Rentrée politique : de Tours à Flixecourt, la gauche avance
Journées d’été des écologistes à Tours, puis Campus socialiste à Blois, et rentrée de Picardie debout ! à Flixecourt : aux trois rendez-vous du Nouveau Front populaire où la GDS a été invitée fin août, la gauche célébrait son unité, mais aussi sa diversité. Compte rendu sur le vif.
Fait inédit, lors de ces trois rassemblements, un nouveau courant, unitaire et démocratique – dont Clémentine Autain a porté la parole – a pris place au même rang que les quatre principaux partis du NFP. À Blois, le discours de la députée francilienne, qui a proposé à ses partenaires de faire le serment de rester soudés jusqu’à la victoire, a indéniablement marqué les esprits*.
La gauche, donc les écologistes
À Tours, lors de son premier meeting médiatisé, Lucie Castets a crevé l’écran. Elle a d’emblée placé en priorité la lutte contre le dérèglement climatique qui suppose de « faire sauter deux verrous : l’austérité et l’injustice sociale ». La candidate du NFP à Matignon a brillamment plaidé pour que la gauche cultive sa cohérence et, ce faisant, elle est devenue l’incarnation souriante et volontaire de son unité.
Sont aussi venues dialoguer à Tours Aurélie Trouvé (LFI) comme François Ruffin ou Olivier Faure. L’ancrage à gauche des écologistes s’est clairement manifesté, du social à l’international (avec notamment une exposition dénonçant les odieux assassinats de 160 journalistes palestiniens par l’armée israélienne). L’écologie politique qui, jadis, voulait dépasser le clivage droite/gauche, ou au moins s’en extraire, se vit désormais comme une composante de la gauche, y apportant son approche originale. On va enfin pouvoir abandonner l’expression mécanique « la gauche et les écologistes », comme si l’une n’avait pas intégré l’écologie et les autres n’étaient pas de gauche ! Il est tellement plus juste de parler aujourd’hui du NFP comme de la « gauche écologiste et sociale », tout simplement.
Marine Tondelier a d’ailleurs porté la charge avec humour et vigueur, au nom de toute la gauche, contre Bardella ou Macron, « le dégoupilleur en chef ».
Un PS combatif… , mais divisé
Il y a hélas un parti qui, lui, a conservé une aile bien moins ancrée à gauche… En réalité, il se tenait à Blois deux évènements parallèles : l’un réunissant la direction socialiste et l’essentiel des militant.es présent.es, acclamant Lucie Castets, heureux de l’unité retrouvée à gauche qui éloigne les souvenirs cuisants du quinquennat Hollande ; et l’autre associant notables locaux et dirigeants faillis, convoquant la presse pour expliquer tout le mal que ces derniers pensent de l’orientation unitaire de leur parti. Ces deux universités antagonistes ont toutefois convergé dans plusieurs ateliers pour se congratuler du redressement électoral du parti et du travail de ses élu.es.
Dans un discours savoureux et percutant aux accents mitterrandiens, Olivier Faure a démontré que le PS n’a pas d’avenir sans l’union de toute la gauche, et réciproquement. Dans ce meeting central ouvert par Lucie Castets, où le public scandait « Lucie à Matignon ! », la convergence des propos – de Coquerel (LFI) à Deffontaines (PCF) en passant par Autain et Tondelier – montrait la grande crédibilité du Nouveau Front populaire.
Sans triomphalisme aucun, Boris Vallaud a par ailleurs rappelé combien la menace de l’extrême droite, qui le talonne dans sa circonscription des Landes, fait obligation à la gauche d’être à l’écoute et au contact proche et pédagogique de la population, « à échelle humaine ».
Le social au cœur avec Ruffin
C’est la même exigence que portait François Ruffin dans son rassemblement festif en Picardie. Il continue de tracer son sillon pour que la gauche mette fin à ses querelles et, dans la forme et sur le fond, n’abandonne pas à la désespérance et au RN les sans-grades qui vivent de peu, qu’ils résident hors ou en lointaines périphéries des métropoles.
Se retrouvaient là-bas – sans les grands leaders – bien des courants et personnalités de la gauche : Gérard Filoche, porte-parole de GDS, l’eurodéputée LFI Leïla Chaïbi, les députés Alexis Corbière, de l’APRES, et Nicolas Sansu, du PCF… La tribune finale mêlait avec bonheur des figures locales du monde du travail et des associations et des élu.es du PS, de Génération.s, d’EELV… sans toutefois tracer le chemin pour renforcer les forces unitaires dans le NFP.
Au final, toutes ces journées d’été ont mobilisé des militant.es et responsables ancré.es dans le réel, s’attaquant concrètement à l’injustice fiscale, comme aux déserts médicaux ou encore à la gangrène du trafic de stupéfiants. Bref, une gauche des solutions.
Cet article de notre camarade Bertrand Périssé a été publié dans le n°317 de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).
* Pour visionner ce discours : tinyurl.com/mrx5j76p.