GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Jeunes

Réflexion socialiste à l'occasion du Grenelle de l'environnement

La question écologique est devenue en quelques années centrale dans le débat politique. L'attention portée à la tentative de candidature de Nicolas Hulot lors de la dernière présidentielle en fut un parfait exemple. Pour beaucoup, l'urgence écologique devait conduire à dépasser le clivage gauche/droite pour pouvoir espérer la mise en oeuvre rapide de mesures concrètes. Au contraire, la négation du clivage gauche/droite conduira fatalement à l'échec de l'indispensable révolution écologique.

La droite cherche la confusion: pour preuve la dénomination du « Grenelle de l'environnement ». C'est, suivant la tactique élaborée pendant l'élection présidentielle, une manière de reprendre à son compte encore une fois un héritage politique et syndical de la gauche (« les accords de Grenelle »). Si le souci environnemental est une préoccupation de plus en plus partagée, l'objectif final et les moyens employés diffèrent que l'on soit de gauche ou de droite.

L'évolution de l'idée de nature

Le développement de l'économie s'est inscrit dans une logique de maîtrise de la nature. Cette idée fut notamment exprimée par René Descartes qui pensait qu'avec la connaissance nous pouvions « nous rendre maîtres et possesseurs de la nature ». Les économistes classiques se sont ensuite souciés de la rareté des ressources naturelles (Malthus qui s'inquiétait des insuffisantes ressources agricoles qu'il mettait en parallèlle avec la croissance démographique, Ricardo et la fertilité décroissante des terres). Ces préoccupations furent écartées par des économistes comme Jean Baptiste Say (l'auteur de la loi sur les débouchés « l'offre et la demande ») qui pensaient que les ressources naturelles comme l'eau et l'air sont inépuisables car gratuites. La seule inquiétude qui demeurait était de disposer d'assez de facteurs de production (travail et capital) pour exploiter les ressources naturelles. Cette conception, poussée à l'extrême avec le développement du capitalisme, nous conduit aujourd'hui vers une catastrophe écologique.

Refonder notre rapport à la nature

L'apparition de la notion de développement durable traduit la prise de conscience de l'imminence de ce péril écologique. La définition classique du développement durable indique qu'il faut prendre en compte l'environnement, l'économie et le social. L'ordre des mots a un sens : l'économie est avant le social. Et que contient le social ? Bien peu. Il suffit pour cela de lire la partie consacrée au développement durable dans un

rapport d'activité d'une grande entreprise pour voir que le social est souvent associé à de simples actions caricatives.

Pour la gauche, il faut repenser le triptyque nature-économie-social en partant sur une nouvelle compréhension de l'économie. L'économie est « une activité raisonnée de transformation du monde afin de satisfaire les besoins humains » (René Passet). L'économie est au service de l'homme et il ne saurait y avoir d'autre mesure du progrès économique que le degré d'accomplissement de cette finalité. Dès lors, trois sphères sont en présence:

  • la sphère naturelle, socle indispensable à la vie, que l'on transforme;
  • la sphère humaine, pour laquelle la transformation s'affectue;
  • la sphère économique, où s'effectue cette transformation.
  • Comme le souligne René Passet (1), la relation d'inclusion qui relie ces trois sphères entraîne d'importantes conséquences:

  • « Les activités humaines et naturelles comportent des dimensions extérieures à l'économie et irréductibles à celle-ci: l'économie ne peut donc prétendre les soumettre à sa propre loi, ni cependant les ignorer sous peine de détruire les supports de sa propre existence;
  • dans ses propres limites, la sphère économique possède les caractéristiques des sphères auxquelles elle appartient : le travail n'est pas seulement une force qui s'échange sur le marché, mais l'activité d'une personne qui a une vie psychique et sociale et dont l'organisme obéit aux lois de la biologie. »
  • L'écologie, nouvelle porte d'entrée vers le socialisme

    Cette conception renouvelée de la relation naturehumain-économie constitue finalement une nouvelle porte d'entrée vers le socialisme. Historiquement, le socialisme est né de la question sociale, c'est à dire du rassemblement de ceux qui, opprimés par le système économique, ont cherché à élever leurs conditions de vie en transformant ce système productif. Aujourd'hui, la question écologique réinterroge également le fonctionnement du capitalisme. Prenons l'exemple des transports. En moyenne, un simple yaourt aux fraises parcourt près de 10000 kilomètres avant d'atteindre le réfrigérateur des consommateurs. Il faut mettre fin à ce gaspillage. Il est nécessaire de repenser l'organisation du système économique en exigeant des « relocalisations » en réponse aux délocalisations incessantes.

    Subordonner l'économie aux exigences de l'environnement pour mieux répondre aux besoins humains, voilà une belle perspective pour les socialistes! ∎

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