GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Ségolène Royal désignée à 61% des voix des socialistes

La victoire de Ségolène Royal est venue de loin : de l'erreur de François Hollande d'avoir appelé à voter “oui” le 29 mai 2005, de la synthése du Congrés du Mans qui a désarmé au sein du Ps, le camp pourtant victorieux des “non”, du projet adopté, sans débat, le 1er juillet 2006, qui mettait les trois candidats sur les mêmes bases politiques, alors pourquoi ne pas choisir une femme, apparemment bien placée pour batrte la droite et qui paraissait nouvelle ?

Normalement, c'est le Premier secrétaire du Parti socialiste qui aurait dû être le candidat - sauf à ce qu'il ait choisi de se retirer pour permettre le retour de l'ex-Premier ministre Lionel Jospin.

Mais on a été placé dans une situation où le Premier secrétaire avait envie de se faire désigner, mais ne le pouvait plus parce qu'il avait été l'avocat principal d'un “oui” à un réferendum où la majorité de la gauche l'avait battu...

Imaginez François Hollande appelant a voter “non” : il aurait été le candidat “naturel” de toute la gauche comme François Miterrand en son temps.

Son entourage a donc estimé qu'il fallait avancer le nom de sa compagne, ne serait-ce, dans un premier temps, que pour le faire “décoller” dans les sondages...

Mais la candidate a dépassé les espérances de tous ses promoteurs, elle a capitalisé, comme femme et comme visage nouveau la triple envie de renouvellement, de feminisation, de battre la droite.

D'autant qu'il n'y avait plus de base politique pour “résister” à son ascension : les “chefs” du “non, au sein du Parti socialiste avaient désarmé en appelant à “dépasser” le résultat du 29 mai, ils avaient, contre l'avis de la majorité de leurs militants, signé une synthèse au Mans dont le contenu était plus que droitier !

Alors qu'il y avait 42 % de “non” en interne (fait sans précédent dans le Ps - et sans doute, le “non”, sans triche aurait il été majoritaire...), alors que 59 % des électeurs socialistes avaient voté “non”, alors que 47 % des militants au congrés du Mans de novembre 2005, n'avaient pas voté pour la Premier secrétaire, tout cela a été banalisé, réduit, gommé, dans une “synthése” suprenante, improbable, désarmante.

Puis, dans l'élaboration du “projet socialiste”, au printemps 2006, les mêmes dirigeants de la gauche socialiste, qui se disaient antilibéraux, ont fait un compromis répété, et accepté, tous, un texte parmi les plus droitiers adopté par le parti depuis dix ans...

Eux qui n'avaient cessé de répéter “notre candidat c'est le projet” ... ne se sont pas battus sur le projet et ont donc perdu sur le candidat...

Car après tout, s'il n'y avait pas de divergence politique, s'il n'y avait pas de projet différent, s'il n'y avait pas d'orientation à trancher, il ne restait plus qu'à voter sur la personne, son image, son aura, ses qualités supposées...

Rien ne s'est passé “comme une balade”, et cela ne s'est pas joué à l'ancienneté encore moins au grade le plus élevé...

Laurent Fabius, le seul candidat du “non”, a fait une bonne campagne, a tenu un discours sincérement plus à gauche, capable de rssembler, mais les dés étaient pipés dés le départ.

Les grands médias placaient Ségolène Royal en tête, et il n'y avait pas d'argument de compétence, d'autorité assez forts pour contredire cela.

L'engouement a été à la fois rationnel et irrationnel : choisir une femme, et se donner le maximum de chances de battre la droite, tel à été le critére du choix pour 61 % des militants, en dépit des doutes apparus en cours de route, des propos controversés tenus par la candidate.

Certes, les trois candidats étaient en mesure de gagner, les trois étaient aussi anciens, les trois étaient aussi impliqués dans l'appareil, les trois auraient bénéficié, s'ils avaient été désignés, de 30 points de plus dans les sondages, etc...

Mais il n'y avait qu'une femme, avenante, paraissant active, nouvelle, déterminée... Les 61 % n'impliquent pas forcément une approbation de tout ce qu'elle disait : nombreux ont éte les miliants de gauche socialiste, du “non”, qui ont dit à la fois “ - Moi, je ne change pas, je ne reconce pas à mes idées, ni au “non”, mais je vote Ségolène”.

Ce n'est même pas le fait des seuls “adhérents à 20 euros”, car ceux-ci, aprés étude, semblent avoir plutôt voté à l'image des sections dans lesquelles ils venaient d'adhèrer. Ils n'ont pas fait pencher la balance, ils ont tout au plus amplifié le mouvement...

Evidemment, un tel résultat suscite des craintes et des doutes, non pas sur le personne, mais sur le fond politique des idées qu'elle a paru défendre :

  • va t elle être indépendante du parti ou reflèter au contraire sa réalité démocratique ? défendre le projet socialiste ou s'en émanciper ? Ecouter la gauche populaire ou l'establishment ?
  • va t elle se servir de tous les atouts qu'elle a en mains pour construire une vraie campagne de gauche, ou bien se situer au centre gauche, cherchant même des alliances au centre ?
  • Sur toutes ces questions, le débat est ouvert et les semaines et mois qui viennent nous éclaireront.

    Roger Norman

    Document PDF à télécharger
    L’article en PDF

    Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




    La revue papier

    Les Vidéos

    En voir plus…