GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Elections municipales

Toulouse : la difficile bataille pour l’unité

En 2008, la gauche unie (PS, PC, EELV, PRG) reprenait la ville de Toulouse après 37 ans de droite à la mairie. En 2014, la gauche désunie – EELV et Parti de gauche faisant tous deux bandes à part – payait au prix fort sa division, ainsi que le calamiteux quinquennat Hollande. Et en 2020 ? La victoire de la gauche est possible : lors des dernières élections européennes les scores cumulés de la gauche atteignaient 47 %, quand LREM et LR totalisaient 32 % et que le Rassemblement national ne dépassait pas les 11 %.

Comme dans beaucoup d’autres villes, le soir du 26 mai dernier, EELV arrivait en tête des listes de gauche avec un score de plus 21 %. En avril 2017, lors du premier tour des présidentielles, c’est Jean Luc Mélenchon qui avait réussi à mobiliser 29,2 % des voix devant Emmanuel Macron (27,3 %).

Élu en 2014, Jean-Luc Moudenc, LR, est aujourd’hui soutenu par LR et LREM. Il a crié haut et fort qu’il ne ferait aucune alliance entre les deux tours. Cela n’a pas empêché la constitution d’une liste dissidente autour d’anciens élus de sa majorité, venus du Modem et de LREM.

Au moment où la mobilisation contre la réforme des retraites est forte et déterminée, il cherche désespérément à éviter les sujets nationaux. Mais les Toulousaines et les Toulousains ne sont pas dupes et le surnomment Emmanuel Moudenc.

L’unité ébauchée

Oui, la victoire de la gauche est possible si celle-ci arrive à s’unir.

C’est pour cela que pendant des mois, au début de l’année dernière, s’appuyant notamment sur le travail mené en commun au sein de l’opposition municipale (Génération socialisme et écologie, PS, PC, EELV), les partis de gauche et écologistes, rejoints par le mouvement citoyen Archipel, ont organisé rencontres et initiatives communes pour cerner les bases d’un projet partagé. La GDS a participé activement à ce travail et aux échanges sur la perspective d’une liste unitaire.

Chemins divergents

D’un côté, le Parti socialiste. Il a commencé par diviser ses propres rangs, en faisant désigner sa tête de liste – Nadia Pellefigue – par les adhérents de toutes les communes de la métropole au mépris des règles statutaires. Cela a provoqué un départ collectif d’un groupe conséquent qui a rejoint le collectif Archipel. Puis, le PS s’est autoproclamé tête de liste de la gauche avec un mortifère « l’unité derrière moi ». Le PC a suivi... Enfin l’appareil du PC ; les militantes et les militants, c’est moins sûr !

De l’autre, le collectif Archipel. Ce collectif citoyen – rejoint progressivement par EELV, puis par la FI et le groupe dissident du PS évoqué plus haut – a mis au cœur de son projet un long processus de construction d’une liste et n’a pas souhaité répondre favorablement à des propositions de représentation des partis « ès qualité ». Si l’intérêt de cette démarche est indéniablement de favoriser l’engagement de citoyennes et de citoyens non encartés, elle élude la place et l’équilibre de représentation des partis. Et ce qui n’était pas posé de manière transparente dans les règles du jeu s’est donc réglé douloureusement et à coups d’ultimatums lancés dans la presse par EELV jusqu’à ce que leur représentant, Antoine Maurice, soit désigné tête de liste.

Devant cette situation de blocage de deux listes qui se tournaient le dos et après avoir lancé un appel à une liste unitaire signé en quelques jours par plus de 500 personnes et multiplié les propositions de rencontres souvent sans résultat, Génération.s, la GRS et la GDS ont décidé de créer la liste « Pour la cohésion, L’autre choix », autour de Pierre Cohen, maire de 2008 à 2014, en gardant la volonté affichée d’être un pont entre tous et de continuer à œuvrer pour l’union.

Cette liste a été rejointe par un collectif actif d’habitants, notamment des quartiers populaires, « Tous pour Toulouse ».

Préparer le second tour

La bataille pour l’unité n’est pas terminée. Nous savons qu’il nous faudra nous rassembler si nous voulons faire changer concrètement les choses pour les Toulousaines et les Toulousains, affronter les urgences sociale et écologique, empêcher la poursuite de la privatisation de la ville, redéfinir le cadre démocratique d’exercice du pouvoir municipal...

C’est pourquoi la liste « Pour la cohésion, l’autre choix » vient d’adresser aux deux autres listes une proposition pour s’engager à un principe de fusion au soir du premier tour, à la proportionnelle des résultats, et constituer dès à présent un groupe de travail permettant de poser les bases d’un « programme commun » et des règles de travail collectif.

À suivre donc.

Cet article de notre camarade Claude Touchefeu est à retrouver dans le numéro 272 de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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