GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Résolution "Ukraine" (Convention GDS 18/3/23)

Le 24 février 2022, les troupes de la Russie poutinienne envahissaient le territoire de l’Ukraine. L’impérialisme russe déclenchait une « opération militaire spéciale » qui, dans l’esprit du Kremlin devait mener en quelques jours à la prise de Kiev et à la capitulation totale du pays. Le gouvernement démocratiquement élu aurait alors été remplacé par un Quisling local aux ordres de l’envahisseur. Ce plan fut défait dès les premiers jours par la mobilisation de la population ukrainienne qui se levait en masse pour résister à l’envahisseur. Population qui, rappelons-le, avait voté le 1er décembre 1991 à plus de 92 %  pour l’indépendance.

Cette agression de la Fédération de Russie contre l'Ukraine, en remettant la guerre à l’ordre du jour en Europe, fait planer la menace d’un conflit mondialisé dans lequel l’utilisation d’armes nucléaires ne peut être totalement exclue. Elle a pour effet notable de permettre à l'Otan, sous domination des USA, de trouver à bon compte une légitimité nouvelle auprès de nouveaux pays européens soucieux de chercher ce qu’ils estiment être une protection face à la menace poutinienne.  Elle entraîne aussi, parmi ses effets délétères, un mouvement de réarmement généralisé des sociétés occidentales, notamment des impérialismes britanniques et français. Elle donne l'occasion à Macron d'augmenter massivement le budget des armées sans qu'un débat ait lieu dans le pays sur leurs missions après plus de 30 ans de guerres impérialistes françaises en Afrique, et un budget de 5 milliards d'euros annuels pour l'arme atomique.

 Loin d’être une simple affaire locale, cette guerre concerne l’Europe et le monde. Contrairement à ce que prétendent les forces campistes qui sont aujourd’hui majoritaires parmi les dirigeants de la gauche, la Russie de Poutine n’est pas un succédané de l’Union soviétique qui représenterait peu ou prou une force anti-impérialiste, voire qui porterait encore une forme d’organisation sociale et économique échappant au règne de la course au profit maximum. C’est un Etat capitaliste, impérialiste et mafieux, qui est à la pointe d’un combat culturel et civilisationnel contre les valeurs prétendument « décadentes » qui serait portées par un Occident diabolisé (un nouveau Satan, comme diraient les ayatollahs). Un Etat où liberté de la presse, liberté de manifester, liberté d’organisation syndicale ou politique indépendante sont bafouées sinon interdites. Un Etat que nos camarades du Mouvement socialiste russe n’hésitent pas à qualifier de fasciste.

Poutine conjointement avec Xi Jing-Ping, Modi, Bolsonaro, Trump et autres auto­crates totalitaires et/ou néofascistes est partie prenante de la constitution d’une inter­nationale d’extrême-droite rappelant fâcheusement l’axe Hitler/Mussolini/Hiro-Hito. Sa victoire serait celle de tous les fascistes européens et mondiaux.

Une victoire ou une défaite de l’Ukraine n’est pas neutre en ce qui nous concerne. Poutine vainqueur, il n’y a aucune garantie que sa campagne s’arrête aux frontières de la Pologne. Poutine vainqueur ce serait un formidable coup de pouce donné aux forces d’extrême-droite dans toute l’Europe. Forces qui partagent à la fois ses conceptions réactionnaires sur le terrain sociétal et son despotisme antidémocratique. Forces qui, et ce n’est pas anecdotique, sont largement financées par l’ancien KGBiste qui dirige à Moscou.

Dans ce contexte, une défaite de l’Ukraine ne se limiterait pas à une affaire provinciale aux effets limités à la sphère post-soviétique que Poutine considère toujours comme son pré carré. Ce serait une défaite politique, morale… et militaire pour le mouvement ouvrier à l’heure où un relent combiné de Sudètes et de guerre d’Espagne plane sur l’Europe.

Certains réclament à cor et à cris un cessez-le-feu gelant les positions, voire un arrêt des livraisons d’armement à la résistance ukrainienne au prétexte de « ne pas ajouter la guerre à la guerre ». C’est une position qui revient à reconnaître le passage par pertes et profits de 15 à 20 % du territoire ukrainien dans le premier cas, et par la liberté accordée aux troupes russes de progresser jusqu’aux frontières de la Pologne dans le second.

Le silence assourdissant de la gauche, neutre dans le meilleur des cas, objectivement pro-Poutine dans le second, revient à ouvrir un boulevard à Macron et à la droite pour les prochaines élections européennes. A l’heure où plus de 70 % de la population française est solidaire des Ukrainiens, la gauche est aux abonnés absents et les macronistes apparaissent comme les tenants de la solidarité internationale ! C’est une capitulation morale et politique qui aura un coût élevé sur le plan électoral.

Cette position n’est évidemment pas la nôtre. Dès le début du conflit la GDS qui défend le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, s’est prononcée pour un soutien total et indéfectible à la lutte de libération nationale menée par la résistance ukrainienne, pour le retrait sans conditions des troupes russes, pour la restauration de l’intégralité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières reconnues internationalement, pour le retour des déporté.e.s et notamment les dizaines de milliers d'enfants. Pour ce faire, nous militons activement dans le cadre du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine, conjointement avec nos camarades d’Ensemble, de Génération.s, du NPA, de PEPS, d’Attac et autres forces attachées aux meilleures traditions du mouvement ouvrier.

Face à la menace d’une escalade nucléaire, GDS réaffirme en accord avec les campagnes d'IDN (Initiatives pour le désarmement nucléaire) sa totale opposition à l'armement nucléaire et milite pour que la France signe le traité d'interdiction des armes nucléaires (TIAN). Ce traité,  comble une lacune juridique importante : après les armes biologiques et chimiques, il établit la norme d’interdiction de l’arme nucléaire, dernière catégorie d’arme de destruction massive à être prohibée car impossible à utiliser dans le respect du droit international humanitaire qui protège les civils non combattants. De même nous estimons souhaitable le déploiement de casques bleus de l’ONU sur les sites nucléaires présents en Ukraine afin de prévenir tout risque d’accident majeur.

Les délégués réunis à Nantes le 18 mars 2023 à l’occasion de la convention nationale de la GDS décident donc :

  • de confirmer et poursuivre la politique de solidarité avec la résistance du peuple ukrainien telle que définie et mise en œuvre depuis le 24 février 2022 ;
  • d’appeler tous les adhérents de la GDS à travailler à la construction d’antennes du RESU (Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine) partout où il existe des possibilités pour ce faire ;
  • d’appeler les adhérents de la GDS à s’engager pleinement dans la campagne pour obtenir la libération du militant ukrainien Maksym Butkevytch et des autres prisonniers de l’armée russe

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