n’est pas ressusciter l’Union soviétique, puisque les États-Unis le font.

Au micro des matinales radio, Bruno Le Maire vitupère un État-providence dont le maître-mot serait « la gratuité de tout, pour tous, tout le temps ». Mais il parle d’une France fantasmée, où l’école et la santé seraient gratuites. Or c’est faux. Tout d’abord, les mécanismes qui permettent d’amortir les coûts des services publics, de les rendre les plus accessibles possible, sont financés sous forme de salaire indirect, par les cotisations, puis par l’impôt. Ensuite, même l’école n’est pas gratuite, puisqu’il faut bien payer la cantine, la garde des enfants, les activités périscolaires, les fournitures. Bref tout ce qui fait qu’aujourd’hui, l’école représente un coût non négligeable,pour les gens à faibles revenus,.

Solidarité vs compétition

Et ils annoncent quatrième réforme de l’assurance chômage en sept ans ! Depuis qu’ils sont au pouvoir, ils bidouillent, ils bricolent pour récupérer quelques millions d’euros sur le dos des chômeurs de longue durée. Ces ouvriers, ces employés de plus de 50 ans, ces femmes qui galèrent, le gouvernement, plutôt que de les relever, vient les enfoncer.

Pourtant, il existe des voies alternatives. Les expérimentations « territoires zéro chômeur de longue durée » donnent des résultats probants. Des gens privés d’emploi depuis longtemps accomplissent, en échange d’un salaire, des missions d’aide aux personnes âgées, d’entretien des jardins, de réparation informatique, bref, des choses utiles à la société, mais non assurées par le marché. Ces hommes et ces femmes se sentent utiles, vivent mieux avec leur salaire et reprennent confiance en eux. Que fait Bruno Le Maire sur ces territoires ? Plutôt que d’étendre le dispositif, il le réduit, il le rétrécit, en enlève une part du budget.

Des dispositifs conçus pour redresser les gens, les tirer vers le haut, les remettre debout, normalement, l’État devrait les encourager, les élargir, les généraliser. Lui les détricote, les marginalise. C’est irresponsable, c’est dangereux. Combattons Bruno Le Maire et, à travers lui, les idées libérales d’un gouvernement qui abîment la France et son modèle social.

Cet article de notre ami Guillaume Ancelet (Président de Picardie debout !) est à retrouver dans le n°314 (avril 24) de Démocratie&Socialisme, la revue de la gauche démocratique et sociale (GDS).

 

 

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